guerre - relations internationales.
Publié le 22/05/2013
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barbares, considérés comme inférieurs, devaient être soumis par tous les moyens aux civilisations supérieures.
Cette conception conduisait à penser que, l’ennemi nedisposant d’aucun droit, la guerre était sans merci, et que les vaincus pouvaient être légitimement dépouillés et asservis.
Le judaïsme puis le christianisme cherchèrent pour leur part à légitimer la guerre au travers de la notion de guerre sainte.
En théorisant la « guerre juste », les penseurschrétiens, tels saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, contribuèrent à définir le statut de la guerre : celle-ci n’était légitime que si elle était non seulement déclarée parl’autorité souveraine, mais aussi conduite dans le but de maintenir l’ordre et la justice, et non motivée par le profit ou la volonté de domination.
Au Moyen Âge s’opéra progressivement une distinction entre conflits armés privés, opposant les féodaux entre eux, et que l’Église tentait de réduire, et les guerres menéespar les États.
Sous l’influence de l’Église s’élabora un code de chevalerie, visant notamment à assurer la protection des populations civiles et à garantir des droits auxvaincus.
Ces règles ne s’appliquèrent généralement pas aux infidèles, contre lesquels furent entreprises plusieurs croisades.
Cependant, les règles de la chevalerie ne pouvaient plus avoir cours dès lors qu’intervenaient dans les conflits d’autres acteurs : à partir du XIVe siècle, les États utilisèrent de plus en plus les services de mercenaires, qui ignoraient le code de la « guerre courtoise ».
Plus tard, les guerres de Religion, à la fois guerres nationales et conflits entreÉtats, remirent en cause la distinction traditionnelle entre soldats et civils.
3 VERS LA GUERRE MODERNE
L’apparition de nouvelles techniques utilisées au combat coïncida avec une évolution du statut de la guerre, désormais considérée comme un acte politique, s’inscrivantdans la logique des relations internationales, dans laquelle seules sont prises en compte les notions de puissance et d’équilibre.
3.1 Perfectionnement des armes et des stratégies
Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), Gustave II Adolphe, roi de Suède, révolutionna la technique de la guerre en divisant son infanterie en unités plus réduitesdisposées en lignes, le roulement rapide des lignes de mousquetaires permettant de faire subir à l’ennemi un feu continu.
Cette méthode de combat rendait les exercicesd’entraînement indispensables : les hommes devaient savoir marcher en bon ordre, charger leurs armes et tirer quand on le leur commandait.
Le bataillon constitué de600 hommes disposés sur cinq rangées devint l’unité d’infanterie de base.
Au cours du XVII e siècle, l’infanterie commença à être organisée en carrés, technique assurant une meilleure défense, tandis que la puissance de feu du fantassin était accrue grâce à l’introduction du fusil à pierre et de la cartouche, qui permettaient de tirer beaucoup plus vite qu’auparavant.
Pour une meilleure direction de tir, lesbataillons furent divisés en pelotons.
Ces progrès en matière d’armement renforcèrent les capacités de la défense.
De ce fait, les longues batailles d’usure purent sedévelopper.
Au siècle suivant, c’est l’infanterie prussienne, très entraînée, disciplinée et efficace, qui domina progressivement le champ de bataille, comme ce fut le cas lors de la guerrede Sept Ans (1756-1763).
À la fin du siècle, les armées révolutionnaires françaises introduisirent une nouvelle dynamique en matière de tactique.
Ces armées, pénétrées des idées de la Révolutionfrançaise, furent organisées à partir de 1794 en divisions plus simples à commander ; les troupes furent déployées en colonnes afin d’être plus manœuvrables.
Napoléon Bonaparte transforma ces forces révolutionnaires, désormais recrutées selon le principe de la conscription universelle en une redoutable armée de conquête.
Ildivisa les forces armées en corps (deux divisions d’environ 7 000 hommes chacune), unités virtuellement autonomes dotées de leur cavalerie et de leur artillerie propres,elles-mêmes divisées en brigades, en régiments et en bataillons.
