Objection faite à la psychanalyse - Réponse de Freud
Publié le 19/08/2013
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En soutenant, ainsi que nous avons vu qu'il le faisait, "le droit d'admettre un psychisme inconscient et de travailler avec cette hypothèse", Freud ne défend pas seulement ses théorie et pratique psychanalytiques, ainsi que celle du cercle de chercheurs qui s'est constitué autour de lui. Il nous permet aussi de comprendre, à la lumière de sa propre hypothèse, celle de l'inconscient, la nature et la fonction de toute hypothèse scientifique, qui est d'expliquer ce qui, bien souvent, est inexplicable au moyen de la seule observation, alors même que l'on doit toujours partir d'elle et y revenir si l'on veut faire œuvre de science. Sa plaidoirie présente donc pour nous un intérêt épistémologique de premier ordre.
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étant accrédité par l'observation de changements comportementaux obtenus en application de l'hypothèse.
Aussi Freud donne-t-il l'estocade finale à sesadversaires en écrivant : "s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nousinfluençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existencede ce dont nous avons fait l'hypothèse." Autrement dit, si nous parvenons, par exemple, à rendre conscients les sujets de ce qui les pousse à agir, en leurprocurant ainsi la maîtrise consciente de leurs actes, nous saurons que nous avions vu juste sur ce qui les influençait malgré eux de l'intérieur, nous auronsprouvé que ça les influençait effectivement.
On pourrait penser que Freud n'en est pas encore là, que le succès est encore à venir.
Ce n'est pas ce qu'ilveut dire.
Il invite simplement ses lecteurs à tirer les conséquences épistémologiques du succès de la psychanalyse.
Déjà à l'époque où il avait vu pratiquerl'hypnose par Charcot et Breuer, Freud avait pu constater lui-même que l'on pouvait influencer le cours des processus conscients conformément à un butdonné et cela l'avait mis sur la voie de la découverte de l'inconscient.
Charcot ordonnait sous hypnose à des hystériques de modifier leur comportement, cequ'elles faisaient une fois revenues à elles.
Breuer avait soulagé Anna O.
de certains de ses symptômes compulsionnels, de son hydrophobie en particulier,en la faisant se souvenir des événements qui les avait provoqués.Ayant démontré la validité de l'hypothèse de l'inconscient, Freud peut à présent récuser sans appel possible l'objection qui lui était faite et dont il étaitparti.
On lui contestait "le droit d'admettre un psychisme inconscient et de travailler avec cette hypothèse".
Il a prouvé que, sans elle, nombre de noscomportements resteraient inélucidés mais que, grâce à elle au contraire, on pouvait non seulement les comprendre mais aussi les changer.
Il peut dès lorsconclure, à l'intention de ses lecteurs, que "l'on doit donc se ranger à l'avis que ce n'est qu'au prix d'une prétention intenable que l'on peut exiger que toutce qui se produit dans le domaine psychique doive être connu de la conscience." Se trouve ainsi récusée comme insoutenable la thèse cartésienne selonlaquelle "nous ne saurions vouloir aucune chose que nous ne percevions par même moyen que nous la voulons" et, avec elle, le rejet de l'idée d'inconscient.Il faut bien l'admettre, nous dit Feud ailleurs : "l'homme est obscur à lui-même".
La pilule est certes amère : l'homme n'est pas le sujet aussi bien pensantqu'il pensait être.
Mais, son orgueil dût-il en souffrir, il lui faut bien reconnaître ses limites de "res cogitants", ne serait-ce que pour s'efforcer de les fairereculer.
En soutenant, ainsi que nous avons vu qu'il le faisait, "le droit d'admettre un psychisme inconscient et de travailler avec cette hypothèse", Freud ne défendpas seulement ses théorie et pratique psychanalytiques, ainsi que celle du cercle de chercheurs qui s'est constitué autour de lui.
Il nous permet aussi decomprendre, à la lumière de sa propre hypothèse, celle de l'inconscient, la nature et la fonction de toute hypothèse scientifique, qui est d'expliquer ce qui,bien souvent, est inexplicable au moyen de la seule observation, alors même que l'on doit toujours partir d'elle et y revenir si l'on veut faire œuvre descience.
Sa plaidoirie présente donc pour nous un intérêt épistémologique de premier ordre.Mais ce n'est pas là son seul intérêt philosophique.
En défendant, ainsi qu'il le fait, le droit de supposer l'existence de l'inconscient, Freud nous éclaire surnous-mêmes : nous serions tentés de surestimer le pouvoir de notre conscience alors que celui-ci est grandement hypothéqué par l'existence en nous deforces obscures qui commandent nos pensées, nos sentiments et nos choix .
Si nous voulons disposer de notre liberté, nous avons tout à gagner àcommencer par reconnaître, avec Freud, ses limitations premières, de façon et à nous employer en conséquence à reconquérir notre espace intérieur enprenant conscience de ce qui nous motive à notre insu.
Il y a va de notre qualité de sujets ayant vocation à être maîtres d'eux-mêmes !.
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