Le nationalisme en Andalousie
Publié le 03/09/2012
Extrait du document
Pour finir avec les entretiens, je me suis rendue au siège du PSOE qui m'a proposée un entretien téléphonique avec le responsable de la Communication du comité exécutif régional, Miguel Ángel Vázquez. Le PSOE étant un parti très occupé et pris par le temps, j'ai dû attendre deux semaines pour recevoir cet appel bien que j'aie relancé à chaque fois ma demande. J'ai néanmoins obtenu un peu d'attention de la part du PSOE car j'ai pu m'entretenir avec Monsieur Vázquez durant un petit quart d'heure au téléphone. Je lui ai donc demandé s'il pouvait m'expliquer le manque de conscience nationale en Andalousie et partant, le manque de préoccupation pour les discours et programmes des partis nationalistes. Sa réponse a conforté ce que j'ai pu lire sur l'histoire du PSOE d'Andalousie à savoir que ce parti a assumé dès les premières élections démocratiques le composant autonomiste en revendiquant dans son discours un plus haut degré de compétences pour les communautés autonomes et le droit à s'autodéterminer. De ce fait, le PSOE a occupé une place majeure dans la politique en Andalousie car il a su représenter les intérêts inhérents à la population. Le PSOE tente de démonter l'aspect nationaliste en affirmant qu'en Andalousie il n'est pas nécessaire de recourir au nationalisme car justement « Andalucía es España, Andalucía necesita a España. «. Cela n'a aucun sens de vouloir se séparer de l'Espagne, quand l'état central fournit à la Communauté autonome les moyens pour se développer économiquement et socialement. En conséquence, on ne parle pas de sentiment d'indépendance en Andalousie car plus de la moitié de la population se sent autant Andalouse qu' Espagnole. En effet selon le PSOE « ser español no cuesta trabajo porque los símbolos de España son los símbolos de Andalucía «[9]. Les postulats des partis nationalistes sont absurdes selon le PSOE et les empêchent à structurer et à organiser un discours crédible et doté de sens auquel la population andalouse pourrait adhérer et consentir . Le PA n'a pas pu se faire une place sur le « marché politique « espagnol, résultant difficile voire impossible de diriger le décor électoral andalou. Ainsi, les militants choisissent-ils le vote socialiste et non le vote nationaliste « de gauche « car le PSOE représente le mieux les intérêts collectifs de la population. En votant le PSOE et non nationaliste, la population fait entendre sa voix en laissant percevoir que la question de l'indépendance de l'Andalousie n'est toujours pas à l'orée de ses préoccupations fondamentales. De même, l' Andalousie est une communauté à tradition socialiste depuis les premières élections de 1977 ce qui me permet de dire que le PSOE reflète pour le moment les intérêts de la population plus que les partis nationalistes. Même si 89% de la population est fière d'être Andalouse et de vivre en Andalousie, cela ne signifie pas qu'ils manifestent leur désir de se séparer de l'Espagne ou de réclamer leur indépendance, le vote étant un des témoignages matériels de cette hypothèse. Au moment de s'exprimer par le vote, les Andalous approuvent et soutiennent la gouvernance du PSOE en rejetant toute visée indépendantiste du futur politique andalou.
«
sociale, à l'améliorer selon les principes d'égalité et de solidarité.
Mais la composante nationaliste du parti vient troubler le discours du parti en deux points.
D'unepart, l'aspect nationaliste est confus dans la manière de le défendre.“El PA es nacionalista antinacionalista”, c'est-à-dire que le PA est nationaliste mais pas exclusifdans la mesure où il n'exclut pas les autres peuples.
Un nationalisme qui se soucie des intérêts des autres peuples est-ce un nationalisme assumé ? Il est difficile des'imaginer et comprendre comment peuvent se combiner les idéaux de progrès, de diversité culturelle et d'internationalisme si chers à la gauche avec l'idée denationalisme lié aux faits différentiels et aux signes identitaires propres à une nation qui la distingue des autres nations.
Cependant, le nationalisme que défend le PAest non indépendantiste, c'est-à-dire qu'il ne veut pas se séparer de l'Espagne.
Quel est donc l'intérêt de se considérer nationaliste si le développement de l'Andalousiese fait grâce à et par l'État central et l'Europe.
Nous sommes face à une lutte de pouvoir entre les élites oligarchiques pour partir à la conquête du pouvoir.
Qu'est-cequi différencie les revendications du PSOE de Andalucía à celles du PA ? Que le PA est un parti nationaliste qui défend les intérêts de la population andalouse ?Mais le PSOE qui gouverne la Communauté autonome andalouse que défend-t-il ? Mon travail ne consiste pas à prendre parti pour un parti ou un autre mais demettre en évidence les incohérences internes des discours et de souligner les rivalités qui règnent entre les partis politiques afin de rapporter les informations tellesque je les ai reçues , ainsi à partir de là remettre en cause ou dénoncer ce que je crois absurde ou peu cohérent.
