LE POINT DE VUE SUBJECTIF EN PSYCHOLOGIE

« LA PSYCHOLOGIE SUBJECTIVE 17 -C - La métaphysique de la durée concrète.

Bergson trouvait que l'introspection même est trop artificielle parce qu'elle est l'œuvre de l'intelligence.

Selon lui en effet l'intelli­ gence s'est déformée sous les exigences de l'action et ;lU contact de la matière ; pour ressaisir • les données immédiates de.

la conscience » il faut recourir à l'intuition, • espèce de sympathie [intellectuelle] par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquent d'inexprimable "· Il s'agit moins de décrire des faits de conscience ou des facultés de l'âme que cette « durée concrète » qui est ·la vie même de la conscience.

Bergson s'oppose donc à la fois à l'atomisme et à l'éclectisme, mais cette conception de la psychologie en fait la philosophie même ou métaphysique (On trouve chez William James une conception du • courant de conscience » qui rappelle celle de la durée concrète) Il.

EXAMEN CRITIQUE -A - Les insuffisances de l'introspection.

Auguste Comte a reproché à la méthode introspective d'être • radicalement nulle en son principe "• parce que le sujet ne peut s'observer vraiment lui-même.

C'est ainsi par exemple que «l'individu pensant ne saurait se partager en deux dont l'un raisonnerait pendant que l'autre regarderait raisonner », L'introspection n'aurait d'ailleurs aucune valeur scientifique : en effet, elle est subjective, c'est-à-dire que l'observation intérieure ne peut être contrôlée ; elle est parti­ culière, c'est-à-dire qu'elle ne vaut que pour l'individu observé ; elle est souvent faussée par des préjugés ou par les illusions de l'amour­ propre ; enfin elle est parfois impossible, notamment dans les états violents.

- B - Les illusions de la vie intérieure.

D'une façon plus générale on peut reprocher à la psychologie de conscience de se faire une conception discutable de la vie de l'esprit.

Elle admet en effet que la vie intérieure est ,constituée par un défilé en nous d'idées, d'images, de sentiments, etc ...

, qui .auraient une réalité propre et que nous pourrions- connaître par analyse, intros­ pection ou intuition.

Mais la vraie vie de l'esprit consiste à former ses pensées et non à les subir.

La conscience n'est pas une lumière qui éclairerait une vie psychique indépendante d'elle : elle est une activité qui crée sa propre vie, qui donne l'être à ses états.

Une idée ou un sentiment ne sont pas en nous comme des choses, ce sont des ·actes de l'esprit ; ils n'existent qu'autant qu'on les forme.. »