Art comme médiation du fait religieux ?
Publié le 29/08/2012
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Des représentations viennent railler la crucifixion, depuis celle de Félicien-Rops se servant du prétexte de la Tentation de Saint-Antoine pour dessiner une croix sur laquelle se tient une femme liée comme pour un rituel sadomasochiste jusqu'à celle de Dali représentant un Christ vu de haut flottant sur un lac ou celle de Bacon. Moins critiques, certains peintres entendent adapter la représentation de la crucifixion aux évolutions de leur art : Gauguin peint un Christ avec ses couleurs fétiches, Maurice Denis entend renouer avec le classicisme des primitifs italiens, Rouault peint des crucifixions expressionnistes, Chagall adapte la crucifixion à son style poétique. Compléments pour mieux comprendre Qu’est-ce un retable ? Le retable (du latin retro tabula altaris : en arrière d'autel) est une construction verticale qui porte des décors sculptés ou peints en arrière de la table d'autel. L'étymologie du mot français est la même que l'espagnol retablo, alors que le terme italien est pala d'altare. Il est fréquent qu'un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque La table d’autel est le symbole du Christ, et dans la liturgie chrétienne primitive il était interdit d’y poser quoi que ce soit. Les tableaux d'autel apparaissent dès le 13° siècle, servant à honorer essentiellement la vierge Marie, mais aussi à rappeler ce que le prêtre célèbre à la messe : la mort et la résurrection du Christ. L'un des premiers retables est la Maesta ou Vierge en majesté (que nous verrons dans la seconde intervention) peint par Duccio pour la cathédrale de Sienne au début du 14°siècle. Il comporte déjà la structure classique un couronnement, une prédelle et un tableau principal.
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Évangiles, de la Bible ou du Coran.
Car à ce compte-là, seuls les professeurs libéraux pourraient parler d'Adam Smith et seuls les communistes de Karl Marx.
C'estpourquoi une laïcité qui s'interdirait ce champ de savoir se condamnerait à une frilosité certaine.
C'est pourquoi aussi une pédagogie ainsi comprise pourraitcontribuer à une pédagogie de la laïcité elle-même.
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Première intervention La croixA l'époque du Christ, la croix évoquait l'horreur et l'humiliation.
On l'appelait le supplice honteux et il était défendu de crucifier un citoyen romain.
La mort sur lacroix était réservée aux esclaves et aux bandits d'origine étrangère.
Mais en faisant de sa mort un geste d'amour jusqu'au bout, Jésus en a fait l'instrument de notresalut.
Dans les premiers temps de l'Eglise, la croix pas un objet de dévotion.
Elle entre dans l'histoire de l'art avec deux expressions : tantôt croix glorieuse, tantôtimage désolante d'un Christ souffrant.
Mais comment trouver beau le corps d'un homme pendu à une croix ? Pour nous aujourd'hui, notre œil est tellement habitué àvoir des crucifix, qu'on a oublié l'essentiel : la croix est irreprésentable.
Le mystère de la mort du Christ échappe à toute représentation.
Comment faire comprendre?Les premières générations de chrétiens : aucune trace de croix, ni crucifix, ni crucifixion.
Pour se reconnaître, ils utilisaient le signe du poisson.
Pourquoi ? En grec lemot poisson s'écrit ICTUS.
Si on prend chaque lettre on obtient la profession de foi des chrétiens, sachant que le « I » remplace le « J » : - I = Jésus - C = Christ - T =theos, Dieu - U = usios, Fils - S = Sauveur En remettant dans l'ordre : Jésus Christ, Fils de Dieu, sauveur.
Les 1ères croix sont dissimulées sous le signe de l'ancre àlaquelle on rajoute une barre transversale.
A la conversion de Constantin 313, les choses changent, victoire de l'empereur attribuée à une victoire de la croix duChrist, l'image se répand comme une traînée de poudre.
Ceci est relayé par deux choses : les étendards de l'armée impériale et la force de conviction de l'Evangile quiannonce la Bonne Nouvelle de la victoire de la vie sur la mort.
