Les prisons
Publié le 11/11/2018
Extrait du document
LE CAS DES MINEURS
L'ordonnance du 2 février 1945 sur l'enfance délinquante prône la primauté de l’éducatif sur la répression. Mais, en 2002, pour mieux lutter contre le « rajeunissement et l'aggravation de la délinquance des mineurs » et « combler les insuffisances du dispositif pénal actuel », un projet du gouvernement privilégie les mesures répressives sur l'accompagnement éducatif. Les mineurs délinquants étant de plus en plus jeunes, le gouvernement crée des « sanctions éducatives » pour les enfants de 10 à 13 ans.
UNE PRATIQUE ANCIENNE
Toute société cherche à se protéger contre ceux qui rompent le pacte social. Il s'agit de les neutraliser, de les punir, de les rééduquer, enfin, pour les réinsérer.
La prison a de nos jours pour vocation de remplir ces fonctions.
De l'Antiquité jusqu'à la fin du xvii' siècle, un individu condamné pouvait être banni, envoyé aux galères ou supplicié.
La pratique de l'enfermement, utilisée principalement pour la mise à l'écart des opposants politiques, mais aussi des pauvres ou des malades, est très ancienne.
LA GÉNÉRALISATION D'UN SYSTÈME EXISTANT
Dans Surveiller et punir, naissance de la prison (1975), Michel Foucault montre que c'est à l'extérieur du système judiciaire qu'est réellement née la prison, dans le développement, tout au long des xviie et xviiie siècles, de pratiques d'enfermement et de surveillance
généralisées : Foucault souligne ainsi le rôle répressif de l'Hôpital général, créé en 1654, et des dépôts de mendicité, créés en 1764.
Il replace l’enfermement pénitentiaire dans une perspective plus vaste. Cette pratique de l'enfermement n'allait pas de soi dans les théories juridiques sur lesquelles reposait ce système :
aucun des grands réformateurs de la seconde moitié du xviii' siècle, comme le marquis de Beccaria ou Brissot de Warville, ne la concevait comme principe général ni même seulement préférentiel de la pénalité.
Ainsi, la généralisation de la prison comme forme pénale du châtiment est en fait la généralisation d'un système destiné à rendre les individus dociles et utiles à la société : ces mécanismes de contrainte, à l'œuvre dans tout l'espace social, ont tout simplement fini par investir l'institution judiciaire au moment de son intégration dans un appareil d'État centralisé.
UNE INSTITUTIONNALISATION RÉCENTE
L'institutionnalisation de la prison dans le système pénal français date des xviiie et xixe siècles. Elle correspond à la décision de substituer la peine privative de liberté aux châtiments corporels qui étaient de mise sous l'Ancien Régime. Le Code d'instruction criminelle de 1808 et le Code pénal de 1810 (dont la révision, commencée en 1974, a abouti à un nouveau Code, adopté en 1992 pour être appliqué à partir de 1994) font alors de la prison la forme générale de la pénalité.
Quant à la condamnation à mort, elle est limitée dès la fin du xviiie siècle à un nombre réduit de crimes, et rendue moins cruelle.
En France, la guillotine est spécifiquement conçue pour « atténuer » les souffrances du condamné.
Cette transformation tiendrait à l'exigence de démocratie issue de la Révolution française.
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen reconnaissant les principes de liberté et d'égalité expliquerait la généralisation du système de la prison : une peine unique et quantifiable, susceptible d'être appliquée à tous les individus en réponse à tous les types d’infractions.
L'architecture carcérale
Les techniques spécifiques de surveillance commandaient une architecture nouvelle, dont le modèle - qui sera adapté à toutes les institutions d'enfermement -est le Panopticon, conçu par Jeremy Bentham en 1791 : il s'agit d'un bâtiment conçu de telle manière que les occupants de chaque cellule, séparés les uns des autres, soient tout à la fois en état de visibilité permanente et dans l'impossibilité de voir le surveillant qui les observe à partir d'un point central. C'est encore sur ce modèle panoptique que fut construite en 1969 la prison de Fleury-Mérogis (91).
