La crise russo ukrainienne
Publié le 18/05/2024
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«
La crise russo-ukrainienne de 2014
Introduction
« I think the Russians will gradually react quite adversely and it will affect their
policies, I think it is a tragic mistake.
There was no reason for this whatsoever.
No one was
threatening anyone else »1, George Kenan, était le secrétaire d’État adjoint des États-Unis, a
prononcé ce discours dans une interview en 1998.
Par ce message, on va chercher à
comprendre en quoi George Kenan était avant-gardiste au sujet de l’annexion de la Crimée en
2014.
Par ailleurs, il dénonce que cette crise ne se limite pas uniquement à une agression
russe, il prend en compte la responsabilité des États occidentaux.
L’œuvre sur laquelle on
s’est basée est « Why the Ukraine crisis is the West fault.
The Liberal Delusions That
Provoked Putin » écrit par John J.
Mearsheimer dans le volume 93 du magazine bimestriel
américain Foreign Affairs publié en 2014.
Selon Stephen Waltz, un professeur en relations
internationales américain, le constructivisme propose un État basé sur la croyance des élites,
des normes collectives et des identités sociales.
Le constructivisme est instrumenté par des
idées et des discours plus que par des institutions.
Ce courant ne se concentre pas uniquement
sur le pouvoir ou l’échange ou sur le désir de survie mais sur toutes les identités des États et
de leur passé historique.
Il a pris une plus grande place à la fin de la Guerre Froide car les
deux grands courants (libéralisme et réalisme) n’ont pas réussi à expliquer et à anticiper celleci.
Dans cet article Mearsheimer essaye de proposer une explication au conflit russo-ukrainien
en 2014.
En s’appuyant sur l’étude de ce texte, il convient d’essayer de répondre à
l’interrogation suivante :
Comment le constructivisme éclaire-t-il la montée des tensions entre la Russie et l’OTAN
(Organisation du traité de l'Atlantique nord), liée à l’influence de l’Occident en Ukraine ?
Nous verrons, dans un premier temps, la montée des tensions d’un point de vue
constructiviste.
Dans une seconde partie, nous montrerons que l’occidentalisation de
l’Ukraine a fait émerger le sentiment de crainte de la Russie.
Pour finir, dans notre troisième
partie, nous analyserons les divergences théoriques dans les relations internationales sur le
futur de l’Ukraine.
1
New York Times, Interview de George Kennan, 1998
I-
La montée des tensions d’un point de vue constructiviste
A.
Contexte : expansion de l’OTAN dans les anciens territoires soviétiques
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, l’Allemagne est réunifiée.
Les grandes
puissances essayent de penser la réinsertion de l’Allemagne réunifiée au sein de l’Union
Européenne.
La Russie propose une solution : elle veut que l’OTAN reste en Europe
occidentale et surtout reste intacte, elle ne demande pas sa dissolution comme on pourrait le
croire mais elle propose qu’elle n’accueille plus de nouveaux membres, surtout des pays de
l’est.
L’idée derrière est que l’Allemagne réunifiée ne se fasse pas influencer ni par l’OTAN
ni par la Russie, il privilégie la neutralité.
Lorsque cette proposition arrive au bureau de la
Maison Blanche, l’administration de Clinton devient méfiante vis à vis de la Russie.
En effet
il pense que cette envie de neutralité est en vérité un meilleur moyen pour la Russie
d’influencer légalement le nouveau pouvoir politique allemand.
Ainsi, Clinton a ordonné
d’élargir l’OTAN dans l’Union Européenne.
Cette politique d’expansion a continué avec les
autres présidents américains.
En 1999, la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque
rejoignent l’OTAN.
Puis cette propagation, va encore plus s’étendre près des frontières russes,
avec l’arrivée de l’Estonie, la Lituanie, la Slovaquie et d’autres pays en 2004.
Par la suite, Georges W.
Bush, 43ème président des Etats-Unis, reprend la politique de
Clinton.
En 2008, lors du sommet de l’OTAN à Bucarest, l’alliance envisage d’admettre
l’Ukraine et la Géorgie.
L'administration de George W.
Bush est celle qui lancé cette
démarche, mais la France et l'Allemagne s'y sont opposées de crainte qu'elle ne contrarie
indûment la Russie.
En fin de compte, les membres de l’OTAN sont parvenus à un
compromis : ils n’officialisent pas clairement l’adhésion de la Géorgie et de L’Ukraine dans
l’OTAN mais ils prononcent cette déclaration en parlant de la Géorgie et de l’Ukraine : “Ces
pays deviendront membre de l’OTAN” (p 3).
De son côté, l’Europe veut aussi occidentaliser
les pays de l’Est d’un point de vue économique.
En mai 2008, est publiée une initiative de
Partenariat économique Oriental, un programme visant à favoriser la prospérité des pays tels
que l’Ukraine et les intégrer dans l’économie de l’Union Européenne.
