Trotski, Léon (politique & socièté).
Publié le 20/05/2013
Extrait du document
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Nommé commissaire du peuple aux Affaires étrangères après le succès de la révolution, il fut chargé de négocier une paix séparée avec l'Allemagne à Brest-Litovsk.
Aprèss'être prononcé pour l'interruption de la guerre tout en refusant de signer une paix très défavorable à l'Union soviétique naissante, espérant ainsi gagner du temps etfavoriser le développement du mouvement révolutionnaire en Allemagne, il finit par se plier à la position de Lénine, qui privilégiait la paix immédiate pour consolider larévolution.
Commissaire du peuple à la Guerre à partir de 1918, il dirigea l'Armée rouge dont l'action permit la victoire du camp révolutionnaire durant la guerre civile.
4 L'EXIL
Trotski occupa, après Lénine, le second rang au sein du Politburo.
Il appuya les principales mesures politiques prises par Lénine, tout en conservant une grandeindépendance d'esprit : il s'opposa ainsi à la Nouvelle Politique économique (NEP), préconisant la poursuite du communisme de guerre.
Lorsqu'une attaque cérébrale obligeaLénine à se retirer de la vie politique en mai 1922, Trotski ne parvint pas à s'imposer comme son successeur.
De plus, malgré les recommandations de Lénine le mettant engarde dans ses dernières lettres contre le danger que représentait Staline, Trotski sous-estima gravement ce dernier.
Peu impliqué dans les intrigues du parti, il ne trouvapas les soutiens nécessaires pour contrebalancer la montée en puissance de la troïka formée par Zinoviev, Kamenev et Staline, qui s'empara du pouvoir en 1924.
Bienqu'ayant pris la tête d'une opposition de gauche très hétérogène, prônant la démocratisation et la poursuite de l'industrialisation du régime, il ne put lutter à armes égalesavec la machine bureaucratique instaurée par Staline.
Avec sa thèse de la révolution permanente, Trotski souhaitait une intensification graduelle ainsi qu'une extension aureste de l'Europe de la révolution bolchevique tandis que Staline défendait sa thèse (élaborée en 1924) du socialisme dans un seul pays.
Avec l'échec de la révolutionmondiale (en Allemagne, en Chine, etc.), la République soviétique se replia sur elle-même, favorisant la ligne stalinienne.
Redoutable homme d'appareil, Staline s'assura lecontrôle du parti, privant rapidement les trotskistes de toute liberté d'opposition à sa politique en invoquant l'interdiction des fractions décidée par Lénine aux heures de laguerre civile.
En 1925, ses adversaires destituèrent Trotski de ses fonctions au commissariat à la Guerre.
En 1926, ils le chassèrent du Politburo et, en 1928, Staline l'exilaen Asie centrale.
Enfin, il fut expulsé d'Union soviétique en 1929.
Trotski passa le reste de sa vie en quête d'une retraite sûre afin de rédiger ses travaux critiques concernant la Russie staliniste.
En Turquie, en France, en Norvège et enfinau Mexique, il fit paraître plusieurs ouvrages, dont une autobiographie, Ma vie (1930), une Histoire de la Révolution russe (3 volumes, 1931-1933) et la Révolution trahie (1936).
Il écrivit également des articles sur les principaux problèmes de son époque (le nazisme, le fascisme, la guerre d'Espagne).
Il se consacra inlassablement au travailqu'il jugeait être le plus important de sa vie, « munir d'une méthode révolutionnaire la nouvelle génération ».
Il apporta ainsi plusieurs apports novateurs à la théoriemarxiste, notamment la théorie du stalinisme comme système bureaucratique construit à partir d'un État ouvrier isolé et affecté à l'origine d'un retard massif dedéveloppement économique, et la théorie du fascisme comme solution politique mise au service de la bourgeoisie pour lutter contre la révolution.
Il passa la majeure partiede son temps à diriger et à organiser la IV e Internationale, fondée en 1938, qui n'obtint jamais une influence à la mesure de l'aura de son principal dirigeant, et qui souffrit d'une absence cruelle de moyens et de la lutte menée contre elle par les agents du Komintern stalinien.
Traqué par les services secrets de Staline, Trotski fut assassiné en août 1940 à Coyoacán, au Mexique, par un agent du service secret du Guépéou, Ramón Mercader (aliasJacques Mornard) qui lui défonça le crâne à coups de pistolet.
Agonisant, il eut encore le temps de prononcer ces dernières paroles : « Dites à nos amis que je suis sûr de lavictoire de la IV e Internationale.
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5 TROTSKI ET L'HISTOIRE
Les talents exceptionnels d'organisateur, d'orateur et de polémiste dont Trotski fit preuve correspondirent parfaitement à la période de la révolution : son énergie lui permitde créer et, par-dessus tout, de sauver l'Union soviétique pendant la guerre civile.
Toutefois, dépourvu des qualités de stratège politique d'un Staline, il fut broyé parl'implacable logique d'un parti en quête de « normalisation révolutionnaire ».
Ses théories connurent un regain de fortune dans les années 1960 lors de l'agitation étudiante qui se manifesta dans les pays occidentaux.
Classés à l'extrême gauche, lesmouvements trotskistes (Ligue communiste révolutionnaire et Lutte ouvrière en France) luttèrent à cette époque contre les partis communistes considérés comme petits-bourgeois et trop timides dans leur critique du capitalisme, dénonçant leur inféodation à l'URSS et leur conservatisme bureaucratique.
Aujourd'hui encore, les communistesrusses continuent de considérer Trotski comme un traître, et bien que le régime marxiste-léniniste ait disparu dans ce pays, l'œuvre et la figure de Trotski restent largementdéconsidérés dans l'histoire russe du XXe siècle.
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