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Grand oral du bac : L'affaire Dreyfus - De l'arrestation à la réhabilitation

Publié le 12/11/2018

Extrait du document

 

LE CAPITAINE DREYFUS

Né en 1859, à Mulhouse, dans une famille d'industriels du textile, Alfred Dreyfus, juif alsacien, choisit la carrière militaire par patriotisme familial. Sorti neuvième de I \"École polytechnique,

 

officier d'artillerie, il est stagiaire à l'état-major général en 1894. Il sera réintégré dans l'armée française après son acquittement en 1906 au rang de chef d'escadron et décoré de la Légion d'honneur. Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel pendant la Première Guerre mondiale et meurt le 11 juillet 1935.

15 OCt. 1894 22 déc. 1894 21 févr. 1895 été 1895-mars 1896 13 janv. 1898 Févr./juill. 1898 7 août-9 sept 1899 19 sept. 1899

Arrestation Condamnation Déportation à Picquart découvre Zola publie Deux procès Dreyfus rejugé coupable, Le président Loubet

d’Alfred à la déportation l'île du Diable, les faux du dossier «J'accuse» de Zola mais avec «circonstances signe la grâce de

Dreyfus à vie en Guyane d'accusation dans L’Aurore atténuantes» Dreyfus

12 juin. 1906

Réhabilitation de Dreyfus

AFFAIRE MILITAIRE, CRISE NATIONALE

 

15 octobre 1894. L'arrestation du capitaine Alfred Dreyfus, soupçonné d'espionnage au profit de l'Allemagne, marque le début d'une affaire militaire qui va se transformer, dans une France traumatisée par la défaite de 1871, en crise nationale. Car l'enjeu de l’affaire Dreyfus dépasse l'honneur d'un capitaine injustement condamné. L'antisémitisme même, qui se déchaîne alors, n'apparaît, avec le recul de l'histoire, que comme l'une des composantes d'une bataille idéologique : la réhabilitation de Dreyfus scelle la victoire de la démocratie libérale naissante contre la pensée contre-révolutionnaire.

UNE ATMOSPHÈRE d'AFFRONTEMENT

Une République fragile

 

L'affaire Dreyfus survient moins de vingt ans après la conquête de tous les pouvoirs publics par les républicains. Leur légitimité à gouverner demeure contestée par la droite royaliste et antiparlementaire. Après la crise boulangiste (18871889) et le scandale de Panamâ, qui a éclaté en 1891, les opposants au régime trouvent dans l'affaire Dreyfus une nouvelle voie pour affaiblir, voire abattre la République parlementaire.

La patrie menacée

 

Après la défaite de 1871 face à l'Allemagne, «ennemi héréditaire», la France prépare la revanche et rénove son armée. À l’exception d'une gauche socialiste pacifiste, le «revanchisme» touche tout l'éventail politique, mais il exacerbe le nationalisme de droite. Garante de la sécurité des frontières autant que de l'ordre social, l'armée, pour cette droite nationaliste, doit être défendue à tout prix.

UN ANTISEMITISME EXACERBÉ

 

Dans ce contexte, l'antijudaïsme catholique se renforce d'un antisémitisme nationaliste et anticapitaliste. Les juifs, même les mieux assimilés, sont désignés à l'opinion publique par une presse antisémite virulente comme des «traîtres à la patrie» et érigés en symbole des « puissances de l’argent».

LE DÉROULEMENT DE L'AFFAIRE

Une affaire d'espionnage

 

Le 15 octobre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est arrêté sur l'ordre du général Mercier, ministre de la Guerre. Il est suspecté par ses supérieurs d'être l'auteur d'une lettre adressée à l'attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, Maximilien von Schwartzkoppen, annonçant l'envoi de documents militaires français et récupérée fin septembre par le Service des renseignements français. Craignant pour sa carrière et sa réputation, le général Mercier veut très vite un coupable.

