Définition et importance de la psychologie de la forme

Le «moi« qu’étudie la psychologie classique n’est guère qu’une notion abstraite analogue à celles que se donnent les mathématiciens. En réalité, nous existons structurés en dyades, en triades, en groupes familiaux ou en groupes de travail, en foules ou en nations. Ces structures prennent des formes fort diverses : la dyade nous fait songer au « nous « des amants dans lequel les différences individuelles semblent se perdre; mais il y a aussi la dyade de la haine, et, dans l'intervalle, tous les degrés qui vont depuis l’union totale jusqu’à l’opposition absolue. On commence à peine d’explorer ce domaine des structures que prennent les psychismes individuels dans les différents groupes dont ils font partie : ces recherches sont dans la ligne de la psychologie de la forme, sinon directement inspirées par elle.

c) Enfin, il ne faut pas considérer l’univers matériel lui-même comme étranger à la psychologie. D’abord parce que, par une partie de nous-même, nous appartenons au domaine de la matière, et cette appartenance s’étend beaucoup plus loin qu’on ne le croit d’ordinaire : ce n’est pas seulement mon corps qui fait partie de moi, mais encore mes habits, ce qui m:appartient et, d’une façon générale, le cadre de mon existence. Ensuite, parce que, pour moi, l’univers c’est la représentation que je m’en fais, donc quelque chose de psychique, et en quoi j’ai mis, comme l’artiste dans son œuvre, beaucoup de moi.

Il ne s’agit pas de mettre en doute, ni à plus forte raison de nier la réalité du monde extérieur, pas plus que la transcendance de la pensée par rapport à la matière. Il n’en est pas moins vrai que je ne suis pas un être flottant dans je ne sais quel empyrée : comme le disent les existentialistes, je ne me définis que comme « être-dans-le-monde « et ne puis me comprendre qu’inséré dans ses structures.