Histoire de la pensée chrétienne
Publié le 17/01/2022
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MOTS-CLES: La patristique, SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, De la trinité, BOÈCE, GRÉGOIRE LE GRAND, Cassiodore, scolastique, Jean Scot Érigène, LA QUEREllE DES UNIVERSAUX, Saint Anselme de Canterbury, Albert le Grand, Saint Thomas d'Aquin, saint Thomas d'Aquin, saint Bonaventure, John Duns Scot, Guillaume d'Ockham, Dante Alighieri, etc...
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«
LA QUERELLE DES UNIVERSAUX
La querelle des universaux a anima
le debat philosophique durant tout
le Moyen Age et a ete particulierement
discutee par la scolastique entre le xi,
et le xiv, siecle.
La question centrale
porte sur la nature des idees generales:
s'agit-il de pures conceptions de ['esprit
sans realite objective (these nominaliste,
puis conceptualiste) ou bien d'essences
ayant une existence reelle (these
realiste)? Le concept generique
d'«Homme», par exemple, n'est-il
qu'un mot generalisant ce que les
hommes ont en commun ou bien existe-
t-il reellement comme essence et idee
dans ['esprit de Dieu ?
Initiee des l'Antiquite par Aristote,
relayee par le chanoine Roscelin au
xv siecle, la these nominaliste ne voit
dans ces idees generales que des
abstractions formees par ['experience
humaine et n'ayant d'existence que
verbale.
S'opposant en cela a la tradition
realiste platonicienne et patristique,
donc a rorthodoxie chretienne, cette
these ne triomphera qu'avec Guillaume
d'Ockham, au xiv' siècle.
entendu comme auto-creation divine)
et, enfin, celle qui ne cree pas et n'est
pas creee (Dieu a nouveau, en tant que
fin de !'titre, repos kernel).
II semble qu'Erigene ait tente d'operer
une synthese audacieuse entre les
dogmes chretiens de la creation
et de la transcendance divine et une
«physique» par laquelle la raison serait
amenee a reconnaitre ['oeuvre de Dieu
en chaque existence.
Saint Anselme de Canterbury
Originaire de la vallee d'Aoste,
Anselme (1033- 1109) est le plus
grand theologien
du xiesiecle.
Heritier de
la tradition
augustinienne,
il est le promoteur d'une approche
logique et rationnelle des elements de
la foi.
Cette derniere, source de verite
scientifique et de regles morales, est
une connaissance «du dehors»
transmise par l'enseignement christique.
Uceuvre de la raison est d'en
permettre ['appropriation, d'en eclairer
le sens «du dedans»: «Je crois afin
de comprendre.
D'une oeuvre proteiforme - sur le
langage, la nature de rame, la liberte -
se detachent les analyses du
Monologion (1076) et du Proslogion
(1078), lequel renferme la fameuse
preuve ontologique de ['existence de
Dieu, que Descartes, sans ravoir lu,
reprendra a son compte six skies
plus tard.
La preuve anselmienne repose sur deux
arguments complementaires: it existe
necessairement quelque chose tel que
rien de plus grand ne peut etre pense;
it n'est pas pensable que quelque chose
tel que rien de plus grand ne puisse
etre pense n'existe pas.
De plus, il serait
absurde que Mee de perfection
n'inchit pas toutes les qualites, or
['existence &ant une qualite, retre
parfait (Dieu) existe necessairement.
Revelatrice de la methode scolastique,
tout en syllogismes et arguments
logiques, rceuvre de saint Anselme clot, sur le fond, la theologie monachique
du haut Moyen Age.
Pierre AbElard
Maitre d'une ecole de logique a Paris,
celebre pour ses amours contrariees
avec Heloise, tombe
en disgrace aupres
des autorites
chretiennes, Pierre
Abelard (1079-
1142) et sa vie
romanesque
ne contredisent en rien sa pensee
philosophique, riche et aventureuse.
Renovateur de la logique
aristotelicienne, il est aussi un
redoutable adversaire des theses
realists a propos des universaux.
On lui doit egalement une reforme
de la morale chretienne, distinctive de
['intention et de fade, et !Introduction
du procede methodologique de la
«dispute», bientot courant dans les
universites du xesiecle.
L'APOGEE (XIII.
SIECLE)
Albert le Grand
Le developpement des universites
et de l'enseignement scolastique est
contemporain de la redecouverte
d'Aristote, via les philosopher arabes,
et notamment Averroes (1126-1198).
Jusqu'alors le philosophe grec n'etait
connu que fres partiellement par les
traductions de Boece.
Renouvelant les
themes de reflexion (notamment les
questions psychologiques sur
la memoire, ['imagination ou le sujet
de la pensee), autant que les methodes
d'investigation (rajout des questions
disputees aux commentaires textuels origines
du christianisme), la scolastique
a profondement modifie le paysage
culture! de l'Europe.
En &pit de ses
exces - ou insuffisances - formalistes
(la casuistique), cet enseignement
a su creer une dynamique intellectuelle
favorisant rouverture de la pens&
chretienne a la diversite des courants
d'opinion.
