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L'action des lobbies religieux dans la vie politiques américaine : L'exemple de la lutte anti-avortement.

Publié le 15/05/2022

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« L'action des lobbies religieux dans la vie politiques américaine : L'exemple de la lutte anti-avortement. Introduction : Depuis l’élection de Donald Trump le 8 novembre 2016, les évangéliques, mouvement fondamentaliste de la religion chrétienne protestante, se retrouvent sur le devant de la scène médiatique comme politique.

Mais depuis plusieurs décennies déjà, l’idéal puritain chrétien défendu par les évangéliques fait partie intégrante de l’image que renvoient les États-Unis, souvent décrits comme une nation où le religieux occupe une place centrale, jusqu’à sa devise nationale In God We Trust.

Pourtant, l’État américain est défini comme laïc par sa constitution, et a pu prouver de nombreuses fois au cours de son histoire sa volonté à respecter cette laïcité.

Cette situation, paradoxale au premier abord, illustre les contradictions que peut comporter le système législatif et administratif américain. C’est au milieu du dix-neuvième siècle que l’IVG quitte pour la première fois la sphère privée pour devenir un enjeu politique aux États-Unis; on assiste alors à l’émergence du premier mouvement anti-avortement qui commence à partir des années 1850 et fini en 1890.

Mais, à cette époque, comme le souligne James Mohr, malgré les sollicitations pressantes des médecins, les autorités religieuses ne manifestent que peu ou pas d’intérêt pour l’avortement ; même l’Église catholique américaine reste indifférente.

Ce sont les médecins qui réussissent à faire interdire cette pratique dans tous les États. Après près d’un « siècle de silence », selon l’expression de Kristin Luker, les médecins montent de nouveau en première ligne pour, cette fois, demander un assouplissement des législations interdisant l’avortement.

Leur campagne, appuyée par les juristes, rencontre un écho favorable auprès des médias qui, devant l’augmentation alarmante du nombre d’avortements clandestins, commencent à parler « d’épidémie ». Mais, la véritable politisation de la question de l’avortement commence avec l’émergence du mouvement féministe. Créée en 1966, la National Organization for Women (NOW) appelle à l’abrogation pure et simple de la législation en vigueur et demande un avortement libre et gratuit pour toutes les femmes.

Loin des registres techniques et thérapeutiques de la profession médicale, ou du registre moral des autorités religieuses, le discours féministe introduit dans le débat sur l’avortement une dimension explicitement politique. La mobilisation du mouvement féministe sur tous les fronts conduit plusieurs États à modifier leur législation dans un sens plus libéral.

L’arrêt de la Cour suprême Griswold au Connecticut en 1965 par lequel la plus haute juridiction américaine reconnaît le droit de la femme à la contraception, était l’élément crucial dans la décision des groupes féministes de concentrer leur combat sur le terrain judiciaire. Par la suite, le 22 janvier 1973, la Cour suprême reconnaît alors un droit à l’avortement quasi absolu durant le premier trimestre de la grossesse.

Suivant le raisonnement de la jurisprudence Griswold sur la contraception, les juges estiment qu’il s’agit d’un même droit à la vie privée protégée par le 14e amendement de la Constitution. Loin de mettre fin à la politisation du débat sur l’avortement, l’arrêt de 1973 lui donne une nouvelle impulsion. Cependant, ce nouveau départ ouvre une période pendant laquelle les termes du débat sur l’IVG ne sont plus dictés par les militants pro-avortement, mais par leurs adversaires.

Dès lors, la conjoncture qui était jusque-là propice, sur le plan aussi bien politique qu’idéologique, à l’action collective des groupes libéraux va s’inverser de façon progressive, mais inexorable, en faveur des groupes ultraconservateurs à caractère religieux.. »

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