« 1 U FAUX DU COMMANDANT HENRY Le 2 novembre 1896, alors que Mathieu 1 Dreyfus fait campagne depuis plusieurs l' mois en faveur de son frère, le , COIIIIHIHillllf Henry, membre du Service des renseignements, remet au général Gonse une pièce prétendument saisie à l'ambassade d'Allemagne : une lettre de l'attaché militaire italien Paniuardi à Schwartzkoppen accablant Dreyfus en toutes lettres.

Convaincu de la culpabilité de Dreyfus mais conscient de la fragilité des preuves contre ce dernier, l'officier a forgé cette pièce, qui sera révélée au procès de Zola, en 1898.

Lorsque, sa forfaiture révélée, Henry se suicide, la droite nationaliste ouvre une souscription pour soutenir sa veuve et son fils.

Dans La Gazette de Fronce, Charles Maurras, l'un des plus ardents antidreyfusards, peint Henry comme un «serviteur héroïque des grands intérêts de l'État» et qualifie sa fausse lettre de «faux patriotique».

t:affaire Dreyfus, dans son versant militaire et judiciaire, se conclut par la victoire du droit et de la vérité.

i!iJolJI!iUWJI UNANIMITÉ CONTRE DREYFUS Les défenseurs de Dreyfus sont longtemps ultraminoritaires : hormis Lucie Dreyfus, sa femme, et Mathieu, son frère, seul le député républicain Joseph Reinach -qui a succédé à son ami Léon Gambetta à la tête de La République française-défend dès 1894 l'innocence de Dreyfus.

La classe politique, confiante en la justice militaire, fait bloc derrière l'armée, trahie.

En décembre 1894, Georges Clemenceau, chef des républicains radicaux, écrit dans La Justice que Dreyfus n'est «rien qu'une âme immonde, un cœur abject!» Jean Jaurès, le dirigeant socialiste, s'indigne à la Chambre que Dreyfus, condamné à l'unanimité, n'ait pas été fusillé quand de simples soldats sont régulièrement exécutés pour des faits n'attentant pas à la défense nationale.

Début 1897, pour la majorité des Français et de 1--------------1 leurs reprèsentants, «il n'y a pas le garde des Sceaux demande la révision du jugement de 1894.

Fin 1898, Esterhazy est exclu de l'armée; il se réfugie en Angleterre, d'où il avoue être l'auteur du bordereau.

Il meurt en 1923.

LA GRÂCE Le 29 octobre 1898,la Cour de cassation déclare recevable la demande de révision.

Mais il faut attendre le 3 juin 1899 pour qu'elle casse le jugement de il, { décembre 1984 d'affaire Dreyfus!», comme le proclame Jules Méline, alors président du Conseil.

Le déchaînement de l'antisémitisme, notamment dans les colonnes de La Libre Parole et du quotidien des frères assomptionnistes, La Croix, ne suscite d'abord guère de prises de position, à l'exception notable de celle d'Émile Zola, en mai 1896, qui signe, dans les colonnes du Figaro, un article intitulé «Pour les juifs».

LA POLARISATION Imprimée à Bruxelles pour déjouer la censure, la première brochure publiée par Bernard Lazare, un jeune journaliste et écrivain, en novembre 1896, ne reçoit qu'un écho défavorable dans la presse française.

La publication d'une seconde brochure, un an plus tard, intervient alors que se renforce le camp dreyfusard.

Une erreur judiciaire, l'affaire Dreyfus, est publié chez l'éditeur Pierre-Victor Stock, qui s'est jeté dans la bataille pour la révision du procès.

En ce mois de novembre 1897, l'avocat Louis Leblois, ami du colonel Picquart, a rallié à la cause dreyfusarde un grand personnage de I'État, le vice-président du Sénat Scheurer-Kestner; Bernard Lazare a su convaincre Clemenceau, qui entame dans L'Aurore une série d'articles en faveur de la révision.

L'Aurore va accueillir Zola, auquel la direction du Figaro, confrontée à une campagne de désabonnement, a fermé ses colonnes, et c'est véritablement l'article signé par l'écrivain, le 13 janvier 1898, et titré. »

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