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La définition de la Psychologie comme science des faits de conscience vous semble-t-elle pouvoir être aujourd'hui maintenue ?

Publié le 09/02/2011

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conscience

Les sujets qui concernent la Psychologie, son objet, ses méthodes, sont assez fréquents au Baccalauréat et ne présentent pas, en général, de graves difficultés. Toutefois le candidat devra prendre soin de ne pas borner sa dissertation à un exposé historique des différentes théories. Les Manuels, soucieux de donner aux lecteurs une information aussi complète que possible, sont plus ou moins obligés de faire une étude historique de la question et de présenter les diverses conceptions de la Psychologie dans l'ordre où elles sont apparues successivement. Pour une dissertation il faut se placer à un point de vue tout différent : il ne s'agit pas de passer en revue toutes les théories mais seulement d'examiner celles qui permettent le mieux de poser et de résoudre le problème à étudier; encore faut-il savoir, dans celles-ci, faire un choix et ne retenir de chacune que les éléments qui se rapportent directement au sujet. En d'autres termes il ne faut pas commettre l'erreur de traiter de la Psychologie en général à l'occasion d'un sujet précis sur tel aspect particulier de la définition de la Psychologie. L'essentiel ici est de dire pourquoi on peut être amené à refuser la conception classique de la Psychologie comme science des faits de conscience et dans quelle mesure cette conception est encore valable aujourd'hui. Le candidat devra donc à la fois réfléchir sur la notion même de Psychologie et étudier les thèses qui font de celle-ci autre chose qu'une science des faits de conscience.

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« que l'observation des faits de conscience; l'essentiel de l'homme, c'est-à-dire l'ensemble des tendances quiexpliquent sa conduite, se trouverait dans l'inconscient; un petit nombre seulement de ces tendances pourraientdevenir conscientes (les autres étant refoulées par la Censure).

Dans ces conditions, limiter la Psychologie à l'étudede la conscience, ce serait la condamner à être une science superficielle et incapable d'atteindre ce qu'il y a de plusprofond dans la nature humaine. C.

— La Psychologie, science des comportements. D'un autre côté, à peu près vers la même époque, la notion de conscience elle-même se trouvait discutée parcertains auteurs, au nom des exigences de la pensée scientifique.

Si, en effet, on veut faire de la Psychologie unescience véritable, il faut lui donner un objet qui se prête à l'étude scientifique; or ce n'est pas le cas de laconscience.

« La conscience, dit par exemple Watson, n'est un concept ni défini ni utilisable » (cité par Naville, LaPsychologie, science du comportement, p.

10).

La notion de conscience n'est que le dernier avatar de la notiond'âme et l'histoire des sciences nous montre que c'est en éliminant les « âmes », pour s'en tenir à des observationsobjectives, que les sciences se sont constituées peu à peu.

La Psychologie doit faire de même; seule unepsychologie objective peut être une science.

Tel est l'esprit du Behaviourisme, fondé par Watson (Behavior.

AnIntroduction to comparative Psychology, 1914)) qui considère que le domaine de la Psychologie n'est pas laconscience mais « le comportement objectivement observable des êtres humains » (Naville, op.

cit., p.

23).

Parcomportement il faut entendre l'ensemble des réactions globales d'un organisme en présence d'une situation donnée.La Psychologie consiste alors à étudier les modes de liaison, naturels ou acquis, entre une réponse et uneexcitation; il s'agit de savoir ce que fait un organisme et pourquoi il le fait.

Ici encore c'est la définition même de laPsychologie qui est en cause et M.

Naville peut écrire : « En réalité, c'est au behaviourisme que doit être réservé lenom de psychologie, pour autant qu'on veuille désigner par là une science naturelle » (op.

cit., p.

10). II.

— Dans quelle mesure la psychologie reste-t-elle la science des faits de conscience? A.

— Conscience et comportement. La prétention behaviouriste à l'objectivité totale ne semble pas avoir beaucoup séduit les psychologues.

