Le civisme
Publié le 05/06/2013
Extrait du document
«
« Le civisme, c’est se savoir partie prenante d’une collectivité qui n’est
pas seulement une addition d’individualités.
C’est aussi s’inscrire dans
une continuité et reconnaître qu’on est bénéficiaire de l’héritage que
vous laissent les générations précédentes : une société où, même s’il y a
des sujets de désaccord, les rapports de force ont fait place à des
rapports réglés par le droit.
C’est encore admettre que ces avantages
nous créent un devoir de réciprocité à l’égard de nos successeurs, celui
en particulier de leur transmettre, amélioré, l’héritage reçu.
Voilà pour
les rapports avec la civilité »
René REMOND
1) Le civisme : un héritage discuté.
Saturé de significations multiples, le civisme est souvent l’objet de discours de
dramatisation et de confusion.
La vision que nous propose ici René REMOND atteste ici de
tout le paradoxe d’une valeur consacrée comme une vertu privée mais d’utilité publique.
Dans
L’âme des peuples , André SIEGFRIED 1
résume alors justement ce paradoxe en définissant le
civisme comme « un dévouement à la chose publique, en vertu desquels, tout en revendiquant
son quant à soi, on estime devoir s’encadrer dans la communauté et collaborer à la vie
sociale »
Le civisme permettrait-il comme le suppose SIEGFRIED de réconcilier l’universel et
le particulier ? De respecter notre Histoire, de ne pas refaire les mêmes erreurs dans le
présent, tout en réfléchissant à l’avenir ?
Les journées de commémoration telles que le 11 novembre jouent justement ce double
rôle de nous rappeler éternellement nos erreurs au bénéfice de l’avenir tout en nous intégrant
dans une communauté humaine.
De même, des débats existent sur notre histoire comme celui
qui a eu lieu l’année dernière sur la lettre de Guy MOQUET devant être lue par les
enseignants en classe.
Le droit intervient alors parfois de manière abusive pour définir notre
Histoire afin d’enrayer certains débats.
(cf.
projet de loi écarté sur le rôle positif de la
colonisation, lois mémorielles) Toutefois notre société a besoin de ces débats en vue de
développer le civisme de ses acteurs.
La question du civisme engage alors le non-citoyen comme le citoyen.
Il confronte
l’administration, les élus, les intellectuels à la question de l’évolution des normes et des
situations, des comportements et des formes d’engagement, et cela avec deux moyens : le
débat sur les fins de la société et la négociation sur les objectifs et les moyens.
Dans une
société complexe et divisée sur les valeurs, toute recherche d’un fondement purement
philosophique à l’acte civique serait incertaine.
L’acte civique se réfère à une norme qui
n’existe pas en dehors des pratiques.
2) Un civisme des devoirs ou une liberté d’obéir ?
La question du civisme rappelle donc à chaque moment cette tension formulée par les
Grecs : au cœur de la démocratie, le citoyen réalise l’unité entre le sujet qui doit être libre
pour participer à l’élaboration de la loi et l’individu qui s’y soumet, qui obéit.
Cette vertu du
1
André SIEGFRIED, L’Ame des peuples , p 96, Hachette, Paris, 1952
2.
»
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