« L'administration peut-elle être efficace ? »
Publié le 15/08/2012
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Outre le fait que rendre l'efficacité prééminente soit un problème dans cette sphère publique, il convient de s'interroger sur l'applicabilité réelle de ce concept sur l'administration. En fait, il est difficile de modifier le fonctionnement d'un administration car cette dernière possède un système d'action concret qui n'est pas prévu par la règle et qu'il est donc difficile de modifier. En outre, des cas empiriques prouvent que l'efficacité est difficilement transposable dans la logique de l'administration. En France, dans cette optique de réforme on a crée des Administration de mission. Ces dernières devaient s'affranchir de la rigidité du cadre administratif étant plus mouvantes, plus légères et plus adaptables. Elles devaient redynamiser l'administration étant des structures ad hoc plus réactives. Cependant, ces dernières vont vite être happées par le système bureaucratique, et se rapprocher des structures bureaucratiques, ayant des styles de plus en plus similaires, elles s'alourdissent. Ainsi, il parait délicat d'introduire cette logique d'efficacité car l'administration possède une pesanteur qu'il lui est propre et qui est liée à son caractère particulier. Michel Crozier va dans ce sens en considérant qu'une organisation bureaucratique ne peut ni se corriger facilement en fonction de ses erreurs, ni innover ou s'adapter sans crise aux transformations de son environnement. Ainsi, la transposition d'une exigence de performance aux structures administratives est très ardue.
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II- Une efficacité remise au cœur des enjeux de l'administrationA partir de la fin des années 1980 et jusque dans les années 1990 la nécessité d'une réforme de l'administration est le paradigme dominant.
Les influences vont êtremultiples, provenir à la fois des théories économiques qui murissent à cette époque, mais également des savoirs managériaux puis des premiers résultats empiriquesdes réformes.A- L'émergence du néo-managérialismeLa lenteur, la lourdeur, la routine, la complication des procédures, l'inadaptation des organisations ou des institutions aux besoins qu'elles devraient satisfaire sontautant de facteurs menant à l'émergence de ce courant cherchant à réformer en profondeur l'administration.La remise en cause du modèle de l'administration est importante, on lui reproche la prééminence de la règle, les tenants de cette critique arguent pour plus desouplesse et veulent le développement d'une culture du résultat.
C'est donc l'efficacité qui est considérée comme objectif principal de cette réforme.
La triple figure ducitoyen/usager/contribuable est mise en avant comme devant être un critère de satisfaction, en effet la bureaucratie entraine des pratiques deshumanisantes.
Lespréceptes de base de l'administration sont critiqués de manière virulente un par un et subissent une modification en profondeur dans ces théories néo-managérialistes.Ainsi, la hiérarchie pyramidale stricte doit être modifiée afin d'offrir une plus grande automnie aux agents tout en baissant la pression de la hiérarchie, cela encadrépar une exigence de performance.
Il faudrait séparer les fonctions de pilotage, c'est-à-dire les fonctions stratégiques et les fonctions opérationnelles, d'exécution.
C'estdonc deux sphères différentes qui doivent subsister et non plus une hiérarchie pyramidale.
En ce qui concerne l'attribution de tâches spécifiques pour chaquefonctionnaire, là encore une autonomie plus grande est souhaitée ainsi que plus de souplesse.
En outre, les règles de recrutement impersonnelles par concours quisemblaient le gage d'un recrutement sur des critères de compétences objectifs est remis en cause.
Le courant néo-managérialiste préconise l'ouverture des fonctions àdes contractuelles, cela permettant une meilleure adaptation à la conjoncture et offrant une nouvelle dynamique à l'administration.
Les mécanismes d'avancementdoivent également évolué vers la prise en compte de critères de mérite et de performances.
La rémunération devrait quant à elle être liée aux résultats avec desintéressements.
En outre, un rapport de l'OCDE intitulé « Construire aujourd'hui l'administration de demain » qui s'interroge sur les raisons des réformes del'administration publique, introduit la notion de réceptivité.
Cela désigne la capacité et l'effort d'identification des aspirations populaires en vue de mieux répondreaux besoins de la société.
En somme, beaucoup de techniques du management privé sont transposées dans cette optique d'administration efficace.D'après ce courant l'administration peut parfaitement intégrer la notion d'efficacité dans son fonctionnement en se réformant.
Le fait que celle-ci remplisse un intérêtpublic n'est pas incompatible avec une course à la performance et l'usager d'un service public doit être satisfait au même titre qu'un client.
