Le multiculturalisme en Asie du sud Est
Publié le 01/06/2023
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Mercredi 17 Mai 2017
Master 2 Relation internationales
et Francophonie
2016/2017
Pages: 4/4
MODULE D'ASIE :
Le multilatéralisme et la résolution des conflits sécuritaires en Asie du Sud Est
Au XXI ème siècle, en Asie du Sud Est, les paramètres géopolitiques ont changé et
peuvent se dégager deux tendances majeures concernant les confits de la région.
La
première tendance évidentes est la primauté des intérêts concrets, à la fois des Etats de la
région et des puissances extérieures, sur les facteurs idéologiques, c'est à dire que les enjeux
de sécurité sont liés à des intérêts de positionnement et à des déploiements de capacité et
non plus à des confrontations idéologiques.
La seconde est l’intrusion de plus en plus visible,
voire revendiquée, des acteurs extérieurs.
L’Asie du Sud-est est ici valorisée par sa vocation
d’espace de rencontre et d’intermédiaire ; le danger étant que cet atout se transforme en
menace, l’Asie du Sud-est devenant, malgré elle, un espace de concurrence, voire de rivalité.
Ces enjeux, qui avaient autrefois une importance minime à l’échelle du monde,
comme le terrorisme ou le trafc intérieur (blanchiment d’argent, drogues, trafc d’êtres
humains...), acquièrent une nouvelle intensité et une dimension globale qui indiquent bien
qu’on ne peut ignorer leur impact sur et leur passage par l’Asie du Sud-est dans une
confguration mondiale.
De plus, la région a désormais intégré le discours et la pratique des
grands problèmes des relations internationales dont la prolifération, le terrorisme et la
sécurité maritime (et le terrorisme est l’exemple type du dossier en permanence à la lisière
des ressorts locaux et des fux mondiaux).
La cristallisation des tensions autour des questions
de souveraineté, notamment sur des territoires maritimes (mer de Chine méridionale et
orientale), se traduit par la croissance considérable des budgets de défense, la modernisation
sans précédent des outils militaires, notamment navals et aéronavals et la diversifcation des
entraînements et des missions.
A la différence des années précédentes, les revendications
peuvent à présent être suivies de démonstrations de force.
Ce paramètre-là, cet « effet spirale
», constitue une tendance récente mais lourde.
Face à ces défs, l’Asie du Sud-est, donc les membres de l’ASEAN et l’ASEAN ellemême en tant qu’institution multilatérale espère trouver des solutions.
Ses ambitions sont de
maintenir une culture sécuritaire très spécifque, à la fois souple, inclusive et élargie.
Car si la
région tente de prendre son destin en mains, si elle continue d’explorer les possibilités d’une
coopération renforcée, institutionnalisée avec l’ASEAN et ses ramifcations telles que
l’ASEAN+8, elle est encore très loin de constituer un espace de stabilité.
Dans son approche,
on décèle d'une certaine manière un déni de la menace par une approche élusive et une
stratégie plus déclarative que responsable.
Le différend entre la Thaïlande et le Cambodge inquiète d’ailleurs, pas seulement pour
le potentiel confit armé qu'il représente, mais aussi pour le symbole que ce confit
représente pour l’ASEAN.
Il pose en relief la question de la pertinence, voire de la
cohérence, de tous ces efforts alors que les bases relationnelles intra-membres n’ont pas été
assainies et que les logiques nationales n’ont jamais été fondamentalement remises en cause
au proft d’une culture sécuritaire plus collective.
Dans le but d’éviter que les nombreuses
frictions ne dégénèrent en confit ouvert, les pays d’Asie annoncent vouloir se familiariser
progressivement avec la sécurité collective (volontarisme initiée avec l’ARF, prolongée avec
la Communauté de l’Asie de l’Est et renforcée avec l’ASEAN + 8).
A l’épreuve, cette
coopération multilatérale, foue et déclarative, reste, on l’a signalé, l’otage d’intérêts
nationaux diffcilement conciliables ; ce qui rend la gestion des dossiers sensibles, et
notamment celui de la prolifération nucléaire qui sera une réalité à une échéance de quinze
ans, très inquiétante.
En outre, la cohérence des choix entre les différentes catégories
d’acteurs et de décideurs (Forces armées, ministère des Affaires étrangères, ministère de la
Défense, Exécutif) demeure surprenante, presque aléatoire.
L’ASEAN elle-même n’a toujours aucune légitimité pour agir alors qu’elle augmente
son exposition sur ces dossiers ; le Secrétariat sait qu’en cas de crise, il n’aurait aucune
autorité pour intervenir et augmenter la capacité de résistance réelle des acteurs de la région.
