Le désir n'est-il qu'une tendance ?
Publié le 24/05/2012
Extrait du document
Le désir constitue comme la toile de fond de notre activité
intérieure. A l'avant-scène apparaissent de temps en temps,
avec des formes nettes et accusées sans lesquelles on n'a
pas l'impression du réel, de vives émotions ou des passions
violentes qui portent invinciblement à l'action, des volitions qui
comportent au contraire une parfaite maîtrise de soi. Dans les
intervalles et en marge de cette activité qui tire les regards,
se poursuit l'imprécis et capricieux
«
LA TENDANCE.
LE DÉSIR 27
déjà le posséder ; possession mentale et non physique, mais
réelle à sa manière et incomparablement plus complète, l'ima
gination ne se heurtant à aucune limite.
Par là le désir se
différencie du besoin, qui n'est qu'un simple manque et qui
devient douloureux quand il est conscient.
Aussi, tandis que
nous tendons à
éliminer nos besoins, nous voudrions conserver
nos désirs.
En fait, d'ailleurs, une fois satisfait, le désir se porte
ailleurs : tandis que le besoin peut se satisfaire, le désir est
insatiable.
C'est que le besoin se rattache à l'appétit, manifestation
des tendances organiques, tandis que le désir, comme l'incli
nation, est de nature psychologique.
Les appétits sont limités,
comme la matière d'où ils émanent.
Au contraire, la pensée n'a
pas de
limite, et lorsqu'elle a atteint le but qu'elle se proposait,
toujours un but nouveau se présente.
Nous sommes ainsi amenés à
préciser les rapports du désir
avec la tendance.
Il.
- SES RAPPORTS AVEC LA TENDANCE
A 1 'origine, le désir naît de la tendance : nous ne désire
rions jamais rien s'il n'y avait pas en nous des tendances, c'est
à·dire des puissances spontanément orientées vers certains
actes.
Mais la tendance ne deviendrait pas désir, si nous n'étions
pas conscients, c'est-à-dire si nous ne connaissions pas l'objet
vers lequel nous tendons ou du moins si nous n'avions pas
de
notre incomplétude un sentiment qui comporte une vague
appréhension de
l'objet capable de nous compléter.
C'est pour
quoi on définit ordinairement le désir par la tendance et la
conscience : le
désir dit le vocabulaire de Lalande, est une
" tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou ima
ginée"·
Mais au cours de la vie, par l'effet de J'habitude, la ten
dance naît du désir et beaucoup de nos tendances ne sont que
des
désirs consolidés.
Cependant, ce n'est pas de lui-même
que le
désir se consolide en tendance : il est des individus
dont toute la vie se consume en désirs sans qu'apparaisse en
eux la
force portant à l'action qui constitue la vraie tendance.
Cette transformation est le résultat des efforts accomplis pour
la satisfaction du désir: par eux ce n'est pas seulement l'ima
gination mais l'être tout entier qui s'oriente vers le but désiré;
c'est cette orientation devenue habitude qui constitue une ten
dance acquise..
»
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- Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas. Celles qui dépendent de nous ce sont l'opinion (ici le jugement), la tendance, le désir, l'aversion: en un mot tout ce qui est notre oeuvre. Epictète, Manuel page 5. Commentez cette citation.