Chaque corps était capable de contenir les attaques d’une armée ennemie jusqu’à ce qu’un autre corpsarrive à son secours sur le champ de bataille.
La rapidité de déploiement et la mobilité tactique furent les clés de la victoire de Napoléon I er sur la Prusse, l’Autriche et la Russie lors des guerres napoléoniennes, au moins jusqu’en 1812.
3.2 Nouvelles justifications de la guerre
Les traités de Westphalie, qui mirent fin en 1648 aux guerres de Religion, marquèrent un tournant dans l’histoire des relations internationales : désormais, la politiqueétrangère des États fut gouvernée par la recherche d’un équilibre des forces entre nations, compatible avec les intérêts de chacun.
Pour les théoriciens, la guerre n’avait dèslors plus pour finalité la recherche de la justice ou le triomphe de la chrétienté (depuis Machiavel, la pensée politique s’était en effet affranchie de la morale religieuse), elledevenait une pratique inévitable menée au nom de l’intérêt national ou dans le but de maintenir ou de modifier l’équilibre international.
Tirant ses conclusions de l’analyse des guerres de la Révolution française et des guerres napoléoniennes, qui modifièrent profondément les conditions des conflits, dans lamesure où, pour la première fois, elles impliquaient la nation en armes, Clausewitz put écrire, dans De la guerre, que celle-ci est « la continuation de la politique par d’autres moyens ».
Ainsi, la conduite de la guerre — « une forme des rapports humains » — est subordonnée à la politique, c’est-à-dire aux intérêts majeurs de l’État.
Sison but stratégique est de désarmer l’ennemi, sa fin politique est de produire un nouvel équilibre entre les États, dont il résultera la paix.
Pour Clausewitz, la diplomatie et laguerre constituent dès lors deux aspects d’une même action politique.
4 LA GUERRE TOTALE
Mettant aux prises des nations en armes, les conflits modernes devinrent des guerres totales.
Dans le même temps, les tentatives de formation d’une véritable sociétéinternationale, régie par des valeurs communes, permit la codification des pratiques de la guerre.
4.1 Des nations en guerre
Au cours du XIXe siècle, les tactiques d’infanterie et l’armement évoluèrent peu jusqu’aux années 1860.
À cette époque, les fusils se chargeant par la culasse se répandirent, augmentant considérablement la puissance de tir des fantassins et permettant aux soldats de tirer couché, ce qui les rendait moins vulnérables à la riposte de l’ennemi.
Lesarmes d’artillerie et d’infanterie furent également équipées de canons rayés, ce qui accrut leur précision et leur portée de façon impressionnante.
L’armée prussienne établit un état-major général chargé d’assurer la coordination et le commandement des grandes armées que la Prusse constitua en enrôlant la plupartdes jeunes hommes du pays, pratique qui se généralisa à toutes les armées d’Europe (sauf en Grande-Bretagne) à partir de 1870.
Les victoires de la Prusse sur l’Autriche lors de la guerre austro-prussienne (1866) et sur la France dans la guerre de 1870-1871 démontrèrent la supériorité ducommandement et de l’organisation de son armée, et les autres puissances européennes adoptèrent fort logiquement des méthodes militaires qui avaient fait la preuve deleur efficacité.
Jusqu’en 1914, la rapidité, la portée et la précision des armes d’infanterie et d’artillerie furent améliorées de manière continue.
Toutefois, les états-majors européensconcentrèrent ces améliorations sur les forces d’attaque puisqu’il était admis que les positions défensives seraient tout d’abord écrasées par les tirs d’artillerie puis balayéespar l’infanterie qui progresserait, armée de baïonnettes et de fusils.
En fait, comme le montra l’expérience de la guerre de Sécession, et comme allait le prouver celle de laPremière Guerre mondiale, le contraire était vrai : les nouvelles armes rendirent les positions défensives presque imprenables.
Lors de la Première Guerre mondiale, tous les belligérants décidèrent de passer d’emblée à l’offensive en convoyant le plus rapidement possible leurs troupes vers le front..
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