L'Etat-nation et la démocratie sont-ils inséparables en Europe du début du XXème siècle à nos jours ?
Publié le 09/11/2012
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élargi, qui pourrait engager l’ensemble des citoyens européens n’implique pas une discussion virtuelle
entre êtres abstraits mais d’une discussion réelle entre l’ensemble des citoyens d’Europe. Il paraît
essentiel que les citoyens d’Europe, hors des frontières nationales, débattent de projets communs de
société à l’heure de la mondialisation et de l’effacement des frontières. Dans une société plus ou moins
dénationalisée, il devient nécessaire que les décisions politiques soient prises à plus large échelle, au
niveau européen. Il est alors indispensable d’élargir le cercle de discussion de l’opinion publique, et de
l’étendre à l’espace européen.
On aboutit alors à un deuxième cas de figure en Europe au XXème siècle : l’instauration de la démocratie
en-dehors du cadre classique de l’Etat Nation. L’intégration européenne est vue comme préalable à un
Etat européen. Elle est alors vue comme une continuation de l’Etat Nation européen au niveau supérieur
de l’Europe. Dans l’état actuel de l’intégration,
«
interethniques se sont ainsi développés dans les territoires des anciennes démocraties populaires et au
sein même des républiques de l’ex -URSS, débouchant sur des contestations de frontières et sur des
affrontements violents.
Ils ont atteint le tissu même de ces Etats, chaque communauté ethnique réclamant
une plus grande autonomie ou aspirant à la sécession pure et simple, comme les peuples musulmans du
Caucase en Russie par exemple.
Ces revendications engendrent une instabilité chronique et empêchent
de ce fait l’instauration de la démocratie.
La dissolution de la Yougoslavie est également un exemple
frappant.
Lié à l’enchevêtrement des peuples qui diffèrent par leur langue, leur religion, leur histoire et
leur situation économique, le drame yougoslave est né de la volonté d’indépendance de certains d’entre
eux et de la résistance opposée
par les Serbes à la désintégration d’une fédération au sein de laquelle ils constituaient le groupe le plus
nombreux et le plus influent.
Les Serbes en sont donc arrivés à une politique de « nettoyage ethnique »
particulièrement féroce, et bien que la communauté internationale se soit retrouvée peu à peu impliquée,
une instauration pérenne de la démocratie paraît encore bien difficile, les différentes minorités étant
toujours animées d’un certain nationalisme.
Etat-nation et démocratie s’aident donc mutuellement à se
réaliser et à se pérenniser.
Mais ces deux éléments sont-ils séparables ? L’histoire européenne du
XXème siècle est faite de crises et de balbutiements, qui ont profondément fragilisé la démocratie,
jusqu’à la nier entièrement.
Ainsi, si l’Etat-Nation est un cadre dans lequel la démocratie a pu s’instaurer
progressivement, l’existence d’un Etat-Nation n’implique pas forcément celle d’une démocratie.
Il semble alors possible de concevoir ces deux notions séparément.
Les exemples ne manquent pas à
travers l’histoire européenne d’Etat-Nations non-démocratiques.
L’exemple le plus frappant est peut -être
l’avènement des totalitarismes au XXème siècle.
L’Allemagne nazie, comme l’Italie fasciste se sont
appuyés sur l’idéal de l’Etat-Nation pour mener à bien leurs aspirations.
La grandeur nationale est dans
les deux cas placée au-dessus de
tout, et ces deux idéologies reprennent ainsi à leur compte les thèmes nationalistes, les poussant jusqu’à
l’exacerbation.
Dans l’idéologie nazie, la nature est essentiellement « Völkisch » : le peuple (comme
groupe historique, géographique et biologique) définit l’essence de chaque individu.
Tous les
comportements humains dépendent donc de la structure génétique et des conditions historiques
d’existence de son peuple, et donc de son sang.
La gloire du passé est également exaltée, et la nouvelle
Rome doit ainsi ressembler à la Rome antique pour Mussolini, et les théories racistes d’Hitler s’appuient
sur de très anciennes traditions germaniques.
Pour Hitler en effet, dans la lutte pour la domination du
monde, toutes les races ne sont pas à égalité.
La race supérieure est la race blanche dont les Germains
seraient les plus purs représentants.
L’absence de métissage donne alors au peuple sa force et sa
capacité à créer une civilisation nouvelle.
Les doctrines se basent sur un nationalisme exacerbé.
L’idéologie nazie se nourrit de la revanche contre le « diktat » de Versailles, et passe ensuite d’un
nationalisme de défense à un nationalisme de conquête, comme dans l’idéologie fasciste.
La grandeur de
la nation italienne demande que la Méditerranée soit transformée en une nouvelle « mare nostrum ».
Hitler lui, veut intégrer dans le Reich tous les peuples
de race allemande, c'est-à-dire de langue germanique.
Il y a joute la notion d’espace vital ou de «
Lebensraum », nécessaire à l’épanouissement du peuple allemand.
Cette exacerbation de l’Etat-Nation va ainsi jusqu’à se poser contre la démocratie.
L’Etat totalitaire nazi
remonte dans cette logique à d’anciennes traditions allemandes, en particulier la tradition prussienne de
l’Empire qui exalte l’autorité du chef et de l’élite politique.
La théorie de Hegel pour qui l’Etat est supérieur
aux individus est aussi reprise.
Un régime parlementaire paraît alors dans cette conception de la nation
incapable de rendre à l’Allemagne sa puissance et sa place.
Et c’est aussi en vertu de ces principes que
les Länder doivent disparaître.
Le rôle de l’Etat est ainsi d’assurer la domination de la race supérieure.
L’idéologie nazie voit dans les principes parlementaires, c'est-à-dire dans les élections, le gouvernement
contrôlé, les débats contradictoires, l’origine de la division du peuple, de son affaiblissement, et donc de.
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