Tout se joue-t-il dans l'enfance ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
jusqu'alors dans les études :
• les auteurs qui prônent l'immutabilité ont essentiellement fait porter leurs
recherches sur des personnes d'au moins 40 ans (période où les changements
sont moins nombreux) et pour de courtes durées (moins de trois à six ans entre
deux tests de personnalité, ce qui laisse peu de temps pour que des changements
apparaissent) ;
• inversement, ceux qui affirment que la personnalité peut fortement changer
choisissent pour leurs recherches plutôt de jeunes adultes (période de fort
changement) et pour des durées plus longues.
2.
LES ADOLESCENTS HEUREUX DEVIENNENT DES ADULTES HEUREUX
À la fin des années cinquante, Daniel Offer travaille comme psychiatre dans un
hôpital universitaire de Chicago.
Il se sent en décalage avec ses collègues qui, fidèles
à la tradition psychanalytique, estiment que le meilleur moyen de comprendre les
humains consiste à étudier ceux qui fonctionnent de façon pathologique.
Selon lui,
cette vision est erronée et conduit à donner une image faussée de l'être humain.
Par ailleurs, toujours selon la psychanalyse, l'adolescent passe nécessairement
par une période d'importantes tensions.
Celui qui ne présente apparemment pas de
difficultés particulières est en fait en train de refouler ses pulsions, avec de graves
conséquences pour son équilibre futur.
Daniel Offer décide, lui, de mener une enquête de terrain auprès d'adolescents
en bon équilibre personnel et en bonnes relations avec leur entourage.
Les résultats
qu'il obtient alors conduisent certains théoriciens à déclarer qu'il est erroné de
considérer ces adolescents comme « normaux », car ils refoulent leur trouble ou
leur pathologie sous-jacente.
Ceci a donc conduit Daniel Offer et ses collaborateurs à revoir ces jeunes
trente-quatre ans plus tard.
Or ils continuent à aller bien, et n'ont pas vécu de crise
de l'adolescence à retardement, contrairement à ce que prédisaient les détracteurs
d'Offer.
Ce dernier et ses collaborateurs concluent que « les personnes habituelles
ne luttent pas avec des pulsions déchaînées, mais parviennent tôt dans la vie à un
équilibre entre les volontés et désirs personnels, et les exigences et les attentes de
leur famille et de la société.
Cet équilibre est atteint naturellement et sans désarroi,
est durable et caractérise probablement la grande majorité des gens1 ».
3.
LES JEUNES DÉLINQUANTS NE SONT PAS CONDAMNÉS À LE RESTER
En 1986, John Laub et Robert Sampson, respectivement criminologue et
sociologue, découvrent par hasard, dans la cave de la Harvard Law School , les
soixante cartons d'archives poussiéreuses d'une étude classique sur la délinquance.
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