La Psychopathologie de la vie quotidienne de FREUD
Publié le 17/09/2006
Extrait du document
Le titre de ce document est emprunté à un livre que publia Freud en 1901, livre consacré à l'étude des banales erreurs, omissions, lapsus linguae, etc., dans la vie de tous les jours. Freud estimait que ces phénomènes ne constituaient pas des exemples montrant le libre jeu du hasard au sein de l'existence humaine, mais qu'en fait ils symbolisaient des attitudes inconscientes. Pareils aux rêves, ces erreurs, omissions et lapsus, dus en apparence au hasard, possédaient un sens, et, comme en ce qui concernait les rêves, ce sens ne pouvait se découvrir que grâce à la méthode psychanalytique de l'association libre; mais une fois découvert il était clair et incontestable, au moins pour l'auteur de l'acte, de l'omission ou de l'erreur. Parmi ces erreurs, omissions ou lapsus linguae l'on peut distinguer trois catégories :
1. Une impulsion émotionnelle se trouve libérée sans refoulement; il s'agit en réalité d'un acte symptomatique. 2. Une impulsion émotionnelle est incomplètement refoulée, ce qui donne un acte manqué. 3. Une impulsion émotionnelle est complètement refoulée, et l'acte se trouve inhibé.
«
économies.
Il ne pouvait distinguer aucun lien entre ce souvenir et le précédent; finalement, il demanda à sa mère sielle se rappelait la chose.
Elle répondit par l'affirmative, et déclara qu'à la fin la bonne avait été surprise par le demi-frère en flagrant délit de vol.
Accusée, elle avait été arrêtée par la police.
La bonne avait commis la plupart de sesvols alors que la mère de Freud mettait au monde sa soeur cadette.Ici Freud se trouva lui-même en mesure de compléter le souvenir en se rappelant que le mot confinement (Le motanglais confinement signifie à la fois accouchement et emprisonnement.) avait été employé devant lui, âgé de troisans à peine, dans deux acceptions tout à fait différentes : d'une part à propos de l'accouchement de sa mère, etd'autre part en tant que motif de la disparition de la bonne — arrêtée et détenue au poste de police.
Lorsque naquitson frère, Freud, ayant une fois encore été privé de la présence de sa mère en raison de ses couches, avait pris ceconfinement dans son sens littéral : l'enfant s'était figuré sa mère emprisonnée quelque part dans la maison.
C'estpourquoi il avait supplié son demi-frère d'ouvrir le coffre; le souvenir de la sveltesse maternelle peut fort bien être liéau fait que la silhouette de la mère avait beaucoup changé, même aux yeux de l'enfant, entre le stade final de lagrossesse et la réapparition après délivrance.Ce que nous avons appris dans la Science des rêves nous mène droit au coeur du problème, et donc à reconnaîtrece que Freud avait dévoilé quarante ans après l'événement grâce à sa propre analyse.
Sa frayeur que sa mère nefût enfermée dans le coffre ne reposait sur aucun fondement rationnel; et d'ailleurs, en y repensant, Freud n'étaitpas certain d'avoir véritablement cru qu'elle y fût.
Ce qu'il savait, c'est qu'encore une fois quelque chose avaitemporté loin de lui sa mère, quelque chose qu'il ne se sentait pas le droit de tirer au clair.
A nous de spéculer sur lamesure dans laquelle un enfant de cet âge pouvait être au courant des aspects sexuels et biologiques de lanaissance de ses frères et soeurs; mais il ne fait à coup sûr aucun doute qu'il s'agissait là d'un événement trèstroublant, et que l'expression de ce trouble subît un déplacement classique.
L'enfant pleurait de la jalousie angoisséeque lui causait sa séparation d'avec sa mère, séparation qui n'était pas la première; il rationalisait le motif de seslarmes, en faisant de ce motif quelque chose d'immédiat, dont l'investigation du moins était permise —l'emprisonnement de sa mère au sein du coffre —, plutôt qu'autre chose dont l'expérience lui avait montré qu'iln'avait pas le droit de la tirer au clair.Ce fragment d'auto-analyse de Freud nous rappelle aussi l'existence des souvenirs-écrans, dont il constitue unparfait exemple.
Freud ne se remémore que l'événement qui recouvrait la cause ultime de son anxiété, non lavéritable nature de l'anxiété même.
Mais il en résulta un comportement qui doit avoir semblé remarquable à sa mère,et qu'à l'époque, lui-même eût été bien certainement incapable d'expliquer.Il nous donne un plus récent exemple, emprunté à sa clientèle :« Une jeune femme, très énergique et autoritaire, me parle de son mari malade qui a été consulter un médecin sur lerégime qu'il doit suivre.
Et elle ajoute : « Le médecin lui a dit qu'il n'y avait pas de régime » spécial à suivre, qu'ilpeut manger et boire ce que » je veux » (au lieu de : ce qu'il veut).
»Ici le lapsus indique la décharge partielle d'une impulsion émotionnelle incomplètement refoulée : en l'occurrence, ladétermination chez la femme de dominer son mari sans toutefois le reconnaître.Un exemple du troisième type de parapraxis, l'acte entièrement refoulé, peut être ici encore emprunté directementau texte même de Freud :
« J'aime le bon buvard et me propose de profiter d'une course que je dois faire cet après-midi dans le centre de laville, pour en acheter.
Mais pendant quatre jours consécutifs j'oublie mon projet et je finis par me demander quellepeut être la cause de cet oubli.
Je trouve cette cause, en me rappelant que j'ai l'habitude d'écrire Löschpapier, maisde dire Fliesspapier ( Les deux mots servent également à désigner le « papier buvard ».
(N.
du T.)).
Or, « Fliess »est le nom d'un de mes amis de Berlin, au nom duquel se sont trouvées associées dans mon esprit, ces joursderniers, des idées et préoccupations pénibles.
Je ne puis me défaire de ces idées et préoccupations, mais l'instinctde défense se manifeste en se déplaçant, à la faveur de la ressemblance phonétique, sur le projet indifférent et, dece fait, moins résistant.
»
Cet exemple date de l'époque où Freud rejouait le scénario de sa séparation d'avec Breuer en remplaçant ce dernierpar Fliess, autre confident, autre image paternelle.
Une partie de l'anxiété refoulée de Freud à propos de Fliess étaitdue au fait que leur séparation provenait d'actions commises par Freud et dont il avait des raisons d'avoir honte; enoutre, une amitié qui avait signifié tellement pour lui s'était trouvée brisée d'une façon qui s'opposait à l'idée de soi-même qu'avait Freud : celle d'un homme honorable, absolument sans détour.
Il était bien caractéristique de lui qu'ilne se fût pas épargné à lui-même, non plus qu'à ses lecteurs, cet exemple de l'effet d'un conflit refoulé dans undomaine qui continuait de le troubler.Freud ne prétendait pas se trouver seul à l'origine des observations contenues dans la Psychopathologie de la viequotidienne.
En fait, il cita Darwin et Nietzsche à l'appui de ses propres remarques.
Darwin avait écrit dans sonautobiographie :
« J'avais durant des années suivi une règle d'or : à chaque fois que je rencontrais un fait publié, une observation ouune idée nouvelle, contredisant l'ensemble de mes résultats, je les notais sans exception et tout de suite; en effet,l'expérience m'avait appris que ce genre de faits et d'idées avaient bien plus de chances d'échapper à la mémoireque les faits et les idées favorables.
»
Nietzsche avait exprimé la même idée, de façon frappante, en son Par-delà le bien et le mal :.
»
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