L'agressivité chez les enfants et les adolescents
Publié le 19/01/2020
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19/01/2020 I. PREAMBULE ET DEFINITIONS Les résultats d’un sondage révèlent deux croyances majeures: Les comportements agressifs en école maternelle et élémentaire 1° - Les enfants deviennent plus violents en vieillisant (les adolescents sont plus agressifs que les enfants) 1 2°- Les enfants apprennent à devenir agressifs (en imitant les comportements parentaux notamment) Intervenante: 2 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. Les troubles mentaux et du comportement sont courants pendant l’enfance et l’adolescence. L’agressivité est fréquente et normale à la fin de la petite enfance et pendant la jeune enfance. Nous verrons que: • l’accès aux capacités intellectuelles et langagières (capacité à mettre des mots sur les émotions négatives), • la capacité de différer la satisfaction immédiate de ses désirs et de supporter la frustration, • Ou encore l’apprentissage de comportements « dérivatifs », permettent à la majorité des enfants de contrôler leur agressivité, notamment physique. Intervenante: 3 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. C’est le recours fréquent à l’agressivité qui n’est pas normal, même dans les toutes premières années de la vie. D’autre part, ces manifestations agressives, même normales, sont souvent problématiques dans un groupe d’enfants (fratrie, crèche, garderie, école…) et parfois difficiles à supporter pour des adultes peu disponibles. Intervenante: 4 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. Ce n’est pas parce qu’elles ne présentent pas de caractère pathologique, que l’adulte doit « tout supporter ». Nous verrons que l’enfant a à faire l’expérience de la frustration pour se socialiser et grandir. La difficulté pour les parents et professionnels de l’enfance, c’est de trouver le « juste milieu » en : • Évitant de « pathologiser » des comportements normaux, • « Laissant faire » sous prétexte que ces réactions agressives font partie du développement normal de l’enfant. Intervenante: Mais il faut distinguer la capacité d’être agressif et la fréquence du recours à l’agressivité. 5 Définition : L'agressivité est la manifestation de la tendance à nuire à autrui, que ce soit de façon réelle, imaginaire ou symbolique. Notion biologique : l'agressivité est un instinct naturel lié à tous les autres besoins vitaux, (prise de nourriture, fuite devant un danger ou comportement sexuel). Mais il n'y a pas de véritable agressivité entre des individus d'espèces différentes: le lion n'est pas agressif envers la gazelle. L'agressivité existe par contre entre les individus d'une même espèce: menace, soumission, compétition, agression... Cela est vrai pour l'homme. Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 6 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 1 19/01/2020 II. NOTIONS SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT DE 0 à 12 ANS Notion psychologique : la psychologie et la psychanalyse confirment l'origine biologique de l'agressivité. Le désaccord réside dans le sens donné au mot qui sera réservé soit à tout acte de caractère hostile, destructeur, soit à toute tendance active tournée vers l'extérieur, comme l'affirmation de soi, la possession, ou toute utilisation pour satisfaire ses besoins vitaux.. II.1. LES CONCEPTS DE « NORMAL » ET « PATHOLOGIQUE ». II.1.1. Mise en garde : La notion de normalité est dangereuse dans certaines circonstances et à certaines époques. Elle n’est pas neutre et est difficile à définir, elle est souvent associée aux représentations et à l’éthique d’une société. Il existe plusieurs conceptions de la normalité. Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 7 8 Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. II. 1.2. Définition de la normalité La norme signifie le juste milieu, la moyenne, ce qui sert généralement de référence mais il y a trois sens principaux : a) La normalité statistique: • Norme = fréquence, pourcentage majoritaire de comportements par rapport à une moyenne statistique. • Individus normaux = individus moyens, • Individus pathologiques = déviants de la norme ou de la moyenne. Ce qui est normal est alors ce qui s’observe le plus fréquemment. Le caractère arbitraire de ce concept représente un obstacle en psychologie. Intervenante: En effet: • il est difficile de trouver une moyenne précise aux phénomènes psychologiques, • la fréquence d’un phénomène ne suffit pas à rendre compte dans plusieurs cas de la notion de normalité. En effet, des phénomènes peuvent être fréquents mais pathologiques, • la norme n’a un sens que par rapport à un contexte de référence. 