Pourquoi DORA a-t-elle interrompue son analyse ?

« FREUD nous parle que très peu de la mère de DORA, il nous a semblé évident qu’avec l’apport œdipien il en auraitété tout autrement, à savoir le poids du rôle de la mère dans cette dynamique.

A croire que FREUD l’aitvolontairement mise de côté.

Nous y reviendrons.Vouloir articuler le complexe d’Œdipe dans cette lecture est devenue comme irrépressible.

Avec les connaissancesde théories psychanalytiques actuelles, il ne peut en être autrement, ce qui nous amène à dire ; Comment lire le casDORA sans prendre en compte les lacunes que FREUD nous a laissé ?Tout d’abord faisons un retour rapide de ce qu’il en ait du complexe d’Œdipe.FREUD situe ce complexe dans la période entre 3 et 5 ans.

Il joue un rôle fondamental dans la structuration de lapersonnalité et dans l’orientation du désir humain.

Très tôt, FREUD pose les bases théoriques du complexe d’Œdipecomme étant le désir pour le parent de l’autre sexe et l’hostilité pour le parent du même sexe autour d’un seul objetd’amour, la Mère, que cela soit pour la garçon ou la fille.Pour le garçon, il y a d’abord désir œdipien, désir de posséder la mère, tempéré par la menace fantasmatique decastration.

L’angoisse émanent de cette menace est surmontée grâce à l’identification au père, mettant fin àl’Œdipe. Chez la fille comme chez le garçon, la mère est le premier objet d’investissement libidinal.

Mais à l’inverse du garçon,c’est l’angoisse de castration qui fait entrer la fille dans le processus Œdipien.

Il y a changement d’objet d’amour etla sortie de l’Œdipe demeure problématique risquant de plonger la fille dans une revendication infinie d’amoureuseblessée, soit dans un renoncement mortifère ou encore de la renvoyer à ses premiers amours pour la mère.C’est bien à ce moment qu’il serait pour nous intéressant de se pencher sur le cas DORA et de mettre le doigt sur latriangulation œdipienne.DORA entretenait pour son père une forte tendresse, ce qui se retrouvait accentué à chaque nouvelle maladie dupère.

FREUD : « Cette tendresse avait été encore accrue depuis l’âge de 6 ans par les nombreuses et gravesmaladies du père ».

(p.10).

Mais elle entretenait également une forte relation avec sa famille paternelle.

FREUD : «la jeune fille…avait de tout temps sympathisé surtout avec sa famille paternelle ».

(p.11).

En ce qui concerne lamère de DORA, FREUD dit « Je n’ai pas connu la mère ».

(p.11).

De toute évidence, Dora était en opposition à samère et elle en faisait une description péjorative, comme le faisait son père.

FREUD dit « D’après les renseignementsfournis par le père et la fille, je fus amené à me la représenter comme une femme peu instruite et surtoutinintelligible… ».

(p.11).La position de DORA vis-à-vis de sa mère nous renvoie bien au complexe d’Œdipe où elle cherche sans doute àl’évincer pour pouvoir investir son père.

La mère de DORA dans cette position « d’écartée » avait un rôle à jouerdans cette dynamique et elle ne l’a pas remplie « …avait concentrée depuis la maladie de son mari et la désunion quis’ensuivit, tout son intérêt sur le ménage et qui présentait le tableau de ce qu’on pourrait appeler la “psychose de laménagère“ ».

(p.11).

Elle a comme qui dirait laissé la place à sa fille.Mais ce qui devient intéressant c’est l’articulation de la famille K dans cette dynamique.

Que peut-on en dire ? Mr Kétait apparemment fortement attaché à DORA, celle-ci l’eut été également.

Mais c’est à cet emplacement de cesindividus que l’on pourrait développer un autre axe de réflexion.

Nous allons y revenir.DORA voyait Mme K avec « adoration », «Je suis attachée à Mme K par une sincère amitié ».

(p.11).

Elle prend soindes deux enfants du couple K, ce qui pour FREUD lui permet d’avancer que DORA « aurait en quelque sorteremplacée leur mère ».

(p.11).Nous voici face à face comme ce qui serait une réactualisation du complexe d’Œdipe par DORA sur les personnes deMr K, un père de substitution, et Mme K, une mère.Donc, si nous reprenons l’ensemble des éléments, nous avons Dora qui s’occupe des enfants du couple K, elle prenden quelque sorte la place de la mère, à savoir la place de Mme K, ce qui est de l’ordre du fantasme dans ladynamique œdipienne.

Elle dit adorer Mme K, ce qui sous-entend également une haine profonde envers celle-ci, sil’on se réfère au néologisme de LACAN, à savoir « l’hainamoration », puisque Mme K entretenait également unerelation amoureuse avec le père de DORA.Si nous poussons l’argumentation plus loin, DORA veut supprimer sa mère, originaire, pour avoir son père rien qu’àelle.

Mais de ce principe, elle doit également supprimer Mme K, qui est devenue sa principale rivale envers, d’unepart, son père et d’autre part, son père de substitution, Mr K.Ce qui a pu faire trauma, alors, au moment de la scène de séduction, c’est moins le fait que Mr K l’ait prit dans sesbras pour l’embrasser sur la bouche que si ça aurait été son véritable père.

Cela aurait pu être une penséeinsupportable pour DORA puisque cela relève de l’inceste.

Autrement dit, elle a obtenu ce qu’elle désiraitfantasmatiquement, c’est à dire avoir son père.

Bien sûr ce qui est avancé ici n’est que pure supposition.Mais imaginons un instant que Mr K ait subit, de la part de DORA, le transfert du père de DORA sur lui.

Alors le faitd’être embrassé par Mr K relève aussi de l’inceste, ou du moins pour DORA.Si on s’appuie sur ce qui est avancé, nous serions sans doute toujours en présence d’une hystérie mais deux destrois symptômes seraient à interpréter différemment.Le dégoût viendrait alors du fait de vivre une situation amoureuse fantasmatique avec le père.

Le baiser sur labouche, zone érogène labiale, devient alors quelque chose de dégoûtant puisqu’il n’est plus fantasmé mais devientréel et le « moi » ne peut l’accepter.

En ce qui concerne la pression du membre érigé en la personne de DORA, celanous pose une problématique puisque FREUD avance une supposition en ce qui concerne la scène dans le magasinet il tente, à partir du discours de DORA, une analyse sauvage de ce symptôme.

FREUD dit « si je suis en droit deme représenter la scène de cette façon, j’arrive à expliquer ainsi l’origine du dégoût ».

(p.20).

Autrement dit sanscette supposition, il n’y arriverait pas, donc FREUD introduit l’hypothèse qu’elle aurait pu sentir contre ellel’excitation de Mr K.Nous pouvons considérer cette scène d’une autre manière, sur la base du complexe d’Œdipe et aussi supposer unquestionnement en ce qui concerne la toux de DORA puisque FREUD nous dit « je tiens cependant à faire savoir qu’àmon point de vue le problème n’est pas résolu par la découverte de cette voie associative ».

(p.20), en ce qui. »