Dans ce contexte, Albert de Lauingen
(dit Albert le Grand, 1200-1280)
enseigne la
theologie
Paris et a
Cologne -
ou il a pour
eleve Thomas
d'Aquin.
Commentateur et traducteur des
sources arabes d'Aristote, it milite pour
une philosophie du christianisme
depouillee de toute superstition, mais
aussi des apparats de rEglise.
;41Allr.
(4.
t
Saint Thomas d'Aquin
Issu d'une famille de la noblesse
italienne, Thomas (1225-1274) est eleve
as mont Cassin dans la pure tradition
feodale.
Isleanmoins, il decide, encore
jeune, d'adherer a un ordre nouveau,
celui des Mendiants, d'inspiration
dominicaine.
L'episode de l'enlevement
et remprisonnement de Thomas par
son frere, sur ordre de sa mere, a
largement ete represente et commente
comme ['expression d'une resistance - inefficace -a la diffusion du message
evangelique en dehors des chateaux et
des monasteres.
Son oeuvre se nourrit de son
enseignement (a Paris et en Italie)
et se compose de commentaires sur Aristote, sur les Sentences de Pierre
Lombard, et de ses deux chefs-d'ceuvre
que sont Somme contre les gentils
(1255-1269) et rinachevee Somme
thiologique (1266-1274).
II nest pas exagere de voir en saint Thomas "Arlin le premier philosophe de rere
moderne.
II rest
assurement par ses
theses qui, en puisant
dans raristotelisme,
reforment en partie
la pens& medievale,
mais it Pest plus
encore en ayant exprime la possibilite
d'etre philosophe et chretien.
En affirmant l'autonomie de Ia Creation,
it ouvre la nature au champ de
[investigation physique et par la merne
au developpement d'une rationalite
scientifique distinde de la foi.
Loin de s'exclure ['une rautre, ce sont la
deux modes complementaires de
connaissance.
Moderne, saint Thomas
d'Aquin l'est egalement lorsqu'il
affirme, contre la theorie augustinienne
de 'Illumination, le role de ['experience
et de ['intellect dans relaboration de
ridee abstraite.
Plus encore, rceuvre
de raison peut et doit servir a eclairer
les dogmes d'une lumiere nouvelle.
Refusant ['argumentation anselmienne,
saint Thomas entend demontrer
['existence de Dieu en partant de la
realite sensible: cinq preuves, que
sont le mouvement, la causalite, la
contingence, la gradation et l'ordre,
indiquent ('existence d'un Dieu cause
et finalite du reel.
En matiere de morale, saint Thomas
innove encore: determine par son
statut de creature a avoir Dieu pour
finalite, I'homme n'a de liberte que
dans les moyens d'y acceder.
Le mal
est donc defini comme une erreur
de jugement et non une realite en soi.
Chaque individu devient donc une
personne responsable.
Canonise des 1323, le udocteur
angelique devient, a partir du
xvir siècle, le philosophe officiel de
rEglise catholique.
Mais sa formidable
aura ne doit pas dissimuler les
polemiques qu'il eut, lui-meme,
a soutenir...
Les penseurs non thomistes
Surnomme « le docteur admirable »,
Roger Bacon (1214-1294) enseigne
a Paris, puis a Oxford.
Tres critique
a regard de la scolastique, it s'emploie
a reformer les sciences en accordant
une place primordiale a ('experience.
Attache a I'augustinisme (il volt dans
toute connaissance, la marque d'une
illumination divine), Roger Bacon plaide
pour une unite de la science englobant
toutes les disciplines, mais aussi toutes les theses, y compris antiques (d'ou
Ia necessite d'enseigner les langues).
Ala fois moderne, par sa promotion
d'un positivisme scientifique, et
mystique, l'ceuvre de Roger Bacon
va influencer rempirisme anglo-saxon,
a commencer par celui de son
homonyme Francis Bacon (1561-1626).
Animateur, a partir de 1253, d'une
chaire de theologie a l'Universite
de Paris, saint
Bonaventure (1221- 1274), ami de saint
Thomas n'en fut pas
moins un adversaire
du thomisme.
Ce «dodeur seraphique» a elabore
une philosophie mystique et ascetique
qui subordonne toute connaissance
a rautorite de la foi.
Defenseur des
institutions medievales et monachiques,
ce representant majeur de l'ordre des Franciscains (fonde par saint Francois
d'Assise en 1209) contribua
developper le culte de la Vierge et fut
un ardent defenseur du realisme dans
Ia querelle des universaux.
Moins
confiant que saint Thomas dans les
potentialites humaines, it voyait
finalement dans la raison !Instrument
d'une lucidite et d'une humilite
de l'homme devant Dieu.
LE DECuN (X1r-Xe SIECLES)
John Duns Scot
C'est avec saint Bonaventure la grande
figure theologienne de ['ordre
franciscain.
Ce «docteur subtilu de
rEglise nait vers 1270 en Ecosse et,
apres avoir enseigne a Oxford, Paris
et Cologne, meurt en 1308.
