La psychologie de l'intelligence
Publié le 04/05/2023
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Table des matières
L’intelligence malgré tout, par Olivier Houdé
Préface, par Jean Piaget
Préface de la seconde édition, par Jean Piaget
Première partie
La nature de l’intelligence
I.
Intelligence et adaptation biologique
Situation de l’intelligence dans l’organisation mentale
Nature adaptative de l’intelligence
Définition de l’intelligence
Classification des interprétations possibles de l’intelligence
II.
La « psychologie de la pensée » et la nature psychologique des opérations logiques
L’interprétation de B.
Russell
La « psychologie de la pensée » : Bühler et Selz
Critique de la « psychologie de la pensée »
Logique et psychologie
Les opérations et leurs « groupements »
La signification fonctionnelle et la structure des « groupements »
Classification des « groupements » et des opérations fondamentales de la pensée
Équilibre et genèse
Deuxième partie
L’intelligence et les fonctions sensori-motrices
III.
L’intelligence et la perception
Historique
La théorie de la Forme et son interprétation de l’intelligence
Critique de la psychologie de la Forme
Les différences entre la perception et l’intelligence
Les analogies entre l’activité perceptive et l’intelligence
IV.
L’habitude et l’intelligence sensori-motrice
L’habitude et l’intelligence.
I.
Indépendance ou dérivations directes.
L’habitude et l’intelligence.
II.
Tâtonnement et structuration.
L’assimilation sensori-motrice et la naissance de l’intelligence chez l’enfant
La construction de l’objet et des rapports spatiaux
Troisième partie
Le développement de la pensée
V.
L’élaboration de la pensée : intuition et opérations
Différences de structure entre l’intelligence conceptuelle et l’intelligence sensori-motrice
Les étapes de la construction des opérations
La pensée symbolique et préconceptuelle
La pensée intuitive
Les opérations concrètes
Les opérations formelles
La hiérarchie des opérations et leur différenciation progressive
La détermination du « niveau mental »
VI.
Les facteurs sociaux du développement intellectuel
La socialisation de l’intelligence individuelle
« Groupements » opératoires et coopération
Conclusion
Bibliographie sommaire
© Armand Colin, 2012 pour la présente édition.
ISBN 978-2-200-28364-3
www.armand-colin.fr
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ARMAND COLIN ÉDITEUR • 21, RUE DU MONTPARNASSE • 75006 PARIS
Bibliothèque des classiques
Pierre ALBOUY, Mythes et mythologies dans la littérature française [1962 ], Armand
Colin, 2012.
Nels ANDERSON, Le Hobo : sociologie du sans-abri [1923], Armand Colin, 2011.
Peter BERGER, Thomas LUCKM ANN, La Construction sociale de la réalité [1966], Armand
Colin, 2012.
John DEWEY, Démocratie et éducation [1916], suivi de Expérience et Éducation [1938],
Armand Colin, 2011.
Alain GIRARD, Le Choix du conjoint [1964], Armand Colin, 2012.
Jack GOODY, L’Évolution du mariage et de la famille en Europe [1983], Armand Colin,
2012.
Carl HEM PEL, Éléments d’épistémologie [1966], Armand Colin, 2012.
Karl MANNHEIM , Le Problème des générations [1928], Armand Colin, 2011.
Jean PIAGET , La Psychologie de l’intelligence [1947], Armand Colin, 2012.
Jean ROUSSET , Le Mythe de Don Juan [1978], Armand Colin, 2012.
Henri WALLON, L’Évolution psychologique de l’enfant [1941], Armand Colin, 2012.
L’intelligence malgré tout par Olivier Houdé
1942 correspond au milieu de la vie de Jean-Piaget, né à Neuchâtel en 1896, décédé à Genève en
1980.
Âgé de 46 ans, c’était pour Piaget l’année de « l’intelligence malgré tout ».
En pleine guerre
mondiale (il avait déjà connu la tragédie de 1914-1918), le Collège de France à Paris l’invitait à
donner une série de leçons sur « la psychologie de l’intelligence ».
Piaget a accepté.
Cela lui
ressemblait : malgré la guerre et la déconstruction de la France occupée depuis 1940, il continuait de
construire résolument son édifice intellectuel, tout comme l’enfant doit, selon lui, construire son
intelligence par le choix de ses actions et la prise de distance par rapport au réel.
Il s’en justifie
toutefois dès la première page du volume de publication de ses leçons après la guerre (1947) par
Armand Colin, rappelant le privilège qu’il a eu de répondre à l’invitation du Collège de France
« […] à une heure où les universitaires éprouvaient le besoin de marquer leur solidarité en face de la
violence et leur fidélité aux valeurs permanentes » (p.
18, éd.
2012).
70 ans : 1942-2012
Après une seconde édition inchangée de ce volume en 1967, c’est en 2012, très exactement 70 ans
plus tard, que le même éditeur, Armand Colin décide de rééditer La Psychologie de l’intelligence de
Jean Piaget dans la collection « Bibliothèque des classiques ».
