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Innocent XI (Religion)

Publié le 17/01/2022

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Benedetto Odescalchi naquit le 19 mai 1611 à Côme cité du duché de Milan, relevant alors du roi d'Espagne. Les Odescalchi s'y trouvaient déjà à la fin du XIIIe siècle, et ils étaient au début du XVIIe une famille de banquiers, placée à la tête d'un réseau d'affaires étendu vers Venise, Milan, Gênes, Rome et Naples en Italie et, au-dehors, jusqu'à Nuremberg et Cracovie. Pourtant, après ses premières études au collège des jésuites de Côme, le jeune Benedetto se serait orienté d'abord vers la carrière des armes rêvant peut-être des prouesses de son grand-oncle, Ippolito Odescalchi, qui s'était distingué à Tunis dans la lutte contre l'infidèle. Mais la seule activité militaire qui soit prouvée de lui est un titre de commandant d'une cohorte du duché de Milan en 1635. L'année suivante, il arrivait à Rome, encore incertain sur sa voie, mais déjà remarqué par l'austérité de ses moeurs et la rectitude de son caractère. C'est sur le conseil du cardinal espagnol de la Cueva, auquel l'avait recommandé le gouverneur de Milan, qu'il aurait entrepris à Rome ses études de droit, terminées à Naples par le doctorat in utroque jure, en 1639.

« vivait retiré comme un ermite dans ses appartements du Quirinal et du Vatican, les plus beaux succès qu'aitremportés la diplomatie pontificale au XVIIe siècle. Une fois de plus, l'Europe se trouvait déchirée par la guerre entre les Bourbons et les Habsbourg.

Malgré lesdifficultés que posait le lieu du congrès de paix en territoire protestant, Innocent XI envoya son nonce Bevilacqua àNimègue comme médiateur entre les princes catholiques, tandis que les nonces près de l'empereur et du roi deFrance coordonnaient leurs efforts pour amener les souverains aux concessions réciproques.

La paix à peineconclue, le 5 février 1679, entre l'Empire et la France, Innocent XI invita tous les princes chrétiens à se réunir pourfaire définitivement disparaître le péril ottoman.

Comme premier pas, et le plus urgent, de cette ligue générale, ilvoulut ménager l'alliance du roi de Pologne, Jean III Sobieski, et de l'empereur Léopold.

Mais dans la diète deVarsovie de 1680, l'ambassadeur du Roi Très Chrétien, soucieux d'isoler l'empereur, l'emporta sur le nonce du pape,et l'alliance impériale fut repoussée par les Polonais.

En 1681, les efforts d'un nouveau nonce échouèrent encoredevant les manœuvres de la diplomatie française. Au même moment, un conflit d'ordre ecclésiastique opposait le pape et le roi de France, le conflit de la régale.

En1673, une déclaration royale avait étendu à tout le royaume le droit de régale, exercé jusqu'alors dans les provincesseptentrionales, et en vertu duquel le roi, durant la vacance des sièges épiscopaux, percevait les revenus de lamense et nommait aux bénéfices n'ayant pas charge d'âmes.

Clément X n'avait élevé aucune protestation etl'ensemble de l'épiscopat français s'était soumis.

Mais deux évêques, Pavillon d'Alet et Caulet de Pamiers,excommunièrent les chanoines nommés par le roi en vertu de la régale.

Les métropolitains de Toulouse et deNarbonne, supérieurs hiérarchiques des deux évêques récalcitrants, annulèrent leurs censures.

Alors, les deuxprélats ne virent plus de recours qu'auprès d'Innocent XI.

Le pape se laissa convaincre par les émissaires des deuxévêques, soutenus par un groupe romain de sympathisants de Port-Royal, et en premier lieu par le secrétaire deschiffres, Agostino Favoriti.

Innocent XI adressa successivement trois brefs pressants à Louis XIV en 1678, 1679 et1680, pour l'inviter à respecter le canon du deuxième concile de Lyon, qui interdisait l'extension de la régale.

LouisXIV refusa d'abord de discuter avec le pape une prérogative que ses conseillers du Parlement définissaient commeun droit inaliénable de la Couronne ; mais le troisième bref menaçait Louis XIV de la vengeance divine et descensures ecclésiastiques : alors le roi essaya de négocier en envoyant à Rome le cardinal César d'Estrées.

Mais lecardinal ne sut pas persuader Innocent XI d'abandonner la cause des fidèles de l'évêque de Pamiers, décédé sur cesentrefaites.

