Julien Boudon, La séparation des pouvoirs aux Etats-Unis
Publié le 16/02/2022
Extrait du document
«
Julien Boudon, La séparation des pouvoirs aux Etats-Unis
Julien Boudon est professeur de droit public à l'Université de Reims et doyen de
la Faculté de droit et de science politique et spécialiste de droit constitutionnel
français et comparé.
Il explique dans cet extrait qu’on catégorise généralement la France comme
étant un régime parlementaire avec de fait une séparation des pouvoirs
« souple », à l’inverse des Etats Unis et son régime présidentiel et une
séparation « rigide ».
Or, d’après celui-ci, c’est une erreur, les Etats-Unis ne
remplissant pas les conditions pour être ainsi qualifiés (alors qu’ils seraient les
seuls à être de ce régime).
Les pouvoirs collaborent entre eux, risquant parfois
une paralysie.
En effet, la séparation des pouvoirs a été imposée pour assurer une République
libérale.
Le pouvoir correspond ici à l’organe et à la fonction.
La séparation est
souvent appelée « rigide » aux Etats Unis en raison d’une interdépendance des
différents pouvoirs et du fait qu’une dissolution de l’assemblée est impossible et
que le gouvernement n’est pas responsable devant cette dernière.
Pourtant, il
faut la nuancer et les appeler Régime « congressionnel ».
Le Congrès est le seul
organe entièrement indépendant.
Ses membres ne peuvent être destitués que
sous décision de la Chambre auxquels ils appartiennent.
Les président et viceprésident sont dépendants des deux assemblées.
L’auteur rappelle qu’à l’origine,
la Constitution de 1787 (celle de Philadelphie) prévoyait que le Congrès prendrait
la main sur la nomination de ces derniers.
Ils peuvent aujourd’hui être soumis à
un « impeachment », à la fois politique et juridique, une fois mis en accusation
par la Chambre et jugés par le Sénat.
Quant aux juges fédéraux, ceux-ci ne sont
pas élus mais nommés par le président et le Sénat, avec un impeachment
possible.
Ils sont donc également dépendants du Congrès.
Les Etats-Unis ne peuvent également pas être dans le cadre d’une séparation
« rigide » des pouvoirs (à ne pas confondre avec absolue, impraticable), puisque
ces derniers sont partagés, à cause d’« encroachments », exceptions où un
organe participe à l’action réservée à un autre.
La fonction législative est ainsi
partagée entre le Congrès et président, appelé par Kelsen et Troper de « colégislateur ».
Le président a en effet un droit de veto même si le Congrès a
toujours le dernier mot.
La fonction législative est tenue par le Sénat mais
également par le président, encore.
Le Sénat doit en effet donner son accord
pour la nomination des emplois publics fédéraux.
Enfin, la fonction
juridictionnelle est mise en difficulté par le droit de grâce et l’impeachment,
donnés au président et au Sénat.
Le régime des Etats-Unis n’est donc pas plus présidentiel que sa séparation des
pouvoirs est « rigide » comme certains l’assurent..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Sujet à traiter : « Aux Etats-Unis, séparation et collaboration des pouvoirs sont-elles à opposer ?
- Aux Etats-Unis, séparation et collaboration des pouvoirs sont-elles à opposer ?
- La Séparation des pouvoirs; comparaison entre la France et les Etats unis
- Le président des Etats-Unis d'Amérique du Nord : son élection, ses pouvoirs et leurs limites, sa place dans la vie de la Nation. Vous prendrez des exemples précis dans l'histoire des États-Unis au XXe siècle.
- Question : Est-ce que la Californie est un modèle pour l’environnement aux Etats-Unis ?