DEUX GRANDES RELIGIONS RÉVÉLÉES : LE JUDAISME ET l'ISLAM

« 261.1 -AVANT l.ES PROPHÈTES hébraïque; l'ensemble constitue les «Trente-deux sen­ tiers mystérieux de la sagesse ».

Tous les aspects de la réalité, les différentes parties du corps humain, les « potentialités de l'âme » sont liés aux dix Sephirot et aux vingt -deux lettres.

Le Livre de la Splendeur attribué à Siméon Ben Jochai (fin du 1•r siècle - Il• siècle apr.

J.-C.) fut, en fait, écrit (ou compilé?) par un juif espagnol de Grenade , Moise de Léon (environ 1250-1305).

C'est un commentaire lyrique et mystique , écrit en araméen, du Pentateuque .

On y retrouve une cosmogonie et une cosmologie en liaison avec celles du Livre de la Création.

L'enseignement cabalistique se poursuiv it jusqu'au XVIII• siècle ; on en trouve même des traces chez cer­ tains penseurs chrétiens.

Trésor d 'imagination et de poésie, la Kabbale est malheureusement devenue de nos jours la proie des occultistes , charlatans et thau­ maturges.

B -Le lahvisme primitif.

a) L'alliance.

Lorsque les Hébreux quittent la région du golfe Per ­ sique pour se diriger vers Canaan (la Palestine), ils ont une foi religieuse qui contraste avec le polythéisme des habitants de la Mésopotamie : ils croient en un Dieu unique , créateur du ciel et de la terre, modèle moral à la loi duquel l'homme doit se conformer.

Ce Dieu s'est révélé à Abraham avec lequel il a conclu une alliance sacrée, dont le signe est la circoncision : Dieu dit à Abraham : toi, tu garderas mon Alliance, toi et tes descendants après toi...

tout mâle parmi vous sera circoncis ...

et ce sera un signe d'Alliance ...

(Genèse, XVII 9-14).

Nous ne savons à peu près rien de cette religion pri­ mitive hébraïque (certains historiens ont même avancé qu'Abraham et les patriarches étaient des personnages mythiques et que le monothéisme moral était un pro­ duit de l'enseignement des prophètes , à partir du VIII" siècle av.

J.-C.).

D 'après les indications de l'Ancien Testament, c'e st un culte sacrificiel , semblable aux autres cultes païens de la Mésopotamie , avec cependant une différence fondamentale : le dieu d'Abraham n'es t pas une divinité attachée à un lieu ou à un phénomène naturel, il est le créateur unique de l'univers et le Juge suprême .

• L'organisateur de la religion hébraïque fut Moise (Xlii• siècle av.

J.-C .).

Tout ce qu' on connaît sur ce personnage , mi-historique , mi-légendaire, pro­ vient uniquement de la Bible (Pentateuque) et a été rédigé plusieurs siècles après sa mort (si tant est qu'il ait existé) .

Il est né en Ëgypte , où étaient installés les Hébreux depuis le XVII• siècle ; c'est alors qu'il gardait ses moutons que Dieu se manifesta à lui sur le mont Horeb (autre nom du Sinaï), dans une flamme de feu au milieu d'un buisson ; au cours de cette apparition (théophanie) , Dieu révèle « son nom » au Prophète : Je suis Celui qui suis; c'est ce nom que transcrivent les quatre lettres hébraïques YHWH et qu'on a transcrit par Iahweh (ou Iahvé; la lecture « Jehovah »e st une erreur).

Avec Moise , Dieu renoue l'Alliance conclue autrefois avec Abraham : Israël est désormais uni à son Dieu.

il le glorifie en respectant le repos sacré du Sabbat (le septième jour) et reçoit de lui sa loi morale et sociale (Décalogue) .

La religion mosaïque comprend à la fois l'adoration d'un dieu unique et tout-puissant et l'observation stricte des règles divines qui fondent la société hébraïque ; ses deux symboles sont l'Arche d'Alliance et la Torah .

L'Arche d'Alliance est un meuble sacré, fait de bois d'acacia et d'or , longuement décrit dans la Bible ; elle contient les tablettes de pierre sur lesquelles sont inscrits les termes du Pacte qui relie Dieu à son peuple : c'est un tabernacle ambulant.

La Torah est codifiée dans le Pentateuque (voir ci-dessus 221 et 222) ; elle définit une société dont le souve­ rain est Iahweh.

Celui-ci exprime sa volonté par l'in­ termédiaire des prêtres , descendants (directs ou spiri­ tuels) de Moise (Moise était de la tribu de Lévi ; les lévites constituent chez les Israélites la classe sacer­ dotale).

b) Les perversions de la religion.

A peu près tous les historiens s'a ccordent sur le fait que Moise n'a pas écrit le Pentateuque ; il est donc difficile d'imaginer ce que fut réellement la religion des Hébreux lorsqu 'ils s'installèrent en Palestine .

Sans doute furent institués très tôt des autels, des lieux sacrés, des fêtes commémoratives (notamment la Pâque , anniversaire de la sortie d'Ë gypte sous la conduite de Moise).

Mais les Israé lites.

dès qu 'ils devinrent sédentaires , dès qu'ils abandonnèrent leur vie de pasteurs nomades pour celle d'a griculteurs fixé s au sol, subirent l'inf luence religieuse des peuples déjà installés en Palestine (Moabites, Cananéens, Phéni­ ciens) .

Ils adorent Astarté (ou Ishtar) , déesse de la fertilité et de la reproduction, et son correspondan t masculin Baal; les rites païens (prostitution sacrée , sacrifices de jeunes enfants, etc.) font leur apparition , et Israël, aussi bien au temps des Juges qu'au temps des Rois .

risque de basculer dans le paganisme ambiant.

