Grand oral du bac : LE TERRORISME DANS LE MONDE
Publié le 04/02/2019
Extrait du document
Attentat à Paris, boulevard Malesherbes, le 17 septembre 1982. La France a été victime de plusieurs vagues d'attentats dont les plus sanglantes furent celles de 1986 et de 1995. Le plan Vigipirate fut instauré en 1986.
du visage d’ennemis publics et des catégories entières de la population livrées aux soupçons. Les attentats ont finalement cessé et leurs auteurs ont été mis hors d’état de nuire. Mais rien ne prouve que ce soit le résultat des mesures extraordinaires et des procédures d’exception adoptées. Car fut surtout mis en œuvre le travail de police traditionnel s’appuyant sur des moyens techniques modernes: exploitation d’empreintes
digitales relevées sur des engins explosifs; utilisation de filatures et d’écoutes téléphoniques ordonnées et contrôlées par l’autorité judiciaire; recoupements systématiques et patients d’une multitude d’informations...
Selon le ministère de l’intérieur, 13800 militaires auraient été mobilisés, 3 millions de personnes contrôlées par la police ou l’armée, 21450 personnes interpellées, 19 972 personnes non admises sur le territoire national, 2324 reconduites à la frontière. Opération de surveillance généralisée des populations jugées à riques, le plan Vigipirate fut une campagne qui visait d’abord les populations étrangères installées principalement dans les grandes villes.,
Une certaine conception de l’État démocratique à la française fut alors révisée au gré des circonstances: portrait-robot affiché des personnes recherchées et présence de militaires au côté des forces de l’ordre ; tandis que les médias diffusèrent abondamment les images du corps de Kha-led Kelkal, chef du réseau islamiste responsable de nombreuses victimes innocentes en France, abattu de onze balles et retourné du pied. Une méthode toutefois risquée sur le plan psychologique étant donné la difficulté à évaluer les conséquences de ce spectacle sur ceux que les terroristes cherchaient à gagner à leur cause, qui trouvèrent là des images alimentant leur haine.
Car cette réaction n’a-t-elle pas accru les déchirements de la société et, en particulier, renforcé l’audience de ceux qui proposent une réponse musclée? Le terrorisme, qui peut être considéré dans certains cas comme l’expression d’une révolte, est hélas la voie sur laquelle s’engagent ceux qui estiment que la société démocratique les prive de parole. Le dangereux cycle du terrorisme aveugle et de la répression risque d’engager une démocratie sur des voies radicales.
L’usage constant du mot terrorisme finit par convaincre chacun que le monde entre dans une phase de désordre généralisé. Aussi, les opinions publiques n’ont-elles pas remplacé leurs espoirs de bien-être par celui d’un ordre placé sous une protection sécuritaire en porte-à-faux avec certains principes démocratiques? On le voit, le défi, tant pour les gouvernements que pour les populations, est bien réel.
«
Le
terrorisme dans le monde
d'Oklahoma? Comment définir les camions pié
gés de la guérilla urbaine menée dans le sud du
liban et les massacres de la guerre civile algérien
ne? Les bombes qui explosèrent durant les Jeux
olympiques d'Atlanta ou dans la station Saint
Michel à Paris ont-elles la même signification?
Si personne ne conteste que la violence contre
des civils soit toujours moralement condam
nable, peut-on ranger dans la même catégorie
celle qui est utilisée dans la lutte contre une
occupa tion étrang ère et celle des Brigades
rouges italiennes, de la bande à «Baader>> , des
Groupes islamistes armés (GIA) ou celle des
milices d'extrême droite qui visent des pays
démocratiques?
Terrorisme, guerre et violence
politique extrême
L'usage des actions extrêmes reste majoritaire
ment lié à la lutte inégale contre la tyrannie,
J'oppression étrangère ou la conquête coloniale.
Mais il s'agit de différencier, parmi ces «politiques
extrêmes >>, les actes de violence, de terreur et de
guerre; ceux qui sont individuels et ceux qui ont
un objectif politique.
On peut ainsi différencier ,
en ne prenant que des exemples récents: les
assassinats ciblés de responsables politiques ou
militaires comme Yitzhak Rabin (Premier ministre
israélie n), Fathi Chkaki (dirigeant du Djihad isla
mique) et Yahya Ayache (artificier du Hamas); les
prises d'otages libérables sous condition, qui
furent le mode d'action privilégié du Front popu
laire pour la libération de la Palestine (FPLP) dans
les années 1970; les attentats contre les soldats en
uniforme des armées d'occupation ou d'interven
tion (comme les actions anti-israéliennes dans le
sud du liban ou antibritanniques en Irlande); les
actes de kamikazes des fedayins (1 967-1971), des
commandos du Hezbollah après 1982, du Djihad
islamique ou du Hamas (années 1990); les assas
sinats aveugles des civils membres d'une commu
nauté adverse (voitures piégées au Liban avant
19 82 et en Irak dans les années 1990) ou exportés
(comme ceux des GIA en France); les sièges mili
taires qui prennent massivement en otages des
populations civiles (comme à Beyrouth en 1982
ou à Sarajevo) .
Enterre
'!'ent �
apres un
massacre à Baraki en
Algérie en septembre
1997.
Sous la menace
permanente des
massacreurs du GIA,
la population
algérienne, notamment
dans les campagnes,
mène un combat de
survie quotidienne.
Attentat à la '
bombe humaine à
Jérusalem en juillet
1997.
Les assassinats
aveugles de civils
membres de la �
communauté adverse �
sont malheureusement �
très fréquents �
en Israël et dans les �
territoires palestiniens.
�
Manifestation en �
Espagne après
l' assass inat de Jimenez
Becerril.
De plus en
plus coupée de la
population et privée de
ses bases arrières en
pays basque français,
I'ETA militaire
assassine des élus
représentant le parti
au pouvoir à Madrid.
Ces assass inats ont
fait lever contre elle
l'Espagne entière,
avant tout les jeunes
et les femmes.
Un tel classement permet d'opposer le ciblage
précis au ciblage aléatoire et le stade de la mena
ce à celui de l'exécution.
Les opérations de
menace ou de massacre de population sont clai
rement terroristes; l'assass inat politique et la prise d'otages
appartiennent, du fait de leur ciblage
précis, à une violence sans terreur; quant aux
actions armées contre des unités militaires, elles
sont des actes de guerre.
Illégitimité du terrorisme
La question de l'illégitimité du terrorisme elle
même est loin d'être simple.
Si l'on admet qu'un
gouvernement sincère doit reconnaître que le ter
rorisme met souvent à jour un grief légitime, l'his
toire persévère à nous montrer d'anciens «terro
ristes" devenus d'«honorables dirigeants>>.
Le ter
rorisme, qui est presque toujours complémentaire
de la guérilla, a tendance à prendre le dessus avec
l'urbanisation croissante de nos sociétés.
Mais il
fut souvent l'outil des luttes anticoloniales et des
guerres de partisans -comme celle, par exemple,
que mena la Résistance française contre l'occu
pant nazi, lequel traita les troupes irrégulières des
Forces françaises de l'intérieur en terroristes.
Pour n'évoquer que le conflit israélo-arabe
riche en actes terroristes, Menahem Begin qui
mena dans les années 1940 des attentats contre
des civils arabes et l'armée britannique, accéda
ensuite aux plus hautes charges de l'É tat d'Israël
qu'il aida à instaurer.
Chef du gouvernement, Yitz
hak Rabin négocia avec Yasser Arafat pour l'Orga
nisation de libération de la Palestine, qui associa.
»
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