Victoria Nuland, soussecrétaire d’État américaine aux aires européennes et eurasiennes, estimait en décembre
2013 : “que les États- Unis avaient investi plus de 5 millions de dollars depuis 1991 pour aider
l’Ukraine à atteindre l’avenir qu’elle mérite” (p 4).
B.
Explication constructiviste du positionnement de la Russie vis-à-vis de l’Occident
D’après Alexander Wendt2, dans son ouvrage ; le constructivisme est une théorie structurelle
du système international qui affirme 3 fondements :
- « Les États sont les principales unités d'analyse de la théorie politique internationale »
- « Les structures clés du système étatique sont intersubjectives et non matérielles »
- « Les identités et les intérêts des États sont en grande partie construits par ces structures
sociales, au lieu de données exogène au système par la nature humaine ou la politique
intérieure.
»
Ainsi ce nouveau paradigme théorique dans les relations internationales a pour but de
dépasser les 2 courants majeurs de l’époque qui sont le réalisme et l’idéalisme.
En effet, après
la Guerre Froide ils paraissent dépassés car ils n’ont pas su expliquer l’émergence et la fin de
la Guerre Froide.
C’est par le constructivisme que Mearshmeier va expliciter le
positionnement agressif de la Russie envers les Etats Occidentaux.
Après le sommet de
Bucarest, la Russie est furieuse, pour elle, il n’y a pas eu de soi-disant compromis, l’OTAN a
simplement retardé la future adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie.
L’Ukraine a toujours
représenté le dernier bastion pour entrer en Russie, « turned into a Western bastion » (p 1), il
est donc de l’intérêt nationale Russe de garder l'Ukraine politiquement et militairement proche
d’elle.
L’Ukraine a défendu la Russie des campagnes napoléoniennes, de l'Allemagne
impérialiste du XIX et de l’Allemagne nazie.
Ainsi, Alexander Grushko alors vice-président russe des affaires étrangères déclare : “
L’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’alliance est une énorme erreur stratégique qui
aurait des conséquences très graves pour la coopération paneuropéenne.
” (p 4).
Poutine a
soutenu que l'admission de ces deux pays à l'OTAN représentent une « menace directe » pour
la Russie.
Par conséquent, les dirigeants russes ont considéré le plan de l’OTAN comme
hostile aux intérêts du pays.
Il dénonce la volonté de l’Union Européenne de créer une sphère
d’influence en Europe de l’Est.
Selon le gouvernement russe, l’élargissement de l’OTAN
n’est en réalité qu’un cheval de Troie.
Pour l’auteur, l’OTAN avait déjà la main mise en
Europe de l’Est car en 2013, les Etats Unis ont interdit à la Russie de se pencher sur les
technologies d’ingénieries sociales ukrainiennes sous peine de sanctions, pourtant leur crainte
est sans fondement, ou alors selon l’auteur il persiste un sentiment de Guerre Froide inachevé.
En septembre 2013, Carl Gershman3 affirme : “Le choix de l’Ukraine à rejoindre l’Europe
accélérera la disparition de l’idéologie de l’impérialisme russe que représente Poutine.
»
2
Alexander Wendt, Social Theory of International Politics, 1999, p.
385.
Carl Gershman, The Washington Post, “Former Soviet states stand up to Russia.
Will the
U.S?”, 2013?
3
II-
L’occidentalisation de l’Ukraine
A.
L’éruption de la crise : le départ de Viktor Ianoukovytch avec le soulèvement du
peuple ukrainien
Le triple paquet de politiques de l’Occident : élargissement de l’OTAN, élargissement
de l’UE et promotion de la démocratie ne représentait qu’une allumette prête à être
enflammer.
L’étincelle est venue en novembre 2013, lorsque Ianoukovitch a rejeté un accord
économique majeur qu'il avait négocié avec l'UE et il a décidé d'accepter un contre-officier
russe de 15 milliards de dollars à la place.
Cette décision a donné lieu à des manifestations
antigouvernementales qui se sont intensifiées après trois mois et qui, à la mi-février, avait
conduit à la mort d'une centaine de manifestants.
Le gouvernement s’est ainsi effondré, et
Ianoukovitch est parti en Russie le lendemain.
Le nouveau gouvernement à Kiev était prooccidental et antirusse au cœur, et d’après l’auteur je cite : « il contenait quatre membres de
haut rang qui pourraient légitimement être qualifiés de néofascistes.
»
Bien que l'ampleur de la participation des États-Unis n'ait pas été médiatisé.
Il est clair
que Washington a soutenu le coup d'État.
L’ambassadeur des États-Unis en Ukraine, a
proclamé après le renversement de Ianoukovitch que c’était « un jour pour les livres d’histoire
» (p.
5).
Pour Poutine, le moment était venu d'agir contre l'Ukraine et l'Occident.
Peu après le
22 février, il a ordonné aux forces russes de prendre la Crimée de l'Ukraine, et peu après, il l'a
incorporée dans La Russie.
La tâche s'est avérée relativement aisée, grâce aux milliers de
troupes russes déjà stationnées sur une....
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