inconscient
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Introduction
Dès le XVII e
siècle, Spinoza soulignait le fait que nous ignorons « ce que peut le corps »,
anticipant ainsi l’idée d’inconscient :
Personne n’a jusqu’à présent déterminé ce que peut le Corps, c’est-à-dire que, jusqu’à présent,
l’expérience n’a enseigné à personne ce que le Corps est en mesure d’accomplir par les seules
lois de la Nature, considérée seulement en tant que corporelle, et ce qu’il ne peut accomplir
sans y être déterminé par l’Esprit.
Car personne jusqu’ici n’a acquis une connaissance assez
précise de la structure du Corps pour en expliquer toutes les fonctions, et nous ne dirons rien de
ce que l’on observe souvent chez les animaux et qui dépasse de loin la sagacité humaine, ou
des nombreuses actions qu’accomplissent les somnambules pendant leur sommeil et qu’ils
n’oseraient pas entreprendre pendant la veille ; tout cela montre assez que le Corps, par les
seules lois de sa nature, a le pouvoir d’accomplir de nombreuses actions qui étonnent son
propre Esprit.
Personne ne sait d’autre part selon quel principe et par quels moyens l’Esprit
meut le Corps, ni quelle quantité de mouvement il peut lui attribuer, ni à quelle vitesse il peut
le mouvoir.
C’est pourquoi, lorsqu’on dit que telle ou telle action du Corps provient de l’Esprit
qui a tout pouvoir sur lui, on ne sait en réalité ce que l’on dit, et l’on ne fait rien d’autre
qu’avouer en un langage spécieux qu’on ignore la vraie cause des actions qui ne nous étonnent
pas.
Baruch Spinoza (1632-1677), Ethique (1677), III, 2, scolie
Aujourd’hui, le mot « inconscient » évoque immédiatement l’inconscient de Freud et de la
psychanalyse.
Mais il existe en fait d’autres types d’inconscient.
Nous commencerons par
évoquer ceux-ci avant d’en venir à celui-là.
I.
Les conceptions non psychanalytiques de l’inconscient
A.
L’inconscient psychique
1.
La conscience moindre : les petites perceptions (Leibniz)
Leibniz, philosophe allemand du XVII e
siècle, a introduit le premier le concept
d’inconscient.
Il désigne par ce mot les « petites perceptions », trop ténues pour être
conscientes, mais qui peuvent produire une impression consciente si elles sont en grand
nombre : car la conscience les agrège et les additionne, si bien que toute perception consciente
est en réalité constituée d’une myriade de perceptions inconscientes.
Par exemple, si je perçois le bruit de la mer, je ne perçois pas le bruit de chaque vague,
bien que chaque vague contribue au murmure que j’entends.
Il faut donc supposer que chaque
vague produit une petite perception inconsciente, et que c’est l’agrégation de ces petites
perceptions qui finit par produire, à partir d’un certain seuil critique, une perception
consciente – en l’occurrence la perception du bruit de la mer.
On pourrait décliner les
exemples, et montrer que dans chaque perception visuelle je ne suis jamais parfaitement
conscient des moindres détails de l’image que je perçois, bien que ma perception soit créée
par chacun de ces détails infinitésimaux 1
.
L’inconscient est donc pour Leibniz une conscience moindre qui est la condition de
possibilité de la conscience.
1
C’est-à-dire aussi petits que l’on veut, comme dans les calculs mathématiques où l’on fait décroître certains
éléments à l’infini pour calculer, par le passage à la limite, la valeur exacte d’une grandeur (par exemple d’une
intégrale : l’intégrale de la fonction f est donnée par la limite de la somme des produits f ( x )d x quand d x tend vers 0.
Leibniz est celui qui a découvert le calcul infinitésimal, et il fait explicitement le rapprochement entre cette
méthode mathématique et certaines de ses conceptions philosophiques, comme celle des petites perceptions.
2.
»
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