Primo de Rivera y Orbaneja, Miguel
Publié le 23/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Primo de Rivera y Orbaneja, Miguel (1870-1930), général et homme politique espagnol, qui a dirigé l’Espagne de 1923 à 1930 sous un régime d’inspiration dictatoriale.
2 | UNE CARRIÈRE MILITAIRE |
Né à Jerez de la Frontera dans une famille patricienne auréolée de son passé carliste, Miguel Primo de Rivera entre dans la carrière militaire. Après avoir combattu à Cuba et aux Philippines lors de la guerre hispano-américaine (1898), il sert au Maroc (1909-1913), devient gouverneur militaire de Cadix (1915-1917), puis capitaine général de Catalogne (1922). Mais, à partir de 1917, Primo de Rivera est aussi un personnage public. En effet, il dénonce publiquement la politique coloniale au Maroc, suggérant l’abandon des provinces septentrionales en proie, depuis 1915, au soulèvement dirigé par Abd-el-Krim.
3 | UN DICTATEUR D’INSPIRATION FASCISTE |
Quatre ans plus tard, en 1921-1922, l’Espagne vit une période de grande agitation politique et subit, après l’assassinat du président du Conseil, Dato, en 1921, une cuisante défaite militaire au Maroc. Le roi et le gouvernement sont tiraillés entre d’une part les récriminations de la gauche et d’autre part celles des militaires. Aussi le pronunciamiento dirigé par Primo de Rivera arrive-t-il facilement à ses fins : un pouvoir militaire apparaît comme une solution à la crise qui ne cesse de s’aggraver. Le 13 septembre 1923, Alphonse XIII entérine donc la dictature. Primo de Rivera se donne pour objectif d’ouvrir une période transitoire durant laquelle sera amorcée la modernisation d’une Espagne en mal de reconnaissance internationale. Pour mener à bien cette politique, il prend un certain nombre de mesures : sur le plan intérieur, il dissout les Cortès, nomme des gouverneurs militaires à la tête des provinces et soumet la presse à la censure ; sur le plan militaire, après avoir signé une alliance avec l’armée française, il obtient la reddition d’Abd-el-Krim (mai 1926). La popularité qu’il retire de cette victoire est d’autant plus grande que la conjoncture économique est bonne et le climat social serein depuis 1923, qu’il lance une politique ambitieuse de travaux publics et d’aide à l’industrie, et que la puissante bourgeoisie catalane a sur lui un regard relativement bienveillant.
4 | UNE AUTORITÉ DÉSTABILISÉE |
Fort de cette situation, il décide, en 1926, de dissoudre le directoire militaire pour instaurer un directoire civil. Il en prend la tête et convoque une Assemblée nationale, tout en créant le parti de l’Union patriotique, directement inspiré du fascisme italien. Mais son assurance se heurte à la réalité. La situation économique et sociale se dégrade. Les paysans se plaignent de l’absence d’une politique agricole sérieuse. Primo de Rivera finit par s’aliéner l’opinion et par réveiller l’hostilité de la gauche. Ce sont toutefois les militaires qui finissent de saper son autorité. En effet, Primo de Rivera n’a jamais véritablement obtenu, ni en 1923, ni après la victoire marocaine, le plein soutien de l’armée. Cette antipathie se réveille dès qu’il entreprend de réformer l’armée. Plusieurs putschs ratés (le Sanjuanda en 1926) ou avortés (1929) mettent à mal le pouvoir d’un dictateur qui n’a ni la dimension idéologique ni le charisme d’un Mussolini. Apprenant que se fomente un nouveau coup d’État militaire, il préfère démissionner le 28 janvier 1930. Il meurt quelques semaines plus tard, à Paris, où il s’est exilé.
Les contemporains de Primo de Rivera avaient surnommé son pouvoir la dictadulce « la dictadouce «. L’expression rend bien compte de ce régime qui n’a fait que superficiellement reproduire le modèle du fascisme italien. Il n’en reste pas moins qu’en dépit de son échec, Primo de Rivera a fait du « recours « dictatorial une alternative politique. Une leçon que retiendra son fils, José Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange espagnole (1933). Le nom de Primo de Rivera est aujourd’hui intimement lié à l’histoire du fascisme espagnol à travers le xxe siècle.
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