Louis XIV consentit enfin à réunir au mois d'octobre 1681 une "assemblée extraordinaire du clergé deFrance représentant le concile national".

Dirigée par les deux archevêques de Paris et de Reims, Harlay deChampvallon et Charles Maurice Le Tellier, l'assemblée obtint du roi la réforme de certains abus corrélatifs à larégale, mais elle accepta l'extension du droit royal à tout le royaume, et elle invita le pape à se rallier au compromis.Innocent XI fit comprendre aussitôt, en recevant la lettre du clergé des mains de l'ambassadeur du roi, qu'il netransigerait pas, et il répondit un peu plus tard dans une lettre de cinglants reproches en cassant les actes del'assemblée (bref Paternae Charitati, 11 avril 1682).

Mais déjà, servie par la plume de Bossuet, l'assemblée du clergéavait publié ses Quatre Articles sur la puissance ecclésiastique, niant tout pouvoir du pape sur le temporel etsubordonnant au concile général son autorité en matière de dogme et de discipline (19 mars 1682).

Il n'est pas sûrqu'Innocent XI ait compris qu'on lui déniait ainsi le droit, reconnu au pape dans la Chrétienté médiévale, d'appeler lesprinces à la guerre contre les infidèles ; mais il fut choqué de voir les évêques de France défier son autorité aumoment où il pensait lutter lui-même pour leurs libertés.

Ses conseillers le poussaient à fulminer la condamnation dela régale et à censurer la doctrine du clergé de France.

De leur côté, les prélats réunis à Paris s'exaspéraient desreproches véhéments contenus dans le bref du 11 avril.

A Rome comme en France, on se prit à craindre un schisme.Innocent XI se laissa alors convaincre par les modérés de son entourage, et le 15 juin il promit à l'ambassadeur deLouis XIV qu'il ne ferait rien contre la régale ni contre les Quatre Articles, pourvu que de leur côté le roi de Franceet les évêques ne voulussent rien innover.

Sur quoi, Louis XIV invita les députés du clergé à regagner leurs diocèses(29 juin 1682). A cette dernière nouvelle, Innocent XI ne cacha pas sa satisfaction : non seulement un danger de schisme étaitécarté, mais il renaissait à l'espoir de gagner enfin Louis XIV à ses projets de croisade.

Le 9 juillet 1682, il exposaitses plans au cardinal d'Estrées.

Le meilleur moyen pour Louis XIV de rassurer l'empereur et les princes d'Allemagne,inquiétés par les "réunions", serait de s'allier avec eux contre les Turcs.

Rien alors ne pourrait s'opposer au succèsde la croisade.

L'empereur et le roi de Pologne attaqueraient par terre ; le roi de France enverrait sa flotte, appuyéepar les vaisseaux du roi d'Espagne, de Venise et de Malte, pour investir par mer l'Empire ottoman.

Par la Grèce, onmarcherait sur Constantinople et il ne dépendrait plus que de Louis XIV d'acquérir des provinces et des royaumespour les princes de son sang.

Mais Louis XIV ne fut pas gagné et Innocent XI dut se replier sur l'objectif plus limitéd'une alliance défensive entre l'Empire et la Pologne.

Dans la diète de 1683 se joua peut-être le sort de l'Empire desHabsbourg.

Les ambassadeurs de Louis XIV mettaient tout en jeu pour retenir Sobieski ; mais cette fois le roi et ladiète de Pologne engagèrent des pourparlers avec une délégation impériale et le nonce Pallavicini réussit dans sonrôle de médiateur.

Le 1er avril 1683, l'alliance était conclue. A peine averti, Innocent XI envoya à l'empereur une somme de cent mille couronnes.

Les subsides fournis aux alliésen 1683 et au cours des années suivantes par la Chambre apostolique auraient atteint la somme de quinze millionsde florins.

En outre, le clergé d'Italie et d'Espagne, les cardinaux de Rome furent taxés ou invités à des donsvolontaires.

Ainsi, le pape procura aux armées chrétiennes les ressources nécessaires. Le jour où l'Empire et la Pologne concluaient leur alliance sous l'égide du pape, l'armée turque, entraînée par songrand vizir Kara Moustapha, quittait Belgrade en direction de Vienne, qui fut investie le 14 juillet.

La capitale sedéfendit héroïquement près de deux mois, mais elle n'avait plus que quelques jours à tenir, lorsque le 11 septembre. »

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