La guerre du Vietnam, une débâcle politique et morale pour les États-Unis
Publié le 28/03/2019
Extrait du document
En Indochine, la plus longue guerre de l’histoire de la guerre froide (1946-1975) fait rage. Les États-Unis prennent la relève de la France à partir de 1954. Leur intervention au Vietnam entraîne à partir de 1964 de lourdes conséquences pour les hommes, les biens, et l'environnement. La raison de l'engagement américain est la crainte, compréhensible, d'une perte du Sud-Vietnam au bénéfice des communistes, suivie de celle de toute l'Asie du Sud-est.
Après la guerre menée en Indochine par la France, qui se solde en 1954 par la chute de Diên Biên Phu et la conférence de Genève, les États-Unis comblent immédiatement le vide laissé par le retrait de la France. Les Américains ne participent qu'en tant qu'observateurs à la conférence de Genève. Ils acceptent cependant de respecter les décisions que l'on y prend : partage provisoire du pays le long du 17e parallèle, en un Nord communiste avec pour capitale Hanoï, et un Sud dont la capitale est Saigon, et élections libres pour la réunification du pays dans un délai de quatre ans (1958).
La théorie des dominos. Mais les États-Unis commencent immédiatement à transformer le Sud-Vietnam en un bastion anti-communiste sous la présidence de Ngô Dinh Diêm comme président qui succède à Bao-Dai, l'empereur d'Annam que la France avait remis au pouvoir. Diêm doit empêcher ce que le Secrétaire d'État américain, John F. Dulles, dépeint au monde occidental, comme le « pire des cas » : après le passage de la Chine et du Nord-Vietnam aux communistes en 1949 et en 1954, d'autres États, tels des pions dans un jeu de dominos, basculeraient dans le bloc communiste sous influence de
Une escadrille d'hélicoptères américains relève des troupes au sol. L'engagement des États-Unis au Vietnam représente l'offensive militaire américaine la plus chère depuis la Seconde Guerre mondiale.
Moscou : le Sud-Vietnam, le Laos et le Cambodge, puis la Thaïlande, la Malaisie (où une guerre civile fait déjà rage), la Birmanie, enfin Taïwan, l'Indonésie, les Philippines et le Japon.
«
Après
des combats dans la région de Phuc Vinh, qui s'accompagnent de fortes chutes de pluie, les soldats américains se reposent.
troupes dans le Sud et reprend le gouver
nement militaire et politique qui lui avait
apporté la victoire contre la France pour
régler un conflit qui s'est désormais
internationalisé.
Comme la piste Ho-Chi
Minh par laquelle sont ravitaillées les
troupes communistes du Sud passe par le
Laos voisin, l'aviation américaine bom
barde ce pays, alors que des unités
militaires américano-sud-vietnamiennes
étendent la guerre en avril 1970 au
Cambodge encore neutre.
Les États-Unis
préparent ainsi eux-mêmes la victoire des
communistes au Laos et au Cambodge.
La sale guerre.
Parallèlement à une
situation brûlante dans les ghettos des
Af ro-américains résidant dans les grandes
villes des États-Unis, l'opposition interne
se manifeste de plus en plus vivement
contre la guerre du Vietnam.
Le président
Johnson avait proclamé au début de
l'escalade, que les États-Unis étaient
suffisamment puissants sur le plan
économique pour pouvoir se payer «des
canons et du beurre », en d'autres mots la
guerre du Vietnam et des réformes
sociales à l'intérieur.
Pourtant, plus la
guerre devient sanglante, plus l'espoir
d'une victoire rapide dans les rizières et les
forêts du Vietnam s'éloigne, et plus la
situation devient difficile aux États-Unis, à
l'intérieur comme à l'extérieur : les images
télévisées réalistes des correspondants
américains ont un effet dévastateur sur le
monde entier, les journaux télévisés
livrant soir après soir des images sans
concession sur la terrible réalité de la
guerre du Vietnam.
Les étudiants
protestent, nombre d'entre eux ne
veulent pas se perdre dans la « sale
guerre >> du Vietnam, et refusent la
conscription.
Le mouvement des étudiants
et l'accentuation du problème racial se
confondent à partir de 1965 dans la crise
la plus pénible qu'aient eu à traverser les
États-Unis depuis la guerre de Sécession
un siècle auparavant.
La vague de protestation atteint son
apogée à Pâques 1968: l'offensive du Têt
d'abord réussie, y compris sur le plan
militaire par les communistes au Sud
Vietnam, provoque aussi dans les lointains
pays de l'Occident des manifestations de
plus en plus violentes, dont certaines ont
lieu à proximité directe de la Maison
Blanche à Washington, coïncidant avec les
protestations sanglantes contre l'assassinat
de Martin Luther King, défenseur des
droits civiques des Noirs : le président Johnson,
affaibli, annonce la désescalade
et renonce à se représenter.
Avec la
révélation en 1969 du massacre par les
troupes américaines de trois cents civils à
My Lai l'année précédente, la guerre est
perdue sur le plan moral.
La débâcle morale.
L'invasion du
Cambodge et l'exécution de quatre
étudiants protestataires à Kent, Ohio, en
1970, la publication des archives du Penta
gone (1971) et le scandale du Watergate
(1 973), achèvent la débâcle morale des
États-Unis.
Des négociations secrètes à
Paris débouchent sur un cessez-le-feu
entre les États-Unis et les communistes
(19 73), la guerre devant être « viet
namisée ».
Le retrait des États-Unis (1974)
entraîne l'effondrement du Sud-Vietnam
(1 975).
Au même moment, les commu
nistes s'emparent du pouvoir au Laos et au
Cambodge.
Avec la guerre du Vietnam, la
puissance des États-Unis commence à
décliner.
En 1995, l'ancien ministre de la
Défense, Robert S.
McNamara, en poste
pendant la guerre du Vietnam, recon
naîtra dans ses mémoires que l'engage
ment militaire de son pays avait été une
grave erreur..
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