Mitterrand François
Publié le 06/04/2019
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Mitterrand François Homme d'Etat français
* 26.10.1916, Jarnac, Charente
+ 8.1.1996, Paris
En 1945, il participe à la fondation de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), formation centriste. Elu député de la Nièvre, il occupe plusieurs fauteuils ministériels de 1947 à 1954. Devenu avocat en 1954, il est ministre de l'Intérieur dans le cabinet Mendès-France (1954-1955), puis garde des Sceaux dans le cabinet Guy Mollet (1956-1957). Opposant de la première heure à la Ve République et au régime instauré par Charles de Gaulle, il fonde en 1965 la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (F.G.D.S.) et, la même année, se présente comme candidat de la gauche aux élections présidentielles. Battu par de Gaulle, il oeuvre durant les années suivantes à la rénovation de la gauche. En 1971 est fondé le nouveau parti socialiste, dont il devient premier secrétaire, et en 1972 est signé le programme commun d'union de la gauche avec les communistes. De nouveau candidat aux élections présidentielles de 1974, Mitterrand est battu par Valéry Giscard d'Estaing, avant de devenir, sept ans plus tard, le premier président socialiste de la Ve République. Disposant d'une majorité parlementaire confortable, il met en oeuvre d'importantes réformes de structures entre 1981 et 1983, avant d'adopter un plan de rigueur dû à la persistance de la crise économique. En 1984, les communistes quittent le gouvernement. Réélu triomphalement en 1988, Mitterrand n'en est pas moins le premier président de la Ve République à devoir cohabiter avec l'opposition (Jacques Chirac en 1986, Edouard Balladur en 1993). En politique extérieure, tout en marquant la position indépendante de la France, il est le promoteur de l'intégration européenne avec le chancelier allemand Helmut Kohl. François Mitterrand est l'auteur de mémoires et d'essais politiques, dont \"Le Coup d'Etat permanent\" (1964) et \"La Paille et le Grain\" (1975).
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François Mitterrand : ALLOCUTION TÉLÉVISÉE (Campagne présidentielle 1974, François Mitterrand) :
Après la disparition du Président Georges Pompidou nous avons tous compris qu'une période de notre histoire venaitde s'achever.
Les événements qui l'ont marquée, les hommes qui l'ont illustrée, les réussites, les échecs, le pour etle contre relèvent désormais du jugement de la postérité.
Pour reprendre une expression fameuse qui s'appliquait àune autre époque, je dirai à mon tour : « Le gaullisme est un bloc », comme tout bilan il présente un passif, ilprésente un actif, mais c'est un héritage qui n'a pas d'héritier.Voilà pourquoi je voudrais réfléchir avec vous à la situation de la France, en un moment où tout peut être décidé etpuisqu'il s'agit de cela, réfléchir au rôle dans notre pays du Président de la République.
Hier il était tout, demain ilsera et restera le premier.
Il ne faut plus qu'il soit le seul.
Notre peuple est majeur, il a grandi le long des siècles,chacun de vous exerce ou a exercé une profession, un métier.
Les plus anciens ont beaucoup d'expérience, les plusjeunes ont beaucoup d'ardeur, les mères de famille sont un gouvernement qui doit tout faire à la maison, toutprévoir et tout apaiser, et combien qui sont seules ont appris rudement la lutte pour la vie.Les nouvelles du monde entier entrent sous votre toit, l'école, l'université ouvrent l'esprit à la plupart des grandsproblèmes qui se posent à l'intelligence.
Bref, vous allez dire votre mot et, bien au-delà du bulletin de vote que vousmettrez dans l'urne le 5 mai, vous devrez et vous pourrez choisir pour le présent sans renoncer jamais à vosresponsabilités d'avenir.
J'exprime là ma plus profonde conviction.Un vrai candidat à la Présidence de la République représente un ensemble de forces politiques, économiques,sociales, culturelles.
