Kiesinger Kurt Georg

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)~ 18 janvier 1967 Série C-12 Fiche N• 1561 Kiesinger (Kurt Georg) 1.

Le 10 novembre 1966, les députés allemands chrétiens-démocrates (COU) et chré­ tiens-sociaux (CSU) ont nommé M.

Kurt Georg Kiesinger candidat au poste de chancelier fédéral.

Ils renonçaient ainsi à modifier véritablement la politique suivie par M.

Ludwig Erhard.

Au lieu de désigner une forte personnalité, jugée capable de rompre avec l'ère des hésitations et du manque de directives qui (par la rupture de la coalition entre les libéraux et la CDU/CSU) avait abouti à une crise gouvernementale, les chrétiens­ démocrates choisissaient de nouveau un homme du compromis.

En outre, M.

Kiesinger paraissait devoir assurer le mieux, par sa popularité, un succès électoral en 1969.

2.

Le goOt des larges conceptions politiques, joint au dédain des questions de détail, que ses critiques attribuent à M.

Kiesinger, le rapprochent de son prédécesseur.

Grâce à son habileté tactique et à sa persévérance, son parti a bénéficié après l'élec­ tion définitive du nouveau chancelier, le 1er décembre 1966, d'un redressement qui fait oublier les échecs récents de sa propre politique.

La formation de la « Grande coalition " est d'autant plus favorable au Parti chrétien-démocrate que les socialistes ont contribué à dénouer une crise qui était imputée généralement à la seule CDU/CSU.

3.

Kurt Georg Kiesinger est né le 6 avril 1904 à Ebingen, en Souabe.

Elève brillant, mais premier des sept enfants d'un petit employé, il ne peut payer ses études qu'avec l'aide d'un ami de son père.

Ayant suivi des cours de philosophie et d'histoire à Tübingen pendant deux ans.

il part pour Berlin et y poursuit des études de droit.

De 1935 à 1940 il est avocat à Berlin, puis travaille à la section radiophonique du Minis­ tère des affaires étrangères.

Interné dix-huit mois par les Alliés à la fin de la guerre, il reprend son métier d'avocat en 1948 à Würzburg, puis à Tübingen.

Elu député chrétien-démocrate, il entre en 1949 dans le premier Bundestag, où il se fait remar­ quer par son talent d'orateur.

Bientôt il devient spécialiste de son parti en matière « européenne ..

et participe à l'élaboration de presque tous les grands traités inter­ nationaux, auxquels adhère la RFA sous le gouvernement de M.

Adenauer.

Pourtant, M.

Kiesinger ne réussit jamais à se hausser au premier plan de la politique fédérale.

En 1958 il se résigne, faute d'obtenir une fonction importante à Bonn, à se faire élire ministre-président de Bade-Wurtemberg 4.

Le désavantage de son éloignement apparaît lors de sa candidature à la Chan­ cellerie fédérale.

A la différence de M.

Gerhard Schroder, son plus important adver­ saire, il ne dispose pas d'un fief propre parmi les députés chrétiens-démocrates.

Sa nomination tient à l'appui de M.

Franz-Josef Strauss et de la CSU bavaroise, ce qui explique la rentrée de M.

Strauss dans le cabinet et l'influence qu'il y exerce.

5.

Les problèmes posés par la faiblesse des positions de M.

Kiesinger à l'intérieur du gouvernement ne sont pas les seuls qui résultent de son passé.

L'adhésion, au moins formelle, de M.

Kiesinger au Parti national-socialiste dès 1933 et sa collabo­ ration au ministère de von Ribbentrop ont suscité de vives protestations en Allemagne même, et à l'étranger.

M.

Kiesinger aurait eu peut-être encore plus de difficultés à se faire accepter, s'il n'avait pas nommé à ses côtés M.

Willy Brandt (SPD), constant adversaire du nazisme, comme ministre des Affaires étrangères.. »