L’éditeur m’a invité à préfacer cette
nouvelle édition dans le même esprit d’hommage critique que celui souhaité par les Presses
universitaires de France lors de la réécriture actualisée (Houdé, 2004) du « Que sais-je ? » no 369,
La Psychologie de l’enfant de Jean Piaget et Bärbel Inhelder (1966).
Ces deux petits ouvrages, un
peu jumeaux, sont les plus accessibles de l’œuvre de Piaget.
L’objectif est ici de restituer l’originalité de La Psychologie de l’intelligence dans le contexte du
milieu du XXe siècle et de montrer en quoi 70 ans plus tard – à l’heure des sciences et neurosciences
cognitives – certaines fulgurances intellectuelles de Piaget restent d’une étonnante actualité, alors que
d’autres aspects de l’œuvre sont datés.
Les cibles de 1942 : le logicisme et la théorie de la Forme
Si l’on essaye d’identifier quelles sont les forces intellectuelles de l’époque, c’est-à-dire les
interlocuteurs, contradicteurs potentiels, par rapport auxquels Piaget prend le plus grand soin de se
démarquer dans ce livre – ses cibles –, on en dégage très clairement deux, respectivement du côté de
la logique et du côté de la perception : (1) le philosophe Bertrand Russell (1872-1970) et (2) les
psychologues de la Forme (Gestalt).
Piaget s’oppose fermement à Russell et à son idée que les lois logiques ont une teneur objective
idéale, indépendante de la psychologie (le logicisme).
Il en dénonce d’ailleurs l’influence sur la
« psychologie de la pensée » contemporaine (Denkpsychologie) selon laquelle la pensée se réduirait
à un simple miroir de la logique.
Pour Piaget, c’est la logique qui est le miroir de la pensée humaine
et non l’inverse ! On mesure ici le rapport de force Piaget/Russell et la puissance du renversement
opéré par Piaget : « la logique est une axiomatique de la raison dont la psychologie de l’intelligence
est la science expérimentale correspondante » (p.
51).
C’est la légitimité même du métier de
« psychologue généticien de l’enfant (au sens d’ontogenèse) » que la position de Russell menaçait.
Piaget fait ainsi état des propos d’un « russellien anglais disant un jour, pour prouver l’inutilité des
recherches sur la pensée de l’enfant, que le logicien s’intéresse aux idées vraies, tandis que le
psychologue trouve plaisir à décrire les idées fausses » (p.
42) – plaisir futile bien entendu.
Avec une fermeté moindre mais tout aussi stratégique – du côté de la perception et non de la
logique cette fois – Piaget se démarque de la psychologie de la Forme qui, par un autre chemin,
reconnaît l’existence de lois ou structures qui s’imposent a priori à la psychologie, indépendamment
du développement mental.
Ce point de vue a-développemental ne convient pas non plus à Piaget,
même si la notion de forme d’ensemble (Gestalt) ne peut lui déplaire en raison de son propre goût
pour les structures d’ensemble de la pensée enfantine : les groupements mentaux d’opérations logicomathématiques réversibles (nombre, catégorisation, etc.) qu’il décrit finement dans ce livre (chap.
II).
Rappelons qu’il vient de publier en 1941 La Genèse du nombre chez l’enfant, l’un de ses ouvrages
majeurs (Piaget & Szeminska, 1941) ; la même année 1941 il publie « Le mécanisme du
développement mental et les lois du groupement des opérations : Esquisse d’une théorie opératoire
de l’intelligence » dans la revue suisse Archives de Psychologie (Piaget, 1941) – il publiera en 1949
chez Armand Colin le Traité de logique : essai de logistique opératoire.
Le chemin est donc balisé.
Ni logiciste (les lois de la logique a priori) ni gestaltiste (les lois de la
perception a priori), s’opposant avec autant de force à l’innéisme [René Descartes (1596-1650),
Emmanuel Kant (1724-1804)] qu’à l’empirisme passif [apprentissage par associations : John Locke
(1632-1704), David Hume (1711-1776), etc.], Piaget vise à analyser le plus finement possible les
« paliers d’équilibre » (stades) à travers lesquels, en partant de la perception et des habitudes
sensori-motrices des bébés (chap.
III et IV) émergent les premières formes de l’intelligence avant le
langage (permanence de l’objet, groupe pratique des déplacements inspiré du mathématicien Henri
Poincaré, 1854-1912) et se construit progressivement dès 2 ans la pensée intuitive, puis opératoire
(logique) concrète (6-7 ans) et formelle (12-16 ans) des enfants et adolescents (chap.
V).
Cette
dernière étape correspond au raisonnement hypothético-déductif, forme la plus achevée de
l’intelligence qui permet la prise de distance maximale par rapport au....
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