Ces méthodes vont êtremise en place de manière concrète notamment via un comité de gestion mis en place par l'OCDE, le Public Management Comitee, qui réunit les responsablesnationaux des ministères de la fonction publique et diffusant ces théories.
En Grande-Bretagne ce programme va prendre le nom de Next Steps, il reprend la plupartdes recommandations du néo-managérialisme.Toutefois, s'il est indéniable que la recherche d'efficacité peut être introduite au sein de l'administration, il convient de remarquer que cela est limitée en raison ducaractère intrinsèquement singulier de l'administration.B- En définitive, un concept d'efficacité est difficilement imposable à l'administrationIl est clair que les notions d'efficacité et de performance sont délicates à aborder dans le domaine public, cela revoie au fait que l'administration doit donner demeilleurs résultats et produire plus, or la production d'une administration est spécifique et n'est pas comparable à celle d'une entreprise privée.
En effet, la notion derésultats renvoie à deux types de moyens, les outputs d'une part et les outcome d'autre part.
Les premiers attraits à la réalisation en termes de chiffres et les secondstraduisent l'impact final sur la société.
Or, le néo-managerialisme se focalise sur les premiers, c'est-à-dire sur un objectif quantitatif au lieu de voir l'impact sur lasociété et faisant de la sorte fi de l'intérêt général, au cœur de l'action publique.
En outre, la démocratie ne peut-être secondaire face à l'efficacité et cela peut-êtreproblématique dans le cadre de ces réformes.
En effet, détacher l'administration du pouvoir politique lui retire sa légitimité car c'est bel et bien le fait que cettedernière se subordonne au politique qui assure la base démocratique.
Or ces théories arguent pour une autonomie vis-à-vis de l'administration centrale qui remet encause ce lien.Outre le fait que rendre l'efficacité prééminente soit un problème dans cette sphère publique, il convient de s'interroger sur l'applicabilité réelle de ce concept surl'administration.
En fait, il est difficile de modifier le fonctionnement d'un administration car cette dernière possède un système d'action concret qui n'est pas prévu parla règle et qu'il est donc difficile de modifier.
En outre, des cas empiriques prouvent que l'efficacité est difficilement transposable dans la logique de l'administration.En France, dans cette optique de réforme on a crée des Administration de mission.
Ces dernières devaient s'affranchir de la rigidité du cadre administratif étant plusmouvantes, plus légères et plus adaptables.
Elles devaient redynamiser l'administration étant des structures ad hoc plus réactives.
Cependant, ces dernières vont viteêtre happées par le système bureaucratique, et se rapprocher des structures bureaucratiques, ayant des styles de plus en plus similaires, elles s'alourdissent.
Ainsi, ilparait délicat d'introduire cette logique d'efficacité car l'administration possède une pesanteur qu'il lui est propre et qui est liée à son caractère particulier.
MichelCrozier va dans ce sens en considérant qu'une organisation bureaucratique ne peut ni se corriger facilement en fonction de ses erreurs, ni innover ou s'adapter sanscrise aux transformations de son environnement.
Ainsi, la transposition d'une exigence de performance aux structures administratives est très ardue.
Une administration reste une structure particulière dont les objectifs sont spécifiques et dont les contingences qui encadrent son action sont fortes.
S'il est clair quel'administration subit une carence d'efficacité, la question de la compatibilité de ces deux concepts n'est pas futile.
En fait, il convient de noter que si on ne peutévincer une exigence d'efficacité celle-ci doit prendre une forme particulière et comme l'administration ne support aucune comparaison il est très maladroit dechercher à imposer des techniques managériales issues de la sphère privée de manière directe.L'administration doit être réformée en raison des critiques à son encontre, néanmoins le modèle d'efficacité qui doit être le sien reste encore à définir.
Néanmoins, ilsemble clair que c'est un enjeu primordial aujourd'hui et que les politiques comme les chercheurs s'y attèlent.
C'est pourquoi on peut espérer voir émerger un modèlehybride qui inclut les spécificités inhérentes de l'administration tout en insufflant une contrainte d'efficacité.
Nul doute que cette question sera centrale en France lorsdes élections présidentielles de 2012, c'est même la question d'une réforme globale de l'Etat qui est avancée à la fois par le parti Socialiste et même par la majorité.Les débats mèneront peut-être à une réforme efficace de l'efficacité de l'administration..
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