Psychopathologie Du Crime Passionnel
Publié le 20/01/2013
Extrait du document
Le crime passionnel marquerait alors la seule issue d'une passion qui s'éternise sans qu'aucune
résolution de la crise ne puisse s'élaborer. L'image d'un suicide à deux se superpose à celle d'un amour à
deux, image trop faible par rapport à cette représentation de la fusion, supposée être le signe de l'amour.
Si la mort parvient à abolir le crime et la réprobation morale qui l'accompagne, c'est parce qu'elle est
conçue comme preuve ultime de l'union. Le couple désuni retrouve alors dans la mort sa fusion perdue
dans le cas d'un meurtre suivi du suicide du meurtrier.
Cet idéal d'amour fusionnel est moins utilisé dans le cas du crime seul que dans celui suivi d'un suicide,
puisque la mort de la seule victime fait vaciller l'image de couple et voler en éclats celle de fusion ; de
plus, des éléments de discorde ne manquent pas d'apparaître au cours du procès. Dans la notion de
crime passionnel on retrouve l'idée que la mort est préférable à l'idée de séparation, car elle efface tout et
permet d'éluder les
questions, en particulier celle des différences d'investissement entre les deux protagonistes et celle d'une
éventuelle pathologie. Il est ainsi fait appel à la part la plus archaïque - au sens psychanalytique - du
fonctionnement psychique de l'être humain, part inconsciente donc, où dans cet espace premier de
l'élaboration de la pensée, la séparation est impensable. Les éventuelles solutions de négociation, l'idée
de crise, et de son dépassement, sont écartées au profit d'une solution simple et radicale, au risque de la
mort.
«
engendrée par les nouvelles normes de la société.
On remarque ainsi que c’est au XIXème siècle,
comme mentionné en début de paragraphe, que les journaux se mettent à cultiver le genre du fait divers
et élaborent le concept moderne de crime passionnel.
Ce nouveau concept induit pour le meurtrier des
conséquences pénales plus lourdes, néanmoins les procès pour crime passionnels relevés au XIXème
siècle aboutissaient une fois sur deux en moyenne à l’acquittement du prévenu.
De plus on peut voir que
le fond du crime passionnel se confond avec celui du crime d’honneur : une rage violente suscitée par la
découverte d’une infidélité réelle ou supposée.
La principale différence existant entre le crime passionnel
et le crime d’honneur est que le crime d’honneur est un système de défense réservé aux hommes alors
que le crime passionnel est traité comme un acte sexuellement neutre c'est-à-dire exécutable autant par
les hommes que par les femmes.
Les féministes notamment considèrent que le crime passionnel est
une mutation du crime d’honneur de par la justification du crime : une rage incontrôlée, or ceci est une
justification favorisant les hommes qui sont plus enclins à entrer dans cette fameuse rage.
Mais ces
considérations ne sont pas que des théories et des études ont prouvées que les hommes sont plus
souvent impliqués dans des crimes passionnels, ce qui est le sujet de la deuxième partie du présent
dossier.
2) Quelques données
a) données générales
Avant d’aborder la partie statistique de cette partie du dossier il est important d’apporter quelques
précisions sur le profil des personnes perpétrant des crimes passionnels.
Des auteurs tels que Wilson et Daly ( 1996) ont noté que les homicides conjugaux arrivaient de manière
significative plus souvent dans les unions libres que dans les couples mariés, mais aussi que les jeunes
mariées sont plus exposées au crime passionnel que les épouses de longue date.
Les auteurs notent
également que dans le cas d’unions libres se sont les femmes d’âge moyen qui sont le plus exposées au
crime passionnel tandis que dans le cas de mariages légaux ce sont les jeunes femmes qui sont le plus
menacées.
Enfin ils soulignent que le taux d’homicide entre conjoints augmente considérablement à
mesure que s’accroît la différence d’âge entre eux (voir également Mercy et Saltzman, 1989).
Mercater,
Houel et Sobota (2004) montrent quant à elles que la plupart des crimes passionnels se produisent dans
des liaisons de plus de deux ans, et que le taux de crime passionnel augmente encore lorsque la liaison
date de plus de dix ans.
Dans la même étude les auteures remarquent globalement que des « problèmes sociaux » au sens très
large (climat de violences entre homme et femme, alcoolisme, toxicomanie au moins médicamenteuse,
inceste, misère, condamnations antérieures…) sont mentionnés deux
fois plus souvent quand l’auteur est une femme que quand l’auteur est un homme.
Contrairement à ce qui
se passe pour les hommes, on retrouve pour les femmes les facteurs sociaux habituellement corrélés à la
délinquance féminine.
L'échantillon étudié par les auteures présente d'importantes ressemblances au
niveau socio-professionnel.
Avec une proportion de chômeurs ou de personnes sans activité parfaitement
comparable, leur échantillon n’est pas exemplaire des inégalités sociales et économiques qui sont
généralement associées à une plus forte criminalité.
Seuls méritent d’être remarquées une
surreprésentation des auteurs de crimes dits passionnels appartenant aux catégories « artisans » et «
ouvriers » et une sous-représentation des retraités.
Cette surreprésentation des artisans s’explique peut -
être, selon les auteures, par les liens d’argent qui lient les partenaires et qui peuvent encourager le
passage à l’acte.
Quant aux ouvriers, la plus grande fréquence du crime dit passionnel peut sans doute
être liée au poids relativement plus fort dans les milieux populaires de valeurs conjugales qui perpétuent
une conception inégalitaire du couple.
Quant à la sous-représentation des retraités, elle semble assez
logique : peut -être en fonction de ce stéréotype selon lequel les passions s’apaiseraient avec l’âge.
La plupart des chercheurs postulent qu’une première caractéristique du crime passionnel est la différence.
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