Les intérêts nationaux n’ont toujours pas cédé de terrain aux avantages collectifs.
Sur le
coup, les plus forts, en l’occurrence la Chine et les Etats-Unis deviennent des gendarmes et
dans les faits, imposent leurs conceptions, leur vision et leur rythme sécuritaires.
Dans les
faits, l’asymétrie de puissance est plus marquée avec la modernisation et le renforcement des
dispositifs militaires américain et chinois et les Etats d’Asie du Sud-est sont plus sensibles
aujourd’hui à la coercition, à la pression, voire aux manipulations extérieures.
L’Asie du Sud-est est loin d’opérer cette évolution toute seule.
La région reçoit de
manière croissante, avec des avantages et des inconvénients, l’attention, les sollicitations et
parfois même les menaces, de la part des géants asiatiques que sont l’Inde et la Chine, ainsi
que des Etats-Unis.
Les paramètres de sécurité de l’Asie du Sud-est sont pris, encore une fois,
dans l’étau des acteurs étrangers avec lesquels elle entretient des relations de plus en plus
complexes et ambiguës car les stratégies suivies par ces Etats, et notamment la Chine, sont
hautement ambiguës et diffcilement lisibles.
La Chine préfère déstabiliser ses voisins « par
touches » pour agir et tirer avantage plutôt que de se mettre elle-même dans une position à
risque.
Cette stratégie oblige les Etats-Unis à augmenter leur engagement pour garder le
même niveau d’infuence.
Sur le coup, les Etats de la région pourraient s’épuiser dans des
enjeux qui ne sont pas les leurs et qui non seulement les détournent de leurs propres
défciences - augmentant de la sorte leur risque confictuel – mais qui les rendent plus
dépendants des interventions extérieures.
L’ASEAN n’est pas encore une communauté de
sécurité.
Elle devient à la fois entre les membres de l’ASEAN et entre acteurs extérieurs un
espace où les uns et les autres acteurs testent leur capacité de domination ou de nuisance.
La question est de savoir dans quelle mesure le multilatéralisme asiatique représenté
par l’ASEAN + 8 est capable d’empêcher la réalisation des différents scénarios possibles : un
confit sino-américain dans le sud de la Mer de Chine, l’implication des pays d’Asie du Sud
dans un tel confit, une guerre sino-américaine par procuration en Asie du Sud-est, ou encore
des interventions militaires chinoises ou américaines dans les pays d’Asie du Sud-est.
Le
nouvel organe de l’institution a été créé pour servir de plateforme de discussions des
questions de sécurité : l’ASEAN Defense Ministers’ Meeting Plus et l’East Asia Summit (EAS)
qui accueillait pour la première fois en novembre 2011, les Etats-Unis et la Russie.
Ces outils
témoignent bien de la tendance grandissante et plus générale d’intégrer la Chine et les EtatsUnis dans les débats régionaux.
Les tensions dans le sud de la Mer de Chine sont les plus
graves et les plus susceptibles de faire de la région un champ de bataille.
Cette zone fait coexister deux enjeux majeurs: le niveau régional avec les disputes
territoriales entre les pays asiatiques et le niveau des grandes puissances avec la rivalité entre
la Chine et les Etats-Unis.
Bien qu’ils soient à l’origine distincts, ces deux niveaux sont de
plus en plus liés, en premier lieu par l’engagement de la Chine dans les deux sphères, mais
aussi par l’alliance de défense entre les Américains et les Philippins, ainsi que par
l’implication grandissante des deux superpuissances dans les forums de discussions de
l’ASEAN.
Les enjeux pour les deux puissances sont essentiels à comprendre pour
appréhender l’avenir de la stabilité en Asie du Sud-est.
En ce qui concerne la position de la
Chine sur ses litiges territoriaux, nous reprenons les affrmations de Taylor Fravel (2008),
selon lequel il est peu probable que la Chine utilise la force dans le sud de la Mer de Chine à
moins que la situation ne risque de détériorer durablement sa position.
D’après lui, la Chine
considère que la région est relativement stable puisque toutes les terres sont occupées et
qu’elle en occupe elle - même un nombre suffsant.
William A.
Callahan (2004) assure pour
sa part que les dirigeants chinois ne voient pas la défnition de la souveraineté comme un
problème urgent à régler mais qu’ils attendent en revanche de ses voisins une
reconnaissance du statut spécial de la Chine.
Le principal danger pour les Chinois, qui sont
malgré tout actuellement dans une situation confortable, est....
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