Cité des Morts ... cité des vivants
Publié le 03/10/2018
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La densité du Qarafa oblige les Mamelouks à créer une nouvelle cité des Morts au nord de la citadelle, dans une zone jusque-là utilisée par les militaires pour l'entraînement et pour la parade. Le Qarafa est déjà fréquenté par toute une population bien vivante, dont une partie s'y est installée à demeure. A la même époque, le géographe Ibn Battuta raconte : « Au Caire il y a aussi le grand cimetière du Qarafa, qui est un lieu d'une sainteté particulière et contient les tombes d'innombrables savants et de fidèles croyants. Au Qarafa les gens construisent de beaux mausolées entourés de murs, qui ressemblent à des maisons. Ils construisent aussi des chambres qu'ils louent à des lecteurs du Coran, qui récitent nuit et jour de leur voix mélodieuse. Certains font édifier des établissements religieux et des madrasas à côté des mausolées, et le vendredi soir, ils sortent pour passer la nuit avec leurs enfants et leurs femmes, faisant un circuit de tombes célèbres. On vient passer la nuit ici également pour \"la nuit de mid Sha'ban\" ; les gens des marchés apportent toutes sortes de provisions. »
Depuis toujours ceinte de cimetières qui gênent son expansion, la ville du Caire a pris l'habitude de repousser ses limites en débordant sur sa cité des Morts. S'il y a des siècles que des vivants ont élu domicile au milieu des tombeaux, le mouvement s'est accéléré de façon spectaculaire dans la seconde moitié du xxe siècle. Au début du XIVe siècle, un certain Symon Simeonis visitant le Caire est surpris par l'aspect de la nécropole du sud-est, le Qarafa, qui s'étend au pied de la falaise du Mouqattam : « Le très célèbre cimetière des Sarrasins dans lequel il y a tellement de chapelles et de monuments construits sur les sépultures des morts( ... ) se présente aux
«
ville et où commence la né
cropole, car ses ruelles ani
mées sont
tout aussi encom
brées
et bruyantes que celle
de la cité des vivants qu'elle
prolonge.
Il est tout aussi difficile d'esti
mer
sa population : selon les
sources, les chiffres oscillent
entre 300 000 et plus de 1 mil
lion
d'occupants.
Habitants
de la région de Suez qui s'y
sont réfugiés en
masse lors de
la guerre israélo-arabe de
1967, paysans
chassé~ de
Haute ou de Moyenne-Egyp
te par la progression du dé
sert, sans-abris
à la suite du
tremblement de terre de
1992, mais
aussi laissés-pour
compte d'une société très
inégalitaire, tous ont trouvés
refuge dans
les champs du re
pos
éternel.. .
Beaucoup y
sont
nés .
Contre un petit loyer versé au
gardien du cimetière, ou avec
l'accord des propriétaires des
tombes, à condition de les
entretenir, on peut emména
ger dans un mausolée ou
dresser une cabane en bois
ou en brique entre deux
sé
pultures.
La seule condition
est de
se faire discret, voire
de disparaître,
lors des visites
rituelles aux défunts.
Entre
les tombeaux, le linge claque
au vent, des enfants jouent
dans les allées, les télévisons
hurlent, les enseignes de
l'épicerie et du café se balan
cent entre deux stèles, un ga
rage est
flanqué de deux
mausolées, le bureau de pos
te n'est pas loin ...
Dans les
années soixante, l'État réqui
sitionna même
des mausolées
pour y installer des équipe
ments sociaux, comme des
crèches .
Pour
s'éclairer, il faut
se brancher, contre quelques
centimes par mois, sur les
compteurs des habitants des
quartiers voisins !.
»
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