Le corps des dieux : entre humanité et animalité (égypte)

« Révélation d'un aspect de la nature divine B ien que l'on ne sache pas où situer exactement la di­ vinité dans l'univers égyptien, une chose est sûre : elle n'est ni entièrement dans l'homme ni entièrement dans l'animal.

En fait , sa véritable nature est inaccessible à l'humain, tout comme son véritable nom reste secret.

L'homme ne peut la connaître que par­ tiellement, par la for­ me qu'elle choisit de revêtir lors de ses ma­ nifestations.

L'icono­ graphie des dieux ne doit donc pas être con­ sidérée comme une re­ présentation « réaliste », mais comme un ensemble de signes à décrypter, révélant tel ou tel aspect de leur puis­ sance.

Le monde animal, en tant qu'image de ce qui est autre, est dans cette perspec­ tive un réservoir intarissable où puiser des symboles qui, suivant leurs combinaisons, disent quelque chose du dieu .

Ainsi, le visage étant lié à l'in­ dividualité, l'octroi à un dieu à corps humain de telle tête animale révèle un aspect de sa personnalité, comme le masque funéraire redonne au défunt l'identité dont l'avait privée la mort tout en dissi ­ mulant à ses éventuels enne­ mis sa véritable essence.

Une légende rapportée par Héro­ dote illustre parfaitement cet­ te croyance : ne pouvant se manifester à Héraclès sous sa forme véritable, Amon (Zeus) immole un bélier pour en re­ vêtir la toison.

Il prend alors soin de placer la tête de l'ani­ mal devant son visage.

L'hom­ me à tête de bélier n'est donc qu'une image du dieu et non sa forme intrinsèque.

Le dieu étant par essence multiforme, Amon peut d'ailleurs opter pour un aspect entièrement anthropomorphe .

Le corps, quant à lui, révèle un pouvoir.

Le corps animal d'une entité à tête humaine révèle ainsi une potentialité.

Dans la représentation de. »