Le cyberespace : conflictualité et coopération entre les acteurs
Publié le 01/05/2023
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Chapitre 12
Le cyberespace : conflictualité et coopération entre les acteurs
Le cyberespace est un espace virtuel constitué par l'interconnexion mondiale des
systèmes informatiques et de télécommunication.
Il est constitué de l’ensemble des données
numérisées (logiciels et documents textuels, sonores, graphiques ou visuels) disponibles sur
Internet et des infrastructures matérielles et logicielles qui assurent leur diffusion.
Espace de
liberté, chacun peut y consulter, produire et diffuser des savoirs.
Pourtant, ses utilisateurs sont
l'objet d'une surveillance de plus en plus forte de la part des Etats tandis que leurs données
personnelles sont de moins en moins protégées.
La maîtrise de ce nouvel espace virtuel
constitue ainsi un enjeu politique et géopolitique majeur pour les Etats qui, victimes de
cybermenaces et de cyberattaques multiformes mettent en place des politiques de
cyberdéfense de plus en plus élaborées.
Quel avenir envisager pour le cyberespace, entre développement et tensions multiformes ?
I Le cyberespace, entre réseaux et territoires
1 - Infrastructures et acteurs
- le cyberespace est structuré par des réseaux physiques interconnectés
Des câbles sont reliés à des serveurs et des data centers qui constituent les nœuds de ces
réseaux.
Un centre de données est un établissement industriel dont le rôle est d'héberger des
données informatiques et de permettre leur accès à distance.
Près de 99% du trafic
intercontinental est assuré par les lignes sous-marines qui sont de véritables « autoroutes de
l'Internet ».
Aujourd'hui, quelque 450 câbles, soit plus de 1,2 million de kilomètres, serpentent
au fond des océans, jusqu'à 8 000 mètres de profondeur.
Les plus longs font l'équivalent du
tour de la terre comme le SeaMeWe-3 qui relie 33 pays depuis l'Allemagne jusqu'à la Corée
du Sud et l'Australie.
Vecteurs essentiels d'une économie mondialisée interconnectée, ces
câbles constituent des infrastructures vitales pour l’économie mondiale.
- ces infrastructures sont l'objet de tensions entre les acteurs privés et publics
Les États cherchent à garder le contrôle de ces territoires virtuels auxquels ils voudraient voir
appliquer les règles internationales régissant le principe de souveraineté.
Les firmes
transnationales, comme les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft)
américaines ou les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) chinoises, exercent une
influence de plus en plus forte sur les contenus disponibles sur Internet, tout en servant les
intérêts économiques et géostratégiques des États-Unis et de la Chine.
- les « zones grises » du cyberespace
Elles sont animées par des acteurs aux intentions souvent malveillantes : des groupes
terroristes comme Daech recrutent et communiquent via des messageries cryptées.
Le dark
web et le deep web sont les cyber-lieux de toutes les transactions illicites, souvent payées en
cryptomonnaies comme le bitcoin.
Le dark web regroupe des sites ayant des visées
criminelles ou proposant des informations ou des biens illicites.
Le deep web ou « internet
profond » est l'ensemble des pages web que les moteurs de recherche ne peuvent pas
identifier.
Ils ne sont accessibles qu'à l'aide d'un logiciel approprié.
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2 - Liberté ou contrôle des données
- un espace de liberté absolue ?
Internet a été appréhendé par ses premiers utilisateurs privés comme un espace de liberté
absolue pour échapper au contrôle des Etats.
Cette utopie d'un cyberespace libre devait
permettre l'avènement d'une nouvelle société de l'information.
Ainsi, lorsqu'il rédige en 1996
la Déclaration d'indépendance du cyberespace, John Perry Barlow consacre la liberté
d'expression comme son principe fondateur.
- le principe de l'open data matérialise cette vision du cyberespace
L’open data (« donnée ouverte ») est une pratique de publication sous licence ouverte qui
garantit un accès libre aux données numériques et autorise leur réutilisation sans conditions
techniques, juridiques ou financières.
La philosophie des données ouvertes préconise une libre
disponibilité des données pour tous, sans restriction de copyright, brevets ou d'autres
mécanismes de contrôle, favorisant la circulation du savoir et contribuant ainsi à la mise en
œuvre de sociétés de la connaissance.
- l’action d’une nébuleuse d'organisations militantes
La liberté du cyberespace est défendue par des organisations militantes qui agissent parfois
aux frontières de la légalité.
C'est le cas du mouvement Anonymous, des hacktivistes qui
piratent les sites gouvernementaux ou d'entreprises privées.
Le terme issu de l'association
entre « hackeur » et « activiste » désigne une personne utilisant les moyens informatiques
dont il dispose pour défendre une cause.
L'association Wikileaks fondée en 2006 par Julian
Assange défend également cette vision d'un cyberespace libre.
Depuis 2010, elle a publié sur
son site internet des millions de documents relatifs à des scandales de corruption,
d'espionnage et de violations des droits de l'homme dans des dizaines de pays.
- une surveillance de plus en plus étroite de la part d'acteurs privés et publics
Le contrôle des données représente un enjeu économique essentiel pour les géants du web qui
conditionnent au quotidien l'usage d'Internet et stockent, contrôlent et échangent les données
de leurs utilisateurs à des fins commerciales.
Les grandes entreprises des secteurs de
l'information, de la communication et des réseaux sociaux, savent tout de leurs clients qui
perdent le contrôle de leur vie privée.
- les États cherchent également à exercer leur souveraineté sur....
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