Une pratique basée sur des
RÉFLEXIONS THÉORIQUES
Du début du xixe siècle à aujourd'hui, l'histoire de la prison française se confond avec celle des débats théoriques, des projets de réforme et des programmes de réalisation,
LES ÉVASIONS
En 2001, les évasions ont atteint le nombre de 54, impliquant 75 détenus. Trente et une ont abouti et concernaient 38 détenus.
De plus en plus spectaculaires, les évasions font la une de la presse. Pourtant, la sécurité est une préoccupation constante dans les prisons. Au quotidien, chaque geste des surveillants est pesé : de l'examen rapide par l'œilleton avant d'ouvrir la porte des cellules jusqu'aux fouilles quotidiennes par palpation.
Chaque point névralgique des établissements pénitentiaires est traité avec attention. Les portes d'entrée font l'objet d’une surveillance très poussée : biométrie, passage au portique de détection des métaux, présentation et enregistrement des papiers d'identité des visiteurs,
«
LES
ÉVASIONS
En 2001, 1es �WIS#Ms ont atteint
le nombre de 54, impliquant
75 détenus.
Trente et une ont abouti
et concernaient 38 détenus.
De plus en
plus specta
culaires, les
évasions font la une de la
presse.
Pourtan�
la sécurité
est une
préoccupation constante dans les
prisons.
Au quotidien, chaque geste
des surveillants est pesé : de
l'examen rapide par l'œilleton avant
d'ouvrir la porte des cellules
jusqu'aux fouilles quotidiennes par
palpation.
Chaque point névralgique des
établissements pénitentiaires est
traité avec attention.
les portes
d'entrée font l'objet d'une
surveillance trés poussée :
biométrie, passage au portique
de détection des métaux.
présentation et enregistrement des
papiers d'Identité des visiteurs,
• 1654 : l'Hôpital général de Paris est
créé sous l'autorité de louis XIV.
Ce
n'est pas un établissement charitable
mais un lieu divisé en « quartiers » dans
lesquels sont massés les rebuts de la
société (mendiants, femmes criminelles
et condamnés âgés).
• 1670 : la GrGnde Ordonn•nce
r---/,_t....,.�-� criminelle, sous
l'autorité de
_ louis XIV, prévoit
que les jugements
·-.
soient exécutés le
jour où ils ont été
prononcés aux
condamnés.
-----.o.�· le juge peut les
mettre à exécution aussitôt rendus.
1748 : avec le remplacement des
g•lères par les travaux forcés,
Rochefort et Toulon deviennent des
• 1764 : les mendiants et les vagabonds
sont regroupés dans des dépôts de
mendicité.
• 1789 : en cette année révolutionnaire,
les châtiments corporels sont quasiment
tous supprimés.
la Déclaration des Droits
de l'homme et du citoyen proclame que
« nul ne peut être accusé, arrêté ou
détenu que dans les cas déterminés
par la loi et selon les formes qu'elle a
prescrites ».
• 1791 : la peine privative de liberté
est généralisée dans le Code pénal.
la prison est un lieu de punition et
d'amendement au sein duquel on
éduque et on fait travailler le condamné.
la punition par travaux forcés est
maintenue.
portables
et sacs laissés à l'entrée,
fouille des véhicules ...
la particularité de ces structures
est la présence de miradors : le
personnel pénitentiaire y surveille
tout mouvemen� une arme à portée
de main.
Il existe divers procédés d'évasion.
Parmi eux.
les évasions par
substitution de personne : le détenu
s'échappe de l'établissement aprés
s'être fait remplacer par un
complice.
Ce ne sont pas les plus
courantes, loin s'en faut
les évasions se terminent souvent
dans la violence, même si la loi
interdit de tirer, dans le cas d'une
évasion par hélicoptère.
Certaines évasions se déroulent
à l'extérieur d'un établissement : lors
d'une sortie pour raisons médicales
ou judiciaires, par exemple.
Si les chiffres dénombrent les
évasions effectives, il est impossible
d'évaluer de manière exacte les
tentatives déjouées: qu'en est-il de
la découverte d'une arme ou d'un
téléphone portable, à l'occasion
d'une fouille ?
