ENCYCLOPEDIE: Calvin, Jean

« après avoir échappé de justesse à l'Inquisition.

Voulant prouver qu'il croit toujours aux doctrines chrétiennes fondamentales, Calvin livre Michel Servet au conseil de la ville, qui le condamne et le fait brûler vif en 1553.

L'autorité de Calvin est désormais solidement étab lie: son parti devient majoritaire au conseil de la ville, qui reconnaît même au consistoire le droit d' excommunication.

Genève s'impose a lors comme la capitale du protestantisme, d 'o ù par­ tent, vers différents pays d'Europe , des pasteurs formés à l' université de la ville, fondée en 1559 , chargés de diffuser les nouvelles croyances .

Prosélyte infatigable , Calvin e!}tend rappro­ cher -et influencer- les diverses Eglises protes­ tantes.

On le voit animer, à Francfort , à Worms et à Ratisbonne , notamment , des rencontres entre théologiens réformés.

Son influence est alors déterminante en France -où il contribue à la création des ÉgJises réformées -et surtout dans l'Angleterre d'Edouard VI: sous la pression de Calvin, l'anglicanisme adopte certains aspects doctrinaux de la théologie calviniste.

Lors de la deuxième guerre de religion (1567- 1570 ), le calvinisme essaime en Suisse, dans le sud de la France, en Hongr\e, aux Pays-Bas , dans l'Allemagne rhénane et en Ecosse .

En Angleterre , son i!Jfluence déborde largement le seul cadre de l'Eglise anglicane.

Mais le calvinisme va sur­ tout profondément marquer l'Amérique du Nord, où de nombreux puritains de tradition calviniste font partie des premiers émigrants.

La foi calviniste Commentateur attentif de la Bible, Calvin ne reconnaît que deux sacrements: le baptême et la cène.

Le Christ n'est pas considéré comme cor­ porellement présent dans l'eucharistie (le pain et le vin); il n'a de présence que spirituelle; une présence qui s'effectue à travers le Saint-Esprit.

Si le chrétien est sauvé uniquement par la grâce de Dieu -ce que Luther enseignait déjà - , Calvin insiste sur la force transformatrice de cette grâce, qui pousse le croyant à la responsabilité et à l'effi­ cac ité éthiqu e et politique.

L'é thique protestante a exercé une grande influ ence sur l'organisation rationnelle du tra ­ vail.

Dans la mesure où la doctrine de la pré ­ destination empêche quiconque de savoir s'il est élu ou damné, l'énergie va s'investir dans l'activité professionnelle et dans la réussite sociale, qui sera interprétée comme le signe d'une bénédiction de Dieu.

Ce mode de pensée est particulièrement net dans le puritanisme, le calvinisme anglo-saxon.

Ainsi, les prédicateurs condamnent l'oisiveté dans la possession, mais non pas la recherche de biens terrestres par le travail.

Cette conception selon laquelle l'enrichissement est une religieuse, impose .., mode ment.

Toutl~ ! Théodore de Bèze , écrivain et théologien a protestant , fut le disciple de Jean Calvin , dont il sera le successeur à l' Académie protestante de Genève .

Ce fut aussi un ardent promoteur de la Renaissance littéraire .

' La maison familiale de Jean Calvin , à Noyon , dans l'Oise.

Calvin fut tonsuré très jeune afin de recevoir, en 1521, un bénéfice ecclésiastique , c'est - à-dire une concession de revenus.

Calvin met l'accent sur la distance infini e qui sépare Dieu et les êtres humains («à Dieu seul la gloire ").

Avant même la création du monde, Dieu a voué les uns au salut (fruit de sa bonté) , les autres à la damnation (fruit de sa justice): c'est la doctrine de la prédestination.

Bien que controversée par les héritiers spirituels de Calvin, la doctrine de la prédestination connu t un grand succès dans les sociétés fort ement hiérarchisées des xVI"-xvu ·· siècles où le «destin " social des indi­ vidus était en grande partie subordonné à la nais­ sance.

La doctrine de la prédestination n 'est donc pas exemp te d'une dimension subversive , les élus n'étant pas nécessairement les gens socialement bien nés.

En faisant de l'homme un être libre de toute chose et de toute autorité , cette conception contribua à la naissance de l'in­ dividu moderne.

Calvinisme et démocratie Puisque tout chrétien baptisé détient les pouvoirs spirituels du prêtre, il n 'ex iste donc qu'une diffé­ rence de fonction entre les clercs et les laïcs.

L'ap­ plication de ce principe calviniste a jeté un pont entre l'exe rcice démocratiqu e du pouvoir reli­ gieux et du pouvoir politique .

En effet, l'organisa­ .

tion collégiale des églises calvinistes a favoris é l'émergence d'une classe moyenne; dans les régions pauvres, des gens modestes peuvent devenir conseillers presbytéraux et délégués à des synodes.

La «discipline " (texte de référence codifiant les décisions collégiales), qui s'impose à tous , quelle que soit son origine et sa naissance , joue _un rôle analogue à celui de la Constitution des Etats.

C'est en ce sens que l'on a pu dire que le calvinisme, dans sa dimension politique, s'ap­ parente à une pratique préconstitutionn elle.

Le mode d'o rganisation ecclésiale calviniste met l'accent sur le rôle des magistrats , qui servent de médiateurs entre le prince et le peuple .

En octroyant aux magistrats le pouvoir de diriger la résistance contre un roi qui violerait l es droits divins ou humains , Théodore de Bèze, disciple de Jean Calvin, légitime le soulèvement.

Ainsi , la Déclaration d'indépendance ( 1581 ) des Pro­ vinces-Unies (les Pays-Bas calvinist es) affirme que «les sujets ne sont pas créés pour le prince [ ...

] mais plutôt le prince pour les sujets [ ...

]afin de les gouverner selon droit et raison "· La légiti­ mation calviniste du soulèvement influence la première révolution anglaise ( 1642-1 649), au cours de laqu elle le Parlement fom ente et guide la révolte contre le roi.

En 1688, le calviniste Guillaume d' Orange crée une monarchie stable en instaurant le parlementarisme.

Le calvinism e aura donc marqué une étap e import ante dans l'émergence de l'idée démocratique.. »