De fait, je considère que les partis nationalistes neveulent pas l'indépendance en tant que moyen de se gérer seuls mais comme un moyen de manipulation afin d'unir leur peuple autour de ses leaders indépendammentdes réels objectifs tels que conquérir le pouvoir et ainsi être maîtres chez eux.
Pour en revenir aux différences entre le nationalisme de droite et de gauche, le PA ne se considère pas de droite car il n'est pas conservateur dans la mesure où il nedéfend pas les privilèges de la bourgeoisie.
L'aspect nationaliste souvent rattaché aux valeurs de droite, et aux stéréotypes liés à l'intolérance et le rejet des autrespeuples n'a pas été mentionné.
Car le nationalisme défend l'identité nationale justifiée par l'existence d'une communauté historique et culturelle spécifique face à un« ennemi ».
En effet, si le nationalisme défend son peuple c'est bien face à une agression, à un ennemi ou une menace extérieure à sa nation.
Par conséquent, encomparant et confrontant les deux systèmes de valeurs (nationalisme/gauche), je pense que ce serait en ce sens que l'on pourrait trouver des différences entre lenationalisme de gauche et le nationalisme de droite.
Toutefois, je ne pense pas que cette démarche soit pertinente car pourquoi le nationalisme andalou serait tolérantet pacifiste alors qu'il ne défend les intérêts d'un seul peuple face à un « ennemi », l'Espagne? Qu'est-ce qui différencie “la grande Espagne” de Franco et “Andalucíalibre” des partis nationalistes ? Je crois que les principes du nationalisme sont toujours les mêmes et se basent autour d'idéaux qui sont incompatibles avec ceux de lagauche.
L'idée de « nation » associée au racisme, à l'intolérance et au renfermement sur soi est contradictoire à l'idée de progrès social et d'internationalisme.
Je penseque l'étiquette « nationaliste » du PA est inutile et le parti même ne l'assume pas.
Comment inculquer ce sentiment nationaliste dans son sens le plus pur (attachementà une nation et exaltation exacerbée de cette même nation) à un peuple qui n'est pas représenté politiquement par un parti crédible prenant en charge son idéologie ?Cela pourrait expliquer le manque de conscience nationale parmi la population andalouse.
Selon Pilar González le manque de conscience n'est pas dû à un discoursincohérent mais au monopole des deux forces politiques le PSOE et le PP.
Le message bipartite empêcherait les autres options politiques de rivaliser sur le “marchéélectoral”.
Le PSOE désactiverait l'identité andalouse en ne la diffusant pas à l'ensemble de l'Espagne.
L'incapacité du PA à influencer sur les décisions politiques nevient pas d'un problème interne du parti mais du gouvernement.
La guerre des partis fait rage…En parallèle, le PA s'acharne à revendiquer l'existence d'une nationandalouse et d'une conscience nationale qui est engloutie par le gouvernement espagnol mais qui existe réellement depuis la nuit des temps.
L'Andalousie, terre depassage et de métissage des cultures, terre intégratrice et tolérante.
L'Andalousie, dotée d'une histoire propre.
L'Andalousie, une nation ? Une nation naît du sentimentd'un peuple qui partage et se sent appartenir à une identité commune, une histoire commune et une culture commune.
Ces éléments requis pour former une nation nesont pas applicables à l'Andalousie dans la mesure où à l'échelle régionale 69% de la la population se sent autant Andalouse qu' Espagnole tandis que seulement 21%se sent plus Andalouse qu' Espagnole.
Si l' on compare le degré d'appartenance avec d'autres régions espagnoles, les différences sont tout à fait notoires en ce sensque la conscience nationale est beaucoup plus étendue parmi la population en Catalogne ou au le Pays basque qu'en Andalousie.
En effet, en 2001 on enregistre que44% des Catalans disent se sentir plus Catalans qu' Espagnols et 41% des Basques plus Basques qu' Espagnols.
Le niveau de sentiment national ou régionaliste enAndalousie est incontestablement inférieur, le pourcentage étant 10 point en dessous des autres régions au caractère national bien ancré parmi la population.
Comme nous le savons, les partis nationalistes d'Andalousie s'acharnent à revendiquer l'existence d'une nation andalouse.
Le moment est donc approprié pourdemander à la secrétaire générale du PA en quoi l'Andalousie est-elle une nation.
Sa réponse est immédiate, l'Andalousie est une nation car elle possède son histoireet un peuple avec son identité propre.
Selon elle, l'Andalousie est une nation sans État, sans expression politique mais avec une forte expression et représentationculturelle et qui plus est , une nation définit naturellement par son territoire : l'espace physique délimite les frontières entre l'Andalousie et l'Espagne par la SierraMorena au Nord et le fleuve Guadiana à l'Ouest.
De plus, l'Andalousie constitue une nation car elle a son propre dialecte; on parle de « hablas andaluzas ».
Le PAconçoit que l'andalou n'est pas une langue indépendante de l'espagnol contrairement au CUT-BAI[2], mais elle revendique l'existence du dialecte andalou et de larichesse des langages en Andalousie.