La croix entre dans l'histoire.
Au 4ème siècle, la croix inverse son sens : un signe de victoire /Constantin, le labarum : étendard avec le chrisme.
Le Christ apparaît sur la croix : du 6ème au 9ème siècle.
A la représentation de la croix va se substituer la scène ducalvaire.
Les 1ères traces en Occident : époque carolingienne.
Jusque là, des crucifiés sans croix et des croix sans crucifiés.
Une date, 586 / évangéliaire de Rabula,le Christ avec le colombium, tunique sans manches et les soldats jouant à la mora, jeu de dés en méditerranée.
Le Christ a les yeux ouverts, fléchissement de bras etjambes.
La première représentation, avec les yeux fermés dans art occidental, vers 830, dans un psautier.
Avec les Christ romans, Dieu se rapproche de l'homme.Création théologique d'une époque qui médite sur une mort rédemptrice de l'Homme-Dieu.
Le Christ, visage en longueur, un peu triste, cheveux, barbe, moustachesoigneusement peignés, yeux clos, pas trace de souffrance.
Pendant dix siècles / fin de l'Empire romain d'Occident, la croix glorieuse illuminera les églises, arbre devie donnant l'hospitalité à tous les oiseaux de la terre.
Ceci permet de s'apprivoiser avec l'image de
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la mort qu'elle montre les yeux ouverts.
Le Christ est rayonnant d'une force et d'une douceur inattendues, purement divines.
En Toscane, naissance des 1ers Christsouffrants, dans couvents franciscains et dominicains.
A Byzance, image froide et raide ; en Occident, un souffle de passion.
Une reconquête de la beauté des formesest capitale pour l'histoire du crucifix.
Ici le Christ, le Fils de Dieu est celui de l'homme créé à l'image de Dieu.
A la fin du Moyen-Age, l'Europe est frappée par pesteet guerres, elle se tourne vers un Christ luimême souffrant.
Le Fils de Dieu est reçu dans son humanité, il est l'un de nous, confronté à misère et déchéance.
L'imagetragique se développe à proportion de la déréliction qui frappe les hommes.
Au 16ème siècle, le sommet, Grünewald, avec le retable de 1512-1516, les ravages de lasouffrance, en rapport avec les révélations de Ste Brigitte de Suède, au 14ème siècle.
Le retable se situe entre expressionnisme germanique et symbolisme médiéval.A droite, la figure de Jean Baptiste nous remet sur la bonne voie.
Ce vigoureux témoin de la foi signifie qu'il faut regarder au-delà de l'événement tragique ducalvaire.
L'Agneau à ses pieds, sang dans le calice : l'homme est racheté, il est sauvé.
C'est ce que le prêtre dit à chaque messe avant la communion : « Voici l'Agneaude Dieu qui enlève le péché du monde » La mentalité janséniste qui s'est développée au 17ème siècle et jusqu'au milieu du 20ème, a multiplié les images désolantesd'un Christ qui semble définitivement attaché à la croix, sans espoir de résurrection.
Ses bras sont verticaux, la mort sur la croix vient par asphyxie, le thorax estsoulevé à l'extrême, sa tête est penchée.
L'art moderne et contemporain, 19°-20°siècles : entre contestation et éclectisme (Voir les dernières œuvres présentées dans lediaporama.) Après les contestations du siècle des Lumières et de la Révolution, les 19° et 20°siècles virent se multiplier les critiques du christianisme.
Desreprésentations viennent railler la crucifixion, depuis celle de Félicien-Rops se servant du prétexte de la Tentation de Saint-Antoine pour dessiner une croix surlaquelle se tient une femme liée comme pour un rituel sadomasochiste jusqu'à celle de Dali représentant un Christ vu de haut flottant sur un lac ou celle de Bacon.Moins critiques, certains peintres entendent adapter la représentation de la crucifixion aux évolutions de leur art : Gauguin peint un Christ avec ses couleurs fétiches,Maurice Denis entend renouer avec le classicisme des primitifs italiens, Rouault peint des crucifixions expressionnistes, Chagall adapte la crucifixion à son stylepoétique.