• 1805 : premier établissement de
redressement à Embrun (Dauphiné).
• 1808 :création de maisons centrales
de détention.
Elles concernent les
hommes et les femmes et sont prévues
pour:
-les peines supérieures à un an,
-l a réclusion criminelle,
- les peines correctionnelles,
- les condamnés âgés aux travaux forcés.
D'anciens biens nationaux, forteresses
ou abbayes, comme celle de
FonteVIYiult, sont peu à peu
transformés en maisons centrales.
• 1810 :le deuxième Code pénal prévoit
le boulet au pied des forçats et la
flétrissure au fer rouge.
Le travail
obligatoire est mis en avant.
• 1811 : les maisons d'arrêt deviennent
des prisons départementales.
• 1819 :création de la Société royale
pour l'amélioration des prisons.
• 1839 : il est désormais interdit de
parler, de fumer, de boire du vin à
l'intérieur des prisons.
Les prisonniers
sont tenus au travail et au port du
costume pénal.
Ce règlement s'étendra
ensuite aux maisons d'arrêt.
• 1842 : création du prétoire.
Les
détenus passent toute la durée de leur
peine dans des cGchots.
•
1851 : prétextant la ruine de la
Guyane, le gouvernement français
décide d'en faire un vaste pénitencier.
• 1854 : l'Assemblée parlementaire
vote la loi qui instaure le transfert des
bagnards en Guyane et en Nouvelle
Calédonie.
Petit à peti� les bagnes
métropolitains disparaissent.
• 1872 : une commission d'enquête
parlementaire est chargée d'observer
l'univers pénitencier dans le but d'y
apporter des améliorations.
• 1875 :la loi Bérenger durcit les
conditions d'emprisonnemen t: mis en
isolement total, les prévenus et les
condamnés dont l'emprisonnement
n'excède pas un an se voient accorder
une remise d'un quart de leur peine.
• 1885 : institution de la libération
conditionnelle par Bonneville de
Marsangy.
• 1911 : l'administration pénitentiaire est
sous la tutelle du ministère de la Justice.
• 1912 : premiers tribunaux pour enfants.
• • 1945 :les
frtiVGUJl forc �ssont
abolis.
ëincarcération
prévoit l'amendement
et le
reclassement
social des
détenus.
• 1958 : nouvelle fonction au sein du
système judiciaire : le juge d'application
des peines.
Des comités de probation
et d'assistance aux libérés assurent
désormais le suivi des peines en milieu
ouvert.
• 1972 : mise en place des réductions
de peine.
• 1974 : les centrales de CIGirvDux
et de Poissy doivent faire face à des
émeutes qui se répandent ensuite
dans une quarantaine de prisons.
partie du paysage carcéral : de nouveaux
centres de détention sont ouverts.
La
vie dans les prisons s'améliore et des
peines de substitution sont mises en
place.
Instauration des quartiers de
haute sécurité.
• 1977 : deux dernières condamnations
à mort.
• 1981 : la peine de mort est abolie.
• 1983 : la peine de travail d'Intérêt
général est créée.
• 1985 : le garde des Sceaux,
Robert
BDditrter,
apporte certains
assouplissements
à la vie carcérale.
Il renforce les
droits des
détenus : les
parloirs sans
séparation sont généralisés et la
télévision est autorisée dans les cellules.
Son projet de parloirs sexuels est rejeté.
• 1987 : la loi du 22 juin développe les
diverses fonctions du service public
pénitentiaire : « le service public
pénitentiaire participe à l'exécution des
décisions et sentences pénales et
au maintien de la sécurité publique.
Il favorise la réinsertion sociale des
personnes qui lui sont confiées par
l'autorité judiciaire.
Il est organisé de
manière à assurer l'individualisation
des peines ».
Suppression du travail
obligatoire.
• 1994 : les hôpitaux publics se voient
confier les soins aux détenus par la loi
du 18 janvier.
le Conseil constitutionnel
promulgue un texte sur la finalité des
peines d'emprisonnement: « ëexécution
des peines privatives de liberté en
matière correctionnelle et criminelle a
été conçue non seulement pour
protéger la société et assurer la
punition du condamné, mais aussi pour
favoriser l'amendement de celui-ci et
permettre son éventuelle réinsertion.