9 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. b) La normalité idéale ou sociale La normalité sociale fait référence aux règles éthiques, sociales et culturelles d’une société donnée. Intervenante: 10 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. La normalité sociale assimile l’équilibre psychologique au conformisme social ou culturel. Elle désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif aspire. • notion insuffisante => risque de faire considérer des attitudes passives de soumission silencieuse comme adaptées alors qu’elles peuvent cacher une véritable pathologie. Ex: conduites suicidaires. A l’inverse, certains peuvent être marginaux sur le plan social mais tout à fait équilibré psychiquement. Ex : homosexualité au début du XXème siècle. La normalité sociale demande de prendre en compte le point de vue de l’observateur. En tant que professionnel de l’aide à la personne, il faut être conscient de ses références personnelles, des références liées au groupe auquel on appartient, à son milieu social et culturel. Comme tout observateur, nous intériorisons tout un système de normes ; on peut alors avoir des préjugés vis-à-vis de tout ce qui est différent et considérer des comportements comme pathologiques, alors qu’ils sont normaux dans d’autres cultures.. Intervenante: Intervenante: 11 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 12 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 2 19/01/2020 c) La normalité fonctionnelle La normalité fonctionnelle correspond à l’état qui parait le plus approprié à un individu en fonction de ses caractéristiques psychologiques propres. Ainsi considérée, la normalité est identifiée comme l’épanouissement psychologique et le fonctionnement optimal des diverses composantes de la personne. En psychologie clinique, un état est considéré comme normal s’il est approprié à un individu donné avec ses caractéristiques et ses buts, la pathologie étant liée à une diminution des capacités d’adaptation et de création. Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 13 Intervenante: 14 II.2. LE DEVELOPPEMENT AFFECTIF . « Les pulsions agressives et les mécanismes de défense aux différents stades de développement ». Le développement affectif de l’enfant a été particulièrement étudié par Freud et les psychanalystes qui l’ont suivi. Pour Sigmund Freud, l'agressivité est liée à la pulsion. Celle-ci est à distinguer de l’instinct : • L'instinct est un comportement fixe, préformé, et spécifique à une espèce; • La pulsion a un aspect biologique et un aspect mental. C'est une force qui vient de l'organisme et qui provoque certains comportements. 15 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. Intervenante: 16 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. D’un point de vue psychanalytique, l’agressivité résulte de la frustration qui naît chez l’enfant dès qu’il se rend compte que les autres, et particulièrement sa mère, ne sont pas à sa disposition. Cette frustration est bénéfique pour sa construction car elle lui permet de trouver un cadre nécessaire pour vivre en société. Il faut lui apprendre à canaliser ses pulsions, à différer la satisfaction de ses désirs. L’enfant qui, pour diverses raisons, n’a pas pu se structurer de cette façon, est dans l’illusion, dans le désir de toute-puissance, ce qui ne peut engendrer que de la souffrance. Intervenante: Chez l’enfant, on doit se référer à un niveau de développement tout en tenant compte des variations individuelles; la présence d’un symptôme peut être problématique à un certain âge et tolérée à un autre. C’est le cas des manifestations agressives. Les symptômes peuvent être différents selon le contexte familial, social, le niveau de maturation et la problématique de l’enfant.. Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. Les scientifiques qui ont étudié le développement « normal » de l’enfant se sont intéressés à différents aspects: développement affectif, intellectuel, de la socialisation… en fonction de leurs spécialités. Ces distinctions sont sans doute arbitraires; dans la réalité, tous les aspects de la personnalité s'interpénètrent et s'influencent réciproquement. La division en périodes relève également de la commodité; il n'y a pas de rupture nette d'un stade à l'autre, mais une lente transition. Intervenante: d) Normalité et psychopathologie de l’enfant 17 L’agressivité serait une réaction à l’angoisse, quand elle ne peut s’exprimer, il peut y avoir formation de symptômes et mener à des pathologies. Dans la théorie freudienne, deux périodes de la petite enfance sont particulièrement marquées par des phénomènes d’agressivité: • De 18 à 24 mois, phase d’agressivité normale marquée par des sentiments d’opposition. Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 18 Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales. 3 19/01/2020 • Entre 3 et 4 ans, on observe une seconde période d’agressivité marquée au moment de la période oedipienne. A cette période, la relation devient triangulaire : place du père « Quand je serai grande, je me marierai avec papa… ». Le terme « complexe » possède une connotation péjorative (souvent assimilé à une situation anormale ex: complexe d’infériorité, de supériorité, complexé par sa taille…). Ici, le terme signifie la complexité des sentiments contradictoires qui animent l’enfant à une période précise de son enfance entre 3,5 et 6 ans environ. L’enfant éprouve un sentiment « amoureux » à l’égard du parent de sexe opposé et un sentiment de rivalité (teinté d’admiration) pour le parent de même sexe. La résolution du complexe d’oedipe permet à l’enfant d’ assimiler la « loi » paternelle. Si la mésentente règne dans le couple, l’enfant en déduit que la place est libre auprès d...
