LA PERVERSION: la notion de perversion avant et après Freud
Publié le 24/07/2012
Extrait du document
En effet, les psychologues et les sexologues d’autrefois étudiaient et classaient les différentes formes de perversion, alors qu’aujourd’hui ils semblent abolir l’idée d’une existence de la perversion : sous la pression de mouvements LGBT dans les années 70 qui étaient considérés comme pervers, et après la partition du DSM (dont j’ai déjà parlé), la plupart des pratiques sexuelles identifiées auparavant comme perverses sont maintenant regroupées sous le terme de « paraphilies « au pluriel. Ce terme sert à désigner un peu tout et n’importe selon Roudinesco : il désigne à la fois tous les sujets ayant des fantasmes pervers, mais aussi tous ceux qui se livrent réellement à des pratiques sexuelles perverses, qu’elles soient dangereuses ou non, et c’est ce qui pose problème car cette nouvelle notion de paraphilies ne permet pas de distinguer le bien du mal comme le faisait la notion de perversion qui elle est plus clairement associée au mal, à la transgression. Il y a donc dans cette partie une dénonciation des psychologues qui pour être politiquement corrects abandonnent l’idée de perversion et du coup rendent flou la distinction entre le Bien et le mal.
«
cas ; l'idée c'est : est-ce que la fin de la seconde guerre mondiale, et de la guerre froide marque la fin de la perversion ? Autre question : comment est considérée lanotion de perversion aujourd'hui ? Roudinesco va analyser la notion de perversion aujourd'hui, d'abord en réfléchissant sur le rapport homme/animal, qu'elleconsidère comme pervers aujourd'hui (1) ; puis elle va critiquer ceux qui remettent en question actuellement la notion de perversion (2) ; enfin, elle va présenter lesdeux grandes figures perverses actuelles : le pédophile et le terroriste (3).1.
Première Partie du texte (p.
169 à 198) : la perversion à travers le rapport homme/animal : Elisabeth Roudinesco explique d'abord que la société d'aujourd'hui estperverse car elle efface les frontières, notamment entre l'humain et l'animal.
Le point de départ de sa réflexion c'est la bestialité dans son sens primitif à savoir larelation sexuelle entre un homme et un animal.
La « zoophilie » a toujours existé : Théodora (impératrice byzantine) s'exhibait en public dans les arènes deConstantinople et des oies spécialement dressées venaient picorer des graines dans son vagin pour lui procurer du plaisir.
Pendant longtemps, les animaux ont étéutilisés dans des bordels pour favoriser l'orgasme des hommes (citer p.
175) ; or depuis le Moyen-Âge la religion catholique a proscrit toute forme de zoophilie en laprésentant comme une hérésie contre-nature ; c'est pourquoi, au Moyen-âge Claudine de Culam qui était prise en levrette par son chien fut brûlée avec son animal.Mais à partir du 19ème s.
la frontière des espèces entre homme et animal va avoir tendance à s'effacer : les ethnologues du XXème siècle vont expliquer que lasexualité des bonobos a l'air très humaine ; en effet ils copulent face à face, ils connaissent des orgasmes intenses qui leur font pousser des cris, ils se font descaresses, ils pratiquent la sodomie.
Or selon l'auteur, assimiler la sexualité des animaux à celle des hommes, c'est une grave erreur ; il faut reconnaître que jamais lasexualité animale ne ressemblera à celle des hommes parce qu'elle est dénuée je cite « d'érotisme, de langage symbolique complexe, et de conscience d'elle-même » ;elle reste très mécanique.Ensuite Elisabeth Roudinesco en vient à critiquer la théorie la plus perverse selon elle concernant les rapports hommes/animaux, celle de Peter Singer.
Ce philosophedu XXème s.
modifie les lois de la nature, en faisant de l'homme une espèce égale à l'animal puisqu'il fait l'apologie de la zoophilie en expliquant que les animaux,étant doués d'intelligence, sont attirés sexuellement par les hommes ; il est favorable à une réhabilitation des zoophiles et même au mariage entre les animaux et leshommes.
Pour Roudinesco, on ne peut pas renier une différenciation et une incompatibilité sexuelle des espèces.Pour finir cette réflexion, l'auteur critique deux phénomènes actuels, courant dans les médias et les livres : l'anthropomorphisme et le zoomorphisme (c'est l'inverse del'anthropomorphisme) qui sont des formes de rejets de la frontière entres espèces.2.
Une disparition progressive de la perversion ? (deuxième partie : p.
198 à 204) : Roudinesco continue sa réflexion sur la part obscure de notre société actuelle qui,non seulement fait disparaître les frontières entre espèces, mais en plus « fait disparaître l'idée même de perversion ».En effet, les psychologues et les sexologues d'autrefois étudiaient et classaient les différentes formes de perversion, alors qu'aujourd'hui ils semblent abolir l'idéed'une existence de la perversion : sous la pression de mouvements LGBT dans les années 70 qui étaient considérés comme pervers, et après la partition du DSM(dont j'ai déjà parlé), la plupart des pratiques sexuelles identifiées auparavant comme perverses sont maintenant regroupées sous le terme de « paraphilies » aupluriel.