Compléments pour mieux comprendre Qu'est-ce un retable ? Le retable (du latin retro tabula altaris : en arrière d'autel) est une construction verticale qui porte desdécors sculptés ou peints en arrière de la table d'autel.
L'étymologie du mot français est la même que l'espagnol retablo, alors que le terme italien est pala d'altare.
Ilest fréquent qu'un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque La table d'autel est lesymbole du Christ, et dans la liturgie chrétienne primitive il était interdit d'y poser quoi que ce soit.
Les tableaux d'autel apparaissent dès le 13° siècle, servant àhonorer essentiellement la vierge Marie, mais aussi à rappeler ce que le prêtre célèbre à la messe : la mort et la résurrection du Christ.
L'un des premiers retables est laMaesta ou Vierge en majesté (que nous verrons dans la seconde intervention) peint par Duccio pour la cathédrale de Sienne au début du 14°siècle.
Il comporte déjà lastructure classique un couronnement, une prédelle et un tableau principal.
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Composition d'un retable Depuis le14ème siècle, l'intérieur de la huche et de la face correspondante des volets est partagé en compartiments verticaux comportant desreliefs sculptés qui sont couronnés par des décors architectoniques finement taillés.
Le revers des volets ou portes est pourvu de panneaux peints.
Jugeant que lamanipulation des volets était trop lourde, leurs sculptures intérieures furent de plus en plus souvent remplacées par des peintures.
La caisse d'un retable est toujoursde forme rectangulaire.
Prédelle La prédelle est la partie inférieure du retable, développée horizontalement, qui sert de support aux panneaux principaux.
Elle peutêtre composée d'une seule planche en longueur, ou de plusieurs éléments.
Sur cette partie le peintre est plus libre que pour l'exécution du tableau central où il doitsuivre scrupuleusement les consignes du commanditaire (celui qui passe la commande du thème et qui paie l'artiste).
Usage Le revers des volets était fréquemmentpeint en grisaille, couleur apparentée aux périodes liturgiques de pénitence pendant lesquelles les retables restaient fermés.
Ce n'est que pendant certaines époques del'année liturgique – les cycles des grandes fêtes religieuses et les jours de fête du patron d'une église ou de celui d'une guilde ou corporation qui possédait un autel –que les retables restaient ouverts ; l'éclat de l'or et de la polychromie contribuait à accentuer la signification de la commémoration ou de la fête liturgique.
(Voir surInternet le retable d'Issenheim de M Grünewald, vers 1515, à Colmar)
Vêtement du Christ en croix Le supplicié était nu sur la croix pour signifier qu'il n'était plus rien : humiliation et souffrance extrêmes.
Au début, Rabula : le Christest vêtu de la tunique du grand prêtre, puis les artistes l'ont dévêtu mais ont gardé le linge, blanc le plus souvent, qui entoure ses reins, en signe de respect pour le Filsde Dieu.
Dans l'art contemporain, parfois les peintres l'exposent nu.
Les clous Le Christ peut avoir 4 clous : 2 pour les et 2 autres pour les pieds 3 clous : les pieds sont alors cloués ensemble
Le titulus C'est l'écriteau se trouvant en haut de la croix.
Il indiquait le motif de la condamnation de Jésus.
INRI : Jésus de Nazareth Roi des Juifs
Les deux larrons.
Lorsqu'ils sont représentés, les deux larrons sont bien distingués de Jésus.
Ils sont rarement fixés par des clous, plutôt par des cordes..Usuellement, on distingue le bon larron, souvent à la droite du Christ, jeune et imberbe, calme et résigné, qui lève les yeux avec confiance puisqu'il possèdel'assurance d'être sauvé le jour même, du mauvais larron, barbu, laid, qui se tord dans ses liens et détourne la tête.
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