Histoire de la psychiatrie
Publié le 19/03/2023
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«
Psychopathologie générale et histoire de la psychiatrie - MTh2 ES 5 - J.P.
BEAUMONT
Note :
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Comment est-on passé de la folie à la maladie mentale ? Et après ?
Au fil des siècles, au gré de la « Weltanschauung », conception paradigmatique du
monde, religieuse puis scientifique, la folie a oscillé entre nature (hérédité, génétique) et culture
qui a imputé la maladie tantôt au malade tantôt au milieu.
On pourrait esquisser une histoire de la folie suivant l’évolution des descriptions qui en ont été
faites prenant pour exemple archétypique la mélancolie ou bien encore l’hystérie.
Dans l’ Antiquité, la mélancolie était un trouble des humeurs lié à un excès de bile noire,
traitée par une plante, l’hellébore, qui faisait vomir.
Acédie chez les moines, elle était péché.
Au XIXème siècle, les mélancoliques enchaînés furent «libérés» par l’humanisme de Pinel.
Au début du XXème, elle fut traitée par électrochocs, aujourd’hui, dans les cas sévères, par la
sismothérapie.
L’hystérie aussi a évolué au fil du temps.
Charcot, neurologue qui s’est un temps appuyé sur
l’hypnose mesmérienne pour mettre en évidence les manifestations hystériques, la rejeta du
champ des maladies psychiatriques pour la classer dans les affections neurologiques.
C'est par
cette sommité du monde médical du XIXèmeque Freud sera introduit à l’étude de l'hystérie qu’il va
élaborer comme névrose dans la théorie psychanalytique à partir de sa clinique en particulier du
cas d’Anna O.
selon la méthode dite « cathartique » avec son collègue Breuer.
Mais ce serait laisser de côté les découvertes majeures de maladies mentales comme la
paranoïa, la schizophrénie ou la psychose maniaco-dépressive pour ne citer que celles qui ont
traversé le temps avec des remaniements successifs.
Suivant les cultures et les époques la folie a
eu des places et des traitements différents.
la folie : une maladie « comme les autres »
La folie a toujours existé à la marge de la raison.
Elle tient au rapport de l’Homme avec le
langage mais le mot «folie» apparaît au Moyen-Age.
L’origine du mot est incertaine
possiblement issue de «Folis» signifiant outre ou baudruche.
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Hippocrate auquel le célèbre serment doit son nom a déterminé que la pensée et la folie
viennent du cerveau.
Le corpus médical hippocratique est rationnel : la folie est une maladie
comme les autres qui dépend de causes organiques.
La santé est basée sur un équilibre des
humeurs: le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire.
Si le raisonnement est à présent
dépassé, le vocabulaire hippocratique a traversé les siècles.
Galien, autre médecin de l’Antiquité, étend le travail d’Hippocrate avec la notion de
tempérament en lien avec les humeurs.
Il distingue quatre grandes maladies en fonction de leur
caractère, idiopathique pour la léthargie qui altère et ralentit tout le corps, la manie, délire sans
fièvre et la mélancolie qui lèse la pensée et donne une humeur triste et le délire sympathique de
la frenetis, liée à une maladie organique.
Les maladies de l’âme sont des passions et celles du
corps des folies dues au déséquilibre des humeurs.
La folie et la démonologie
Au Moyen-Âge, c’est le paradigme religieux qui domine et la manière d’analyser la folie a pour
cadre la religion monothéiste qui confond la raison et un dieu unique.
Deux folies sont distinguées : d’une part une folie surnaturelle associée à la possession de l’âme
par le démon, aux mauvais astres et à la sorcellerie et d’autre part une folie naturelle, avec une
réflexion médicale à la fois sur son étiologie et même sur sa nosographie.
Saint Thomas d’Aquin,
affirme que, s’il existe bien des états où l’esprit est perturbé par des facteurs surnaturels et qui
relèvent de la religion, il en est d’autres qui relèvent de facteurs naturels et donc de la médecine.
A l’époque de la renaissance, la folie est encore opposée à la raison notons toutefois qu’ Erasme
publie un Éloge de la folie tandis qu’un siècle plus tard, Pascal déclare : «les hommes sont si
nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de n’être pas fou».
La folie est un genre : l’« aliénation »
Après le « grand renfermement » du XVIIème, où les fous étaient entassés avec les marginaux
dans les hôpitaux généraux, l’asile psychiatrique va voir le jour, on va y placer les fous désormais
appelés «aliénés».
Les dimensions de la conception religieuse de la folie disparaissent en partie dans l’approche
psychiatrique telle qu’elle s’élabore avec Pinel puis Esquirol.
La folie est une maladie mentale
d’origine organique.
Elle est pensée comme une unité qui sera divisée en plusieurs sortes de
folies.
La folie est donc un genre qui s’oppose encore à la raison.
Chez Pinel s‘élabore une
théorie de la folie.
Pour lui, elle n’est pas totale, il est possible de communiquer avec le malade et
le soigner : il distingue manie, mélancolie, démence et idiotisme.
Esquirol, nommé à Bicêtre où il va travailler avec son assistant Pussin, un homme du peuple qui
sait y faire avec les malades puis à la Salpêtrière, est lui aussi un esprit progressif issu des
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Lumières et de la Révolution.
Il reprend la manie en tant que délire général, la mélancolie et
invente un nouveau délire la monomanie, délire partiel avec exaltation.
Il considère que la
médecine des aliénés est une spécialité médicale autonome.
La folie : une classe de différentes maladies avec un substrat organique spécifique
Tout au long du XIXème a été élaborée progressivement une clinique subtile qui a permis d’isoler
sur un modèle scientifique, de décrire et de classer des maladies qui s’opposent les unes aux
autres.
Pour éviter que la folie ne soit invoquée pour emprisonner des opposants politiques, comme elle
le fût au Moyen-Age pour brûler des innocents et sous l’Ancien Régime pour mettre au cachot
des opposants au Roi, la loi de 1838 fixe des modalités strictes d’admission à l’asile
psychiatrique.
Son article 64 inchangé dans notre Code Pénal actuel, et régulièrement mis en
œuvre jusque dans des procès récents aux verdicts controversés stipule qu’il n’y a ni crime ni
délit si l’acte est commis en état de démence total ouvrant ainsi la possibilité de ne pas juger les
fous.
La première maladie mentale spécifique avec une cause anatomo-pathologique, la paralysie
générale, est identifiée par Bayle en 1822.
J.-P.
Falret décrit La Folie circulaire alternant mélancolie et manie en même temps que
Baillarger qui décrit la Folie à double forme.
Folie à deux et anorexie hystérique sont découvertes par Lasègue qui met en évidence le
délire de persécution qui pour lui annonce l’hallucination verbale.
A la fin du XIXème, apparaît la théorie de la dégénérescence qui devient le nouveau paradigme
de la folie avec la naissance de la génétique.
Morel établit une classification rationnelle des
maladies mentales et publie son Traité juste avant Darwin et sa Théorie de l’origine des
espèces de 1859.
A La Salpêtrière, suivant les enseignements de Falret, on ne divise pas les différents états de
la folie, on s’attache plutôt à isoler des entités cohérentes.
Séglas classe les hallucinations et les délires liés à la mélancolie.....
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