Ce terme sert à désigner un peu tout et n'importe selon Roudinesco : il désigne à la fois tous les sujets ayant des fantasmes pervers, mais aussi tous ceux qui selivrent réellement à des pratiques sexuelles perverses, qu'elles soient dangereuses ou non, et c'est ce qui pose problème car cette nouvelle notion de paraphilies nepermet pas de distinguer le bien du mal comme le faisait la notion de perversion qui elle est plus clairement associée au mal, à la transgression.
Il y a donc dans cettepartie une dénonciation des psychologues qui pour être politiquement corrects abandonnent l'idée de perversion et du coup rendent flou la distinction entre le Bien etle mal.3.
Parmi les « paraphiles dangereux », il y a deux grandes figures perverses aujourd'hui, c'est le pédophile et le terroriste, et c'est ce sur quoi Roudinesco consacre satroisième partie (p 204-219).
Ces deux personnages ont remplacé les anciennes figures perverses qui étaient l'enfant qui se masturbe, l'homosexuel, et la femmehystérique/la sorcière, rappelle l'auteur = évolution de la notion de perversion indéniable.- La pédophilie.
Histoire contemporaine de la pédophilie, sur laquelle je passe.
L'idée en gros, c'est qu'il y a eu une reconnaissance progressive du statut de victime del'enfant violé, ce qui n'était pas vraiment le cas avant.
Au-delà de ça se demande Roudinesco, comment la société d'aujourd'hui considère-t-elle et traite-t-elle lespédophiles ? L'auteur explique que là-bas les sexologues actuels infligent des traitements curieux aux pédophiles : aux Etats-Unis et au Canada, les pédophiles sontamenés à regarder des images pornographiques hétérosexuelles « jusqu'à plus soif » en étant analysés par des machines, pour rectifier leurs déviance sexuelle.
Quandtout ça est inefficace, les médecins recourent aux électrochocs, à la castration ou aux soins médicamenteux (parfois contre la volonté des pédophiles).
Cependant est-il juste de donner une réponse exclusivement médicamenteuse ou chirurgicale au pédophile ; n'est-il pas mieux de recourir à des traitements plus classiques tels quepsychothérapie, prise en charge sociale, enfermement, etc.
? C'est exactement le message de Stanley Kubrick dans le film Orange Mécanique.
Ce genre de pratiquesdes sexologues a encouragé les gouvernements à multiplier les tentatives de préventions de la délinquance (sexuelle ou non) de manière bizarre.
Par exemple, legouvernement britannique a autorisé à identifier, par toutes sortes d'examens médicaux, les futurs citoyens les plus à risques en examinant des enfants de moins de 3ans et des fœtus.
De la même manière des traitements barbares sont employés pour soigner des névrosés.
Ainsi, dans ce chapitre, l'auteur critique la Science (et la Loiencore une fois) qui emploient des techniques souvent inutiles et barbares afin de supprimer la perversion, sans pourtant y parvenir, et qui rejettent la psychologietraditionnelle.
// Orange Mécanique.- Pour finir, c'est la figure du terroriste qui est analysée.
Critique véhémente du terroriste, en particulier de l'islamiste.
Depuis le 11 Septembre 2001, le terroriste est lepire des pervers, il parvient à effacer les frontières étatiques, à faire trembler les grandes puissances du monde, et veut établir son propre état et sa loi.
La plupart dutemps le terroriste actuel (comme ceux qui ont abattus les tours jumelles) a étudié dans les meilleurs universités occidentales, s'est plutôt bien intégré dans unesociété, il l'a infiltrée pour mieux la détruire, et fait un usage pervers de son savoir.4.
Conclusion de l'œuvre : En conclusion, Roudinesco reproche à nouveau à certains psychologues et à la loi d'utiliser des techniques barbares pour soigner lesperversions les plus dangereuses ; elle souhaite une réhabilitation de la psychologie traditionnelle.L'autre idée : Roudinesco craint que la perversion ne disparaisse complètement au profit des mots « paraphilies ou déviances » plus politiquement correct, mais quine permet comme la perversion de faire une distinction entre le Bien et le Mal..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « une difficulté de la psychanalyse », issu de L'inquiétante étrangeté et autres essais, de Freud, dans lequel il légitime la psychanalyse en montrant que nous ne savons pas tout de notre psychisme, introduisant ainsi la notion d'inconscient.
- TEXTES DE REFERENCE: La notion de refoulement chez Freud
- La disposition des enfants à une perversion polymorphe peut-être considérée comme la source d'un grand nombre de nos vertus. Essais de psychanalyse (1927) Freud, Sigmund. Commentez cette citation.
- La disposition des enfants à une perversion polymorphe peut-être considérée comme la source d'un grand nombre de nos vertus. [ Essais de psychanalyse (1927) ] Freud, Sigmund. Commentez cette citation.
- les inégalités sont elles compatibles avec la notion de justice sociale?