Ce fut le rôle des prophètes , hommes inspirés de Dieu .

que de fai re revivre, à chaque période difficile , la foi israélite.

Le judaïsme (ainsi qu' on appela la relig ion des Israélites après la capt ivit é de Babylon e) est né dans ses grandes lignes de la prédication des prophètes .

261.2 -LES PROPHÈTES ET LA NAISSANCE DU JUDAISME.

La période religieuse que nous étudions ici s'étend du milieu du VIII• siècle av.

J.-C.

à la conquête romaine.

Elle est marquée par l'enseignement des prophètes (les trois grands prophètes : Isaïe, Jérémie et Ëzéch iel; les douze petits prophètes : Osée, Joël , Amos , Abd ias, Jonas , M ichée , Nahum , Habacuc , Sophonie , Aggée, Zacharie , Malachie ; Daniel , le héros de la fosse aux lions, est traditionnellement considéré c omme .

un qua­ trième « grand prophète »).

A -Le mouvement prophétique.

a) Les témoins de l'inquiétude.

Depuis leur installation en Palestine , les Hébreux ont connu cette catégorie particulière d'hommes inspirés - ou se prétendant tels -qui faisaient profession d 'annoncer l'avenir, les prophètes ou nabis ; il est d'ailleurs malaisé de distinguer , à première vue , les devins, les magiciens , les voyants , qui gagnaient leur vie en interprétant des oracles -tout comme nos charlatans modernes- et ces hommes dont les paroles ~à!§mi~1htmutiquqpnudtaiSnonGuu mouœ::'qmmuaiq;~ialmnfaœ~ IM\ntontfbtafm.,obraht:fiÏï~tntdtdtcdiifmmaiÎ ci'lOAd .Jlm~~~dotri'dbafpO!tl u~fi\ 11lm'I:Un fatnaatindomii di fut.

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~ ~~ att'tU~fpotiœtunu~urumo / i -----• An.W.driih~tC",.,.,Mfftn.-"nnO!!nnmt. _ 0: L'histoire de Daniel dans la fosse aux lions a inspiré de nombreux artistes; ci-dessus , une illustration de cet épisode célèbre extrait d'une Bible du Xli• siècle, la Bible de Sou­ vigny (Bibliothèque de Moulins).

nous ont été conservées et qu'on appe lle, à proprement parler , les Prophètes .

L'as pect extérieur, les gestes .

les actions, le style d 'hommes comme Jérémie ou Isa ïe ressemblent au comportement des exaltés, sincères ou fraudeurs, de tous les temps et de toutes les époques .

Pour annoncer les malheurs qui fondront sur les habitants de Jéru - salem, Ezéchiel se coupe les cheveux et les répartit en trois tas : il brOie le premier, détruit le second avec son épée et disperse le troisième au vent; Sophonie entend les lamentations et les hurlements des habi­ tants de Jérusalem exterminés par Yahweh; Isaïe a la vision extatique de Yahweh sur son trône, entouré de séraphins qui chantent ses louanges , etc.

Bref .

les Prophètes se sentent - ou se considèrent­ inspirés par Dieu ; c'est Yahweh qu i parle par leur bouche et qui agit en eux; ils dev iennent eux-mêmes des signes de Dieu.

Tout cela est bien primitif , en apparence , tout comme les pouvo irs qu'on leur attribue et les paroles obscures que parfois ils prononcent.

Cependant aucun historien des relig ions ne s'y trompe : si la forme de l'enseignement prophétique est primi ­ tive , outrée , ou même si elle comporte, comme le pensait Renan, une part de comédie, le fond de cet enseignement n'est pas sans grandeur , bien au contraire; il contribuera à faire évoluer la religion des Hébreux qui n'est encore, au VIII• siècle av.

J.-C.

, qu'un simple culte rendu à Yahweh, en une religion doctrinale à tendance univer saliste :le judaïsme .

Selon une compa­ raison due à l'hi storien français A.

Lods, l'exaltation mystique , donc irrationnelle , des Prophètes n'exc lut pas la vigueur et la profondeur de la pensée, pas plus que la « disposition à l'extase » n'a nui à la sol i dité intellectuelle de Mahomet, de Luther ou de Pas cal.

Nous pouvons donc considérer les Prophètes comme des hommes à l'esprit plus éveillé , plus in quiet et plus puissant que celui de leurs contempora ins ; parfaite­ ment conscients de l'évolution du monde asiatique dont les deux Ëtats d'Israël et de Juda ne sont que des parties infimes comparés aux grands empires ba­ bylonien , assyrien et égyptien , ils savent que la nation hébra ïque roul e sur la pente fatale de la décad ence; décad ence politique en face des grands empires ; dé­ f!!!!!!!!!!!!!!!!~~!!~~iilad!m~::!~~:W ~~ cadence religieuse d'un peuple qui ne conna ît de la religion que les rites, les offrandes et les cantiques et qui ignore l'art de faire le bien .

Une ïllustratïon du De Jaudibus de Raban Maur (d'après un manuscrit du Xli • siècle, bibliothèque de Douai).

Les Prophètes y sont associés à Dieu le Père , à Jésus -Christ et à la Vierge Marie ; on peut lire leur nom sur les rouleaux qu'ils tiennent à la main.

Un Éthiopien peut-il changer la couleur de sa peau Ou une Panthère faire disparaÎtre ses taches? Dans la même mes ure il vous est possible de faire le bien A vous qui avez pris t'habitude de faire le mal.

(Jérémie, 13, 23.). »