H propose des idées, il énonce des choix, il montre uùe direction et il s'adresse à tous lesFrançais pour obtenir les suffrages de ceux qui se reconnaissent en lui, et s'il ne le fait pas, c'est qu'il cherche àtromper tout le monde.Eh bien moi, je considère comme un honneur d'être le candidat de la gauche, au nom de tous ceux qui se sontengagés sur le programme commun et de tous ceux qui se placent dans la perspective d'un choix de société oùcitoyens, travailleurs, seront de plus en plus appelés à décider eux-mêmes de leur sort.
Je le fais comme je le peuxde toute ma raison, et croyez-le, de tout mon coeur, et j'essaie de déterminer des moyens qui permettront à notrepeuple de vivre mieux.Certes, on m'objectera : « mais tous les candidats disent la même chose », mais la question ce n'est pas seulementde le dire, c'est aussi de le pouvoir.
Comment celui-ci pourrait-il susciter le progrès alors qu'il s'appuie sur desprivilégiés, c'est-à-dire ceux qui tirent profit des inégalités? Comment celui-là pourrait-il accomplir les réformes qu'ila refusé d'accomplir depuis près de dix ans?Ce dont j'ai le plus souffert, c'est de constater que la majorité des Français comptait bien peu pour legouvernement, et quels Français! ceux qui produisent, ceux qui travaillent, ceux qui supportent la rigueur d'une viedifficile.Elu Président de la République, je respecterai et ferai respecter les engagements pris envers vous tous dont je viensde parler.
Ce faisant, j'ai conscience de servir l'intérêt supérieur du pays.
Un Président de la République, il est lePrésident des Français, le Président de tous les Français.
Il y a la France et sa place dans le monde, il y a notrepeuple et l'unité de la nation.J'appelle tous ceux qui ont fait ce choix, tous ceux qui veulent nous rejoindre, à le comprendre.
J'appelle celles etceux qui se sentent et qui se savent à nos côtés, mais aussi, tous ceux qui n'y sont pas encore, mais dont le coeura déjà parlé.
François MITTERRAND, Allocution télévisée, (30 avril 1974)
NATURE DU TEXTE ET SITUATION HISTORIQUE
Il s'agit de la première allocution politique de François Mitterrand, alors candidat à la Présidence de la République, enavril 1974, dans le cadre de la campagne électorale officielle, à la télévision.Plus que tout autre orateur, un homme politique emploie la parole pour nous convaincre, nous faire agir, obtenirnotre adhésion.
Le discours politique entre donc de plein droit dans la catégorie des « textes argumentatifs ».Devant ce texte comme devant les autres, notre tâche est d'analyser le fonctionnement, d'apprécier sans doutel'habileté du locuteur, mais surtout d'exercer notre fonction critique : puisqu'on veut nous faire agir, réagissons enélucidant les procédés par lesquels l'orateur cherche à nous entraîner ou nous séduire.
L'étude des moyens utilisésdans ce texte, dont la qualité n'est sans doute que moyenne, pourra alors nous rendre clairvoyants sur bien d'autresdiscours.Un mot de la situation historique.
En avril 1974, le Président Georges Pompidou meurt du cancer.
Il était lesuccesseur et l'héritier politique du général de Gaulle.
Un grand vide se crée, et de nouvelles électionsprésidentielles sont organisées.
Trois candidats à la présidence de la République ont de réelles chances d'être élus :Valéry Giscard d'Estaing, jusqu'alors ministre des Finances de Pompidou, Jacques Chaban Delmas, ancien Premierministre, et François Mitterrand, opposant n° 1 au régime en place.
Les deux premiers candidats se prétendent l'unet l'autre successeurs de la majorité et héritiers du gaullisme.
François Mitterrand est soutenu par les forces degauche, qui ont signé un « programme commun de gouvernement » : il prétend redonner la voix au peuple, s'opposerà la gestion autocratique du pouvoir présidentiel et, en même temps, récuse le fait que ses concurrents puissentrevendiquer l'héritage gaulliste.
Ces quelques rappels suffisent pour comprendre certaines allusions de son discourset le climat politique dans lequel il est prononcé.Un mot enfin sur les conditions précises dans lesquelles cette allocution a été prononcée.
Il s'agit d'une allocution.
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