Nos décisions sont-elles fondées sur la raison ou sur les émotions ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
2.
LES MARQUEURS SOMATIQUES
Pour expliquer ce rôle des émotions dans la prise de décision, Damasio propose le
concept de « marqueurs somatiques ».
Certaines zones cérébrales, essentiellement
le cortex préfrontal et l'amygdale, se trouvent activées par des stimulations primaires
(la sensation agréable ou déplaisante qui accompagne une perception ou une action)
et secondaires (le souvenir et/ou l'imagination de ces sensations).
Damasio désigne
cette perception sous le nom de « marqueur », car elle agit à la façon d'un repère,
et la qualifie de « somatique » puisqu'elle concerne le corps ( soma est le nom
du corps en grec).
Un marqueur somatique fonctionne comme un signal d'alarme
automatique qui dit, par exemple : « Attention ! Ce choix risque de conduire à un
résultat néfaste », ce qui incite la personne à envisager une autre solution.
Damasio ne rejette toutefois pas le raisonnement dans la prise de décision.
Selon lui, les marqueurs somatiques, liés aux émotions, nous permettent d'éliminer
automatiquement, sans même y réfléchir, un certain nombre d'options, ce qui facilite
ensuite le travail de raisonnement.
3.
NOTRE CERVEAU CONFRONTÉ À DES DILEMMES
L'hypothèse des marqueurs somatiques a reçu de multiples confirmations, en
particulier dans des études portant sur des dilemmes moraux.
Voici une expérience
particulièrement troublante à cet égard1.
On présente à des sujets le texte suivant :
« Un bus se dirige vers cinq personnes qui seront tuées s'il continue sur sa trajectoire.
Le seul moyen de les sauver est de donner un coup de volant qui modifiera la
trajectoire du bus, et il tuera une seule personne au lieu de cinq.
Devriez-vous dévier
le bus afin de sauver cinq personnes aux dépens d'une ? » La plupart des gens
répondent oui.
Les chercheurs présentent parallèlement à d'autres personnes la situation
suivante : « Un bus se dirige vers cinq personnes qui seront tuées s'il continue
sur sa trajectoire.
Vous vous tenez debout près d'une forte personne que vous ne
connaissez pas, sur un pont qui enjambe la rue, juste entre le bus qui arrive et les
cinq personnes.
Le seul moyen de les sauver est de pousser cet étranger par-dessus
la passerelle.
Il mourra si vous le faites, mais son corps arrêtera le bus et empêchera
celui-ci de toucher les cinq personnes.
Devriez-vous sauver les cinq personnes en
poussant cet inconnu ? » La plupart des gens répondent non.
Par ailleurs, il leur est très difficile de fournir une justification rationnelle
satisfaisante à cette différence.
En fait, la principale différence entre les deux
situations n'est pas d'ordre rationnel, mais émotionnel : pousser soi-même
directement quelqu'un vers la mort est un acte plus significatif émotionnellement.
»
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