FREUD Le cas Elisabeth
Publié le 02/04/2021
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FREUD Le cas Elisabeth Élisabeth s'appelait en réalité Ilona Weiss. Hongroise d'origine, cette jeune fille âgée de 29 ans vient consulter Freud en 1892. Elle souffre de douleurs aux jambes que Freud attribue à des causes sexuelles. C'est l'occasion pour lui de proposer une méthode d'analyse nouvelle qui deviendra bientôt « la psychanalyse ». Je l'interrogeai donc sur les circonstances et les causes de la première apparition des douleurs. 1 Ses pensées s'attachèrent alors à des vacances dans la ville d'eaux où elle était allée avant son voyage à Gastein et cer taines scènes surgirent, que nous avions déjà plus superficiellement traitées auparavant. Elle parla de son état d'âme à cette époque, de sa lassitude après tous les soucis que lui avaient causés la maladie ophtalmique de sa mère et les soins qu'elle lui avait donnés à l'époque de l'opération ; elle parla enfin de son découragement final en pensant qu'il lui faudrait, vieille fille solitaire, renoncer à profiter de l'existence et à réaliser quelque chose dans la vie. Jusqu'alors, elle s'était trouvée assez forte pour se passer de l'aide d'un homme ; maintenant, le sentiment de sa faiblesse féminine l'avait envahie, ainsi que le besoin d'amour, et alors, suivant ses propres paroles, son être figé commença à fondre. Naissance du désir En proie à un pareil état d'âme, l'heureux mariage de sa sœur cadette fit sur elle la plus grande impression ; elle fut témoin de tous les tendres soins dont le beau-frère entourait sa femme, de la façon dont ils se comprenaient d'un seul regard, de leur confiance mutuelle. On pouvait évidemment regretter que la deuxième grossesse succédât aussi rapidement à la première, mais sa sœur qui savait que c'était là la cause de sa maladie supportait allègrement son mal en pensant que l'être aimé en était la cause. Au moment de la promenade qui était étroitement liée aux douleurs d'Elisabeth, le beau-frère avait tout d'abord refusé de sortir, préférant rester auprès de sa femme malade, mais un regard de celle-ci, pensant qu'Elisabeth s'en réjouirait, le décida à faire cette excursion. La jeune fille resta tout le temps en compagnie de son beau-frère, ils parlèrent d'une foule de choses intimes et tout ce qu'il lui dit correspondait si bien à ses propres sentiments qu'un désir l'envahit alors : celui de posséder un mari ressemblant à celui-là. Puis ce fut le matin qui suivit le départ de la sœur et du beau-frère qu'elle se rendit à ce site, promenade préférée de ceux qui venaient de partir. Là, elle s'assit sur une pierre, et rêva à nouveau d'une vie heureuse comme celle de sa sœur, et d'un homme, comme son beau-frère, qui saurait capter son cœur. En se relevant, elle ressentit une douleur qui disparut cette fois-là encore, et ce ne fut que dans l'après-midi qui suivit un bain chaud pris dans cet endroit que les douleurs réapparurent pour ne plus la quitter.
«
représentation refoulée fut bouleversante.
Elle poussa les hauts cris, lorsqu'en termes précis, je lui exposai les faits en lui montrant que
depuis longtemps, elle était amoureuse de son beau -frère.
À cet instant, elle se plaignit des plus affreuses dou leurs et fit encore un effort
désespéré pour rejeter mes explications : « Ce n'était pas vrai, c'était moi qui le lui avais suggéré, c'était impossible, elle n'était pas
capable de tant de vilenies, ce serait impardonnable, etc.
»
Il ne fut pas difficile de lui démontrer que ses propres paroles ne laissaient place à aucune autre interprétation, mais il me
fallut longtemps pour lui faire accepter mes deux arguments consolateurs, à savoir que l'on n'est pas responsable de ses sentiments et
que, dans ces circons tances, son comportement, son attitude, sa maladie, témoignaient suffisamment de sa haute moralité.
S.
Freud et J.
Breuer, Études sur l'hystér ie (1895), PUF, p.
163.
1.Relevez et distinguez
a) ce qui semble être de l'ordre du fait
b) b) ce qui relève de l'interprétation des faits par Elisabeth ;
c) ce qui relève de l'interprétation des faits par Freud ; Ces domaines sont-ils bien séparés ? Quel reproche peut- on faire à Freud ?
2.
Résumez la genèse de la maladie telle qu'elle pourrait être racontée par des témoins extérieurs ; puis telle qu'elle est reconstituée de l'intérieur par Freud.
Quelle différence fondamentale y a-t-il ?
___________________________________
1.
La patiente éprouve des symptômes hystériques.
L'hystérie est une névrose caractérisée par des symptômes d'apparence organique (convulsions, paralysies,
douleurs, catalepsie) et des troubles psychiques (hallucinations, délire, mythomanie, angoisse).
2.
Souvenirs involontaires
3.
Du corps
4.
Personne qui soigne les malades, médecin.
5.
Bassesse, méchanceté.
»
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