Ceux-làmême qui donnent la plus large audience aux thèses de Watson (MM.

Guillaume, Piéron, Wallon) admettent pourtantqu'on ne peut définir la Psychologie sans tenir compte de la conscience et par suite de l'introspection.

« Il est vain,dit par exemple M.

Wallon, de vouloir avec le behaviourisme de Watson ignorer l'introspection et la conscience » (LaVie Mentale, Encyclopédie française, tome VIII).

Comme le rappelle M.

Pradines dans l'Introduction de son Traité dePsychologie générale, le psychologue est « celui qui discourt de l'âme».

Que resterait-il, en effet, de la Psychologiesi l'on éliminait les faits de conscience? Aucune description objective ne peut faire savoir ce que sont la peur, lacolère ou l'amour, à un être qui n'en aurait pas une expérience directe.

Or l'expérience directe ici est celle que nousdonne la conscience.

Les comportements eux-mêmes ne nous intéressent qu'à titre de signes, et ce qu'ils signifient,pour nous, c'est un état d'âme, un jugement, un sentiment.

Le « psychologue », selon le commun langage, est celuiqui remonte des actes aux pensées, celui qui devine les motifs et les mobiles qui inspirent une conduite.

Toute cetterichesse intérieure que nous révèlent les grandes œuvres littéraires, elle échappe complètement à l'analyse et àl'explication, behaviouristes.

Sa réalité ne peut pourtant être mise en doute, et c'est cette réalité que laPsychologie s'efforce de décrire et de comprendre.

En voulant faire de la Psychologie une science semblable auxautres, et en réduisant son objet aux comportements objectivement observables, le behaviourisme lui enlève toutobjet propre; la science des comportements, c'est-à-dire « l'étude de l'adaptation du corps au milieu extérieur »(Watson), n'est qu'un chapitre de la Biologie en général.

On ne saurait concevoir une Psychologie qui sedésintéresse tout à fait des phénomènes de conscience. B.

— Conscience et inconscient. Est-ce à dire que seuls les faits de conscience soient l'objet de la Psychologie? Ne faut-il pas faire une place auxphénomènes inconscients? Plus exactement, l'existence de phénomènes inconscients conduit-elle nécessairement àcondamner la conception traditionnelle de la Psychologie comme science des faits de conscience? Il est à remarquerque la notion même de psychisme inconscient est très ambiguë.

Ce qu'on appelle « un fait psychique inconscient »,c'est une idée, un sentiment ou une tendance qui existeraient en nous sans que nous le sachions et qui pourtantexercerait sur notre conduite une certaine influence.

C'est donc par ses manifestations que l'inconscient est connu;on remonte à l'état psychique inconscient à partir d'un comportement visible, et pour l'expliquer.

On suppose, parexemple, un travail intellectuel inconscient pour expliquer telle découverte soudaine et qui ne semblait pas préparée.Mais il est évident que cette idée d'un psychisme inconscient n'est qu'une hypothèse dont la valeur est seulementméthodologique.

L'inconscient lui-même ne peut être directement saisi puisque seule la conscience pourrait le saisir,et il ne serait plus dès lors inconscient.

Aussi est-il permis de faire d'autres hypothèses et de considérer, parexemple, qu'un mécanisme physiologique plus ou moins complexe peut rendre compte de ces comportements qu'onprétend expliquer par des états psychologiques inconscients.

C'est au corps, dit Descartes, qu'on doit « attribuertout ce qui peut être remarqué en nous qui répugne à notre raison » (Traité des Passions).

Quand on parle d'uninconscient psychique, il faudrait donc entendre seulement un ensemble de phénomènes qui en eux-mêmes ne sontnullement psychiques, mais qui exercent une certaine influence sur le psychisme de l'individu. C.

— Définition de la Psychologie. Ainsi nous pouvons considérer que la vie psychologique d'un individu, c'est sa vie intérieure, la vie de sa conscience.. »

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