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Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales.
Notion psychologique : la psychologie et la
psychanalyse confirment l'origine biologique de
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Le désaccord réside dans le sens
donné au mot qui sera réservé soit à tout acte de
caractère hostile, destructeur, soit à toute
tendance active tournée vers l'extérieur,
comme l'affirmation de soi, la possession, ou
toute utilisation pour satisfaire ses besoins
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NOTIONS SUR LE DEVELOPPEMENT DE
L’ENFANT DE 0 à 12 ANS
II.1.
LES CONCEPTS DE « NORMAL » ET
« PATHOLOGIQUE ».
II.1.1.
Mise en garde :
La notion de normalité est
dangereuse dans certaines
circonstances et à certaines époques.
Elle n’est pas neutre et est difficile à définir, elle
est souvent associée aux représentations et à l’éthique
d’une société.
Il existe plusieurs conceptions de la
normalité.
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II.
1.2.
Définition de la normalité
La norme signifie le juste milieu, la moyenne,
ce qui sert généralement de référence mais il y a trois
sens principaux :
a) La normalité statistique:
• Norme = fréquence, pourcentage majoritaire
de comportements par rapport à une moyenne
statistique.
• Individus normaux = individus moyens,
• Individus pathologiques = déviants de la norme
ou de la moyenne.
Ce qui est normal est alors ce qui s’observe
le plus fréquemment.
Le caractère arbitraire de ce
concept représente un obstacle en psychologie.
1010 Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales.
En effet:
• il est difficile de trouver une moyenne précise aux
phénomènes psychologiques,
• la fréquence d’un phénomène ne suffit pas à rendre
compte dans plusieurs cas de la notion de normalité.
En effet, des phénomènes peuvent être fréquents
mais pathologiques,
• la norme n’a un sens que par rapport à un contexte
de référence.
b) La normalité idéale ou sociale
La normalité sociale fait référence aux règles
éthiques, sociales et culturelles d’une société donnée.
1111 Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales.
La normalité sociale assimile l’équilibre
psychologique au conformisme social ou culturel .
Elle désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif
aspire.
• notion insuffisante => risque de faire
considérer des attitudes passives de soumission
silencieuse comme adaptées alors qu’elles peuvent
cacher une véritable pathologie.
Ex: conduites
suicidaires.
A l’inverse, certains peuvent être
marginaux sur le plan social mais tout à fait équilibré
psychiquement.
Ex : homosexualité au début du
XXème siècle.
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Intervenante: Véronique DELESPIERRE, Psychologue clinicienne des interventions cognitico-comportementales, éducatives et sociales.
La normalité sociale demande de prendre en
compte le point de vue de l’observateur.
En tant que professionnel de l’aide à la personne,
il faut être conscient de ses références personnelles ,
des références liées au groupe auquel on appartient, à
son milieu social et culturel.
Comme tout observateur,
nous intériorisons tout un système de normes ; on peut
alors avoir des préjugés vis-à-vis de tout ce qui est
différent et considérer des comportements comme
pathologiques, alors qu’ils sont normaux dans d’autres
cultures...
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