Goulag
Publié le 21/02/2013
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1 | PRÉSENTATION |
Goulag, acronyme russe de Glavnoïe Oupravlenié Lagereï ou « Direction générale des camps «, branche de la police secrète de l'URSS, le NKVD, créée pour construire et administrer les camps de travail forcé, appelés eux-mêmes par extension « goulags «. Le Goulag a tenu un rôle prépondérant dans les emprisonnements de masse et dans la répression qui a sévi à partir des années trente, à l’amorce du temps dit de la « grande terreur «.
2 | UN INSTRUMENT DE LA « TERREUR « STALINIENNE |
Les camps de travail existent dès 1917. Ils sont légalisés par décrets, en septembre 1918, puis en avril 1919. Mais ils ne prennent leur dénomination définitive qu’en avril 1930. Leur création et leur extension traduisent l’aspiration d’un régime arbitraire à « réhabiliter «, « rééduquer « toute personne présentant un danger pour l’État communiste, qu’il s’agisse d’un saboteur ou d’un espion ; au sens large, des « ennemis du peuple «. Aussi, enferme-t-on dans les goulags les prisonniers de droit commun, les réprouvés sociaux, les nationalistes issus de la mosaïque soviétique, les fonctionnaires du PCUS suspectés de révisionnisme, les hommes politiques, tout comme les intellectuels et les artistes appartenant — ou soupçonnés d’appartenir — à des cénacles d’opposition, réels ou imaginaires.
En raison de l’inflation de la rhétorique stalinienne du complot contre-révolutionnaire et de l’instrumentalisation de l’emprisonnement comme moyen de museler l’URSS, la population des goulags explose rapidement. De 70 000 « déportés « en 1920-1921, elle passe à 200 000 en 1932-1933, à près d’un million en 1936 (dans la pleine période répressive symbolisée par les purges staliniennes) et à environ 2 millions au début de 1939.
Au sortir de la guerre, un million et demi de Soviétiques sont enfermés dans les colonies pénitentiaires, camps de travail et de rééducation. Un dicton circule alors : « Celui qui n’a pas été déporté le sera. «.
3 | UNE RÉSERVE DE MAIN D’ŒUVRE |
Pour l’URSS, les goulags représentent également une réserve de main d’œuvre massive, asservie et gratuite. Le travail dans les camps est généralisé à la fin des années vingt. Staline décide d'employer les zeks (« détenus « en russe) pour soutenir la collectivisation et l’industrialisation, là où les besoins de l’économie l’exigent.
L’image d’Épinal du camp sibérien doit donc être révisée. D’abord situées en Carélie, sur la côte de la mer Blanche, à Vorkouta et à Petchora, dans les régions arctiques, les prisons du Goulag sont peu à peu disséminées à travers tout le pays, jusqu’à Moscou. Leur rôle dans l'industrialisation de l’URSS est majeur, puisqu'elles prennent en charge la quasi-totalité de l'exploitation forestière et de l'extraction du cuivre, de l'or et du charbon. Pour autant, le travail des goulags n’est pas toujours fructueux. En témoigne notamment l’affaire du canal de la Baltique. Sur ce grand chantier (1931-1933) travaillent plus de 250 000 détenus, mais, mal conçu, le canal ne sera jamais utilisé, et 30 000 à 60 000 déportés périssent lors de sa construction.
4 | UN CHANGEMENT DE POLITIQUE SOUS KHROUCHTCHEV |
La mort de Staline marque un tournant. Beria, qui avait pourtant été, dans les années trente, un des organisateurs du système concentrationnaire, souligne la nécessité de vider les camps. Près de 2,6 millions de personnes, dont de nombreux déportés allemands et polonais déplacés pendant la guerre, sont alors enfermés dans 843 camps coûteux et qui semblent non pas aider l’économie, mais la freiner. Aussi, avant même le XXe congrès du PCUS, le système du Goulag est peu à peu démantelé, par choix politique et sous la pression de grèves dans les goulags mêmes. Dès 1954-1955, 1,2 million de personnes sont libérées.
En 1958, la notion de « camps « est remplacée par une nouvelle dénomination, celle de « colonie de redressement par le travail «. Sur le fond, la pratique et les buts ne changent pas. Certes, la société vit moins sous la menace de la déportation, mais les « dissidents « enfermés se comptent toujours par centaines de milliers. Le démantèlement est loin d’être complet, et la vague protestaire de la fin des années soixante incite Leonid Brejnev à relancer les goulags (en dépit du fait que l’économie nationale ait profité des libérations des années cinquante).
5 | LA MORT AU GOULAG |
Les conditions de vie et d’hygiène des camps entraînent une importante mortalité, ponctuée par des accès de morbidité lors des épidémies (de typhus en particulier). Elles sont racontées dans de nombreux récits, le plus remarquable étant probablement celui d'Alexandre Soljenitsyne, l’Archipel du Goulag (1973).
Le nombre de citoyens soviétiques déportés a fait l'objet d'estimations variées, qui ont été révisées à la lumière des informations recueillies à la fin de la guerre froide, puis grâce à l’ouverture des archives soviétiques, consécutive à la perestroïka (« restructuration «). Au sortir de la guerre, l’inflation avait prévalu. Dans un contexte où l’horreur du système concentrationnaire émouvait l’opinion occidentale, certains témoins ou analystes parlaient de plusieurs millions de morts au goulag. Aujourd’hui, on considère qu'environ 900 000 personnes y ont succombé.
Liens utiles
- goulag.
- Archipel du Goulag, l' [Alexandre Soljenitsyne] - Fiche de lecture.
- Soljénitsyne décrit le goulag
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