Ne nous méprenons pas, l'andalou n'est ni un dialecte ni une langue, c'est une manière de parler et de s'exprimer.
Comme danstoutes les régions d'un pays, il existe des variantes langagières régionales mais on ne va pas si loin en revendiquant l'existence d'un dialecte ou d'une langue.
Il en vade même pour l'andalou qui n'est ni plus ni moins une manière de s'exprimer avec ses propres expressions, comme serait le français parlé dans le Sud par rapport àcelui parlé dans la région parisienne : n'a-t-on pas nous aussi en France des variantes régionales sur le plan de la langue ? Est-ce un motif pour revendiquer l'existencede dialectes ou de langues régionales ? Certains ont tenté de justifier la réalité d'une langue andalouse mais leur postulats si subjectifs rendent peu crédibles toutejustification d'une existence de la langue andalouse comme langue à part entière.
« El andaluz es una realidad linguística que está ahí y que cuenta con (…) lapresencia de un fonema inexistente en castellano conocida como -j aspirada (…) la elisión de consonantes finales (…), el yeismo o la aspiración de la -h procedentede la -f latina y muchos mas que nos llevan a encontrar el origen de nuestra lengua, no en un castellano corrupto sino en una lengua autóctona desarrollada por loshabitantes de al-Andalus.
»[3] La langue a toujours été le pilier des revendications nationalistes puisqu'elle est le signe identitaire le plus apprécié des peuples quiluttent pour leur indépendance.
Par exemple le nationalisme catalan base son discours sur une politique linguistique afin de créer son originalité nationale à travers lecaractère officiel de la langue catalane.
Avec la reconnaissance politique, la reconnaissance linguistique d'une communauté est une politique décisive pour légitimerl'existence d'un peuple ou d'une nation.
Ensuite, selon le PA, les aspects qui définissent l'identité andalouse sont la joie de vivre de la population, l'expression de cette joie de vivre dans les festivitéspopulaires, la tolérance et le multiculturalisme de l'Andalousie, la manière passionnée de vivre représentée par le flamenco et sa capacité à résoudre les conflits dontelle a jouit depuis al-Andalus.
Ces aspects de l'identité andalouse sont bel et bien repris des principes idéologiques des folkloristes andalous qui se sont chargés deconstruire une culture populaire propre au peuple andalou pour le différencier des autres peuples.
Ces aspects de l'identité andalouse cités par la secrétaire sont lestopiques bien trop souvent exploités et manipulés en Espagne pour parler de l'Andalousie.
Le topique de l' Andalou jovial, qui aime faire la fête, optimiste et drôlevient exalter l'identité andalouse et représenter la joie de vivre en Andalousie.
Pour développer davantage sur l'identité andalouse liée le plus souvent à la culture arabe, j'ai voulu aussi savoir la position du PA concernant l'héritage d'al-Andalus :les Andalous se sentent-ils légataires d'une pensée arabe qui les unissent au monde arabe ? La réponse du PA est catégorique : en aucune façon l'Andalousie n'a depoints commun avec le monde arabe, ni dans la religion ni dans la politique.
En revanche les points communs se retrouveraient dans la culture : l'Andalousie n'est pashéritière d'une pensée arabe mais cultive l'idée d'une région cosmopolite et tolérante assimilée au paradis exotique pour les Occidentaux .
Cependant, le PA affirmesans détour vouloir fuir le monde arabe en se référant au port du voile, au terrorisme et à l'islamisme.
« Huyo el mundo árabe.
No representa el presente para nosotrossino el pasado en la medida en que la arabización lleva al terrorismo, ahora bien admiro su cultura.
» De par ces clichés, on s'approche du discours xénophobe quidiverge avec le discours du multiculturalisme , d'une Andalousie tolérante et exotique.
On assiste bien au faux multiculturalisme, la marque de fabrique de la région :vendre le caractère exotique et multiculturel de la région mais rejeter dans le même temps l'idée d'un héritage arabe.
Après avoir abordé des concepts abstraits, tels que la « nation » et l'identité andalouse, le moment est venu de parler des aspirations politiques du PA , qui sontclairement définies : arriver à une Espagne fédérale et non à l'indépendance de l'Andalousie.
En effet, quels seraient les avantages pour une région peu industrielle etsans compétitivité dans ses secteurs économiques à se séparer de l'État central ? Le PA assume donc ses choix et n'aspire pas à l'indépendance mais à une Espagnefédérale.
Elle serait le modèle politique le plus équitable pour le pays et transformerait la structure territoriale actuelle par un modèle plus juste où les Communautésseraient sur le même pied d'égalité avec le même niveau de compétences, un degré d'auto-gouvernement plus grand et l'opportunité de gérer les finances et leurpropre budget sans la supervision de l'État central.
L' Espagne fédérale serait le moyen d'homogénéiser la distribution des richesses et du pouvoir afin d'aboutir à l'égalité dans la répartition des compétences et de.
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