Adversaire systematique du thomisme,
Duns Scot s'oppose en particulier a sa
theorie de ['individuation qui, en accord
avec Aristote, volt en chaque individu
['actuation d'une matiere indeterminee
vers une forme substantielle.
Pour lui,
'individuation ne vient ni de Ia matiere
ni de la forme, mais d'une entite qui
determine les deux (rhaecceite):
rindividu est un Tout, une individualite,
at non le compose d'un corps at d'une
ame distincts.
Concernant la volonte, Duns Scot Iui
assigne comme seule limite
!intelligence (ce que I'on part
connaltre) mais c'est elle qui en choisit
les contenus.
Cette valorisation du libre
arbitre trouve son sans dans fade
d'amour (de Dieu), cause at finalite
de ['action morale.
Ainsi, Duns Scot
affirme-t-il la preeminence d'une raison
pratique sur une raison speculative qui,
a ses yeux, ne peut atteindre que des
verites partielles sur retre (objet de la
metaphysique), mais non sur Dieu (objet de la theologie).
Ce scepticisme,
ainsi que ['importance accord& aux
intuitions du «cceur» en font une
reference de Blaise Pascal.
Guillaume d'Ockham
Surnomme «le venerable debutant»,
car il n'obtiendra jamais le grade de
professeur en theologie - en raison de
son hostilite a la papaute -, Guillaume
d'Ockham (ou d'Occam) (vers 1285- 1349) est reste celebre pour sa prise
de position contre le realisme dans
la querelle des universaux et pour
sa theorie logique du «principe
d'economie» (le «rasoir» d'Ockham)
selon lequel «il ne faut pas multiplier
les etres sans necessite».
Ce qui revient
a rechercher, par exemple, les causes
les plus simples d'un phenomena (les
causes physiques) plutot que de faire
appal au mirade ou a la volonte divine.
Sa theorie du langage fait du concept
un signe porteur d'un sens natural at universel alors que le mot, Iui, est
conventionnel.
Cette theorie renferme
une critique de l'essentialisme; pour
lui, it n'existe que des etres singuliers,
des «essences individuelles concretes».
Les consequences morales at politiques
d'une telle approche sont majeures:
point d'intermediaire entre Dieu at
rindividu, ce qui entrain la superiorite
effective du pouvoir temporel (l'Etat)
sur le pouvoir spirituel (I'Eglise) ; libre
arbitre de l'homme qui peut disposer
de sa vie comma it I'entend, la volonte
de Dieu ne se manifestant qu'a travers
ses commandements.
Vers la
Renaissance
Ainsi, a la suite d'Ockham, le physician
Jean Buridan (1300-1358), Albert de
Saxe (1306-1390) ou Geert Groote
(1340-1384) finiront de battre en
breche raristotelisme scolastique, en
appelant a un nouvel ideal chretien, la
«devotio moderna », ouvert atoutes les
consciences, y compris celles des lairs.
NA en Italie, Dante Alighieri (1265-
1321) ne se contente pas de composer
La Divine Comedie, mais conteste
rautorite papale at
milite en faveur d'une
noblesse d'esprit
proche de !Ideal
moral aristotelicien.
En Allemagne, c'est
maitre Eckhart
(v.
1260-1328) qui fait scandale en
ecrivant dans « la langue vulgaireu,
destination des femmes et des simples
gens, at en rehabilitant la theologie negative at mystique du Pseudo-Denys.
Ces prises de liberte, a regard des
institutions plus que des dogmes, la
redecouverte d'une antiquite stoicienne
at epicurienne, at remergence dune
rationalite positive, sont les signes
avant-coureurs des formidables
bouleversements qui vont, aux xve
et xvr
siecles, secouer la Chretiente.
LA FONDATION DES UNIVERSITES
Au mu, siecle, le terme d'universite
ne designe pas d'abord un ensemble
de facultes regroupkes en un lieu,
mais une reunion de personnes
(maitre, eleves) s'adonnant au meme
travail.
Isleanmoins, sous l'autorite
de papas (Innocent III, Gregoire IX)
at avec la bienveillance de rois,
l'Universite de Paris, faisant suite
a celle de Bologna, at precedent celle
d'Oxford, va s'organiser at exercer
un rayonnement unique sur l'Europe
chretienne.
Sa reputation, acquise des
le sir siecle, repose sur la qualite
de ses maitres (Abelard, Albert
le Grand, saint Thomas d'Aquin...),
mais aussi un dynamisme intellectual,
fruit d'une independance de ton dans
les disciplines artistiques et
philosophiques et d'une grande orthodoxie an matiere de theologie.
Attirant des eleves de toute l'Europe
(Duns Scot, Raymond tulle, Dante),
l'enseignement de l'Universite de Paris
s'organise autour de lecons, simples
commentaires de textes, ou de
« questions disputees B,joutes
argumentatives orchestrees par les
mattes.
On dolt a Robert de Sorbon
redification, en 1255, d'un batiment
.innrcr, destine aaccueillir
des
etudiants
necessiteux,
an lieu at
place de la
desormais celebre Sorbonne du
quartier Latin..
»
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