»
• 1996 : réforme de la procédure
disciplinaire des détenus.
la commission
de discipline remplace le prétoire.
• 1997 : Pierre-Guy Cabanel fait adopter
(19 décembre) la loi sur le placement
sous surveillance électronique
de détenus purgeant une peine
inférieure à un an ou dont le reliquat
de peine est inférieur à un an.
• 1999 : les services pénitentiaires
d'insertion et de probation, regroupés
sous des directions régionales, assurent
entre autres, la réinsertion sociale et
l'aide à la sortie de prison.
De nouveaux
établissements sont construits.
MALAISE DANS LES PRISONS
FRANÇAISES
lE SUICIDE DANS LES PRISONS
FRANÇAISES
120 détenus se sont suicidés en 2002
dans les prisons françaises.
Ils étaient
104 en 2001, 138 en 1996.
Mais en 1980,
ils n'étaien� si l'on peut dire, que 39.
Selon le rapport de l'Administration
pénitentiaire de 1999, les taux les plus
importants sont enregistrés en maison
d'arrêt, où la densité de population
carcérale est plus élevée (les maisons
d'arrêt reçoivent des prévenus et des
condDmn�s dont le reliquat de peine
est inférieur ou égal à un an).
LES PRISONS EN 2M2
• 185 établissements pénitentiaires.
• 47 473 places en service.
• 117 maisons d'arrêt recevant les
prévenus et les condamnés dont le
reliquat de peine est inférieur ou
égal à un an (sans compter les
quartiers de maison d'arrêt indus
dans un centre pénitentiaire et
les centres
de semi-liberté
distingués ci-aprés).
• 23 centres de détention accueillant
des condamnés qui sont considérés
comme présentant les meilleures
perspectives de réinsertion.
A ce
titre, ils comportent un régime
principalement orienté vers
la resocialisation des détenus.
• 6 maisons centrales recevant les
condamnés les plus sensibles.
Leur régime de détention est Il
y a davantage de suicides dans
les établissements sous-encadrés et
le taux de suicides augmente avec
le surpeuplement et l'ancienneté des
établissements.
Bien que la prison soit certainement
l'un des lieux où l'on peut repérer
le plus facilement les conduites
suicidaires, il n'existe paradoxalement
sur ce sujet que peu d'études détaillées
en France.
En janvier 2003, le ministre de la Santé,
Jean- François Mattéi, et le garde
des Sceaux, Domiaique Perben,
ont demandé au professeur Jean-Louis
Terra, psychiatre spécialiste du suicide,
de se pencher sur la question.
US OBSERVATOIRES
En janvier 2002, Amnesty International
a dénoncé les périodes d'isole_,
prolongé imposées à certains détenus.
Les conséquences en sont une
dégradation de la santé physique
et mentale.
De plus, le Comité européen anti
torture (CP1) dénonce les violences,
qu 'elles soient physiques ou verbales,
infligées aux détenus.
On le voit bien, de grands progrès
doivent encore être accomplis si l'on
veut faire des prisons des lieux de
réinsertion sociale.
essentiellement axé sur la sécurité.
• 26 centres pénitentiaires,
établissements mixtes comportant à
la fois un quartier • maison d'arrêt •
el/ou un quartier • maison centrale
el/ou un quartier centre de
détention •.
Ils reçoivent à la fois
des prévenus et des condamnés
à de courtes et longues peines.
• 13 centres de semi-liberté
autonomes, recevant les
condamnés admis au régime
de semi-liberté, leur permettant
d'exercer une activité :travailler,
recevoir un enseignement ou une
formation professionnelle, apporter
une participation essentielle à la vie
de leur famille ou subir un
traitement médical.
Les condamnés
sont astreints à rejoindre
l'établissement pénitentiaire dès la
cessation de cette activité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Foucault , des prisons complètes et autéres - Surveiller et punir , Michel Foucault
- Les zoos sont-ils des prisons ?
- MA VIE ET MES PRISONS (résumé)
- MES PRISONS Silvio Pellico - résumé, analyse
- les prisons scandinaves