Grand oral du bac : La politique de la ville
Publié le 13/11/2018
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AU CARREFOUR DES DEFIS DE NOTRE SOCIETE
Dans les sociétés développées comme la France, l'immense majorité de la population est urbanisée - les villes représentant un espace de vie, d'échange, de sociabilité, de culture. Depuis quinze ans, dans l'Hexagone, un ministère s'occupe spécifiquement des problèmes de la ville. Parce que là convergent les questions de logement, d'emploi, de culture, d'aménagement du territoire ou d'éducation. Ce n'est pas dans les centres urbains que se situent les problèmes, mais dans les banlieues - qu'on les appelle périphérie, espaces périurbains, quartiers sensibles ou quartiers tout court.
Ces zones souffrent en fait d'un déficit d'urbanisation, de ne pas être encore assez intégrées à «la ville».
UNE POLITIQUE NÉE DE LA CRISE
Les exceptionnelles années de croissance qu'a connues la France - les «trente glorieuses», de l'après-guerre à la crise de 1974 - modifient profondément la structuration de la société : les campagnes, les villages se vident, tandis que le besoin en logements urbains devient plus pressant Pour répondre à cette crise du logement, de «grands ensembles» sont construits à la
périphérie des villes. Or, les zones récemment urbanisées ne bénéficient pas des mêmes réseaux de transports collectifs, des mêmes services publics, des mêmes commerces que ce que l'INSEE appelle, dans sa nomenclature, les «villes-centres». Les banlieues se transforment alors en cités-dortoirs. À partir du début des années 1970, avec la crise, apparaît un chômage de masse, qui touche d'abord les populations fragiles, sans qualification, logées dans les grands ensembles. Apparaît alors un phénomène nouveau d'exclusion. Les «cités» se muent en ghettos connaissant l'insécurité, le chômage, l'échec scolaire, la perte des repères.
La crise des zones urbaines défavorisées impose alors à l'État de conduire une politique spécifique, destinée à traiter les causes comme les effets de l'exclusion. C'est pourquoi la politique de la ville est multiforme : elle recouvre des
UN CALENDRIER
1977 Opérations Habitat et vie sociale.
1981 Violents incidents aux Minguettes (Vénissieux). Commission nationale pour le développement social des quartiers (CNDSQ).
1982 Délégation interministérielle à l’insertion des jeunes (DIU), missions locales, zones d'éducation prioritaires (ZEP), première «opération prévention été» (OPE).
1983 Centre national de prévention de la délinquance (CNPD). Banlieues 89.
1984 IXe contrat de plan État-région intégrant les DSQ (Développement social des quartiers) (148 quartiers).
1988 Délégation interministérielle à la ville (DIV), Conseil national des villes (CNV), Conseil interministériel des villes (CIV).
1989 Contrats DSQ du Xe plan (546 quartiers).
1990 Nomination d’un ministre délégué à la Ville.
1991 Loi dotation de solidarité urbaine (DSU). Loi d'orientation pour la ville (LOV).
1992 Mise en place des GPU (grands projets urbains).
1993 Décret fixant la liste des grands ensembles et quartiers d'habitat dégradé. Mise en place des 214 contrats de ville.
1994 Décision de création du FIV (Fonds interministériel d'intervention pour la ville).
1995 Circulaire sur la mise en œuvre et l'évaluation des contrats de ville.
Loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire (LOADT).
1996 Loi « Pacte de relance pour la ville». Décrets sur la géographie prioritaire (zones urbaines sensibles, zones de redynamisation urbaine, zones franches urbaines...). 1998-1999 Préparation des contrats de plan État-région (XI Ie plan) et des contrats de ville 2000-2006.
1999 LOADT modifiant la LOADT de 1995. Loi sur le renforcement et la simplification de la coopération intercommunale. Lancement du plan de solidarité et de rénovation urbaine : les grands projets de ville (GPV) et le programme de renouvellement urbain.
2000 Loi sur la solidarité et le renouvellement urbain (SRU). Mise en place du Fonds de revitalisation économique (FRE).
2001 Réduction des avantages accordés aux zones franches urbaines (ZFU). Contrats locaux de sécurité. Programme européen Urban.
2003 Doublement du programme des zones franches urbaines (ZFU). Loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine pour réduire les inégalités dans les zones urbaines sensibles. Procédure de «rétablissement personnel» (faillite personnelle). Budget 2004-2008 :
2,5 milliards d'euros par an.
2004 Mise en chantier d’une grande loi de cohésion sociale. Engagement de multiplier les logements sociaux.
LES SERVICES PUBLICS DÉFAILLANTS
Nombreux sont les exemples de défaillance des pouvoirs publics dans les quartiers sensibles. Ainsi, le département du Val-d'Oise, qui connaît le plus fort taux de criminalité après Paris, compte la proportion la plus faible de magistrats et de policiers dans la population. 40% des zones urbaines sensibles n'ont pas de bureau de poste. Quant aux ZEP (zone d'éducation prioritaire), elles se traduisent par des incitations financières aux agents publics sans modification des moyens éducatifs...
«
violences,
un ministre de la Politique de
la ville, Michel Delebarre, est nommé
(décembre 1990).
Le cadre de l'action
strictement locale est abandonné au
profit d'une politique nationale, qui met
en place une solidarité financière entre
les communes, envisage de faire de
l'amélioration de la politique de la ville
l'un des enjeux majeurs du renouveau
des services publics, envisage l'avenir
économique des grands ensembles et
l'insertion des jeunes en difficulté.
13 sous-préfets chargés de la ville sont
nommés.
Le nouveau ministère développe une
activité législative propre à se donner
les moyens d'une véritable action.
En
avril 1991, la loi sur la solidarité
financière institue des mécanismes de
redistribution au profit des communes
pauvres : une dotation de solidarité
urbaine (CDSU) versée par les
communes riches aux communes
pauvres en charge d'un p11rc HLM
important (plus de 11 % des logements)
est créée.
En juillet de la même année,
la loi d'orientation pour la ville (LOV)
met en œuvre un "droit à la ville» et
recherche une évolution plus équilibrée
du territoire urbain grâce à l'application
du principe de mixité sociale des
communes.
les
sites les plus en difficulté
bénéficient, toujours en 1991, des
«grands projets urbains>> (GPU)
qui sont des programmes de
restructuration lourde : il s'agit de
transformer radicalement des grands
ensembles et de définir des
programmes à long terme afin de
réduire les déficits en matière
d'équipements et d'infrastructures.
12 sites nationaux sont retenus, dont
8 dans la région parisienne.
En direction des populations les plus en
difficulté, sont créés des plans locaux
d'insertion par l'économie (PLIE) pour
les chômeurs de longue durée.
AU PLUS PRES DES REAliTES
les efforts des pouvoirs publics
consistent à toujours proposer des
interventions qui prennent en compte
l'évolution des quartiers et les nouveaux
défis auxquels ils doivent s'adapter.
LES CONTRATS DE VILLE
En 1993, les procédures de DSQ sont
remplacées par les contrats de ville.
Ils
engagent une ou plusieurs collectivités
locales et l'État afin de mettre en œuvre
conjointement un programme
pluriannuel (5 ans initialement, 7 ans
dans le cadre du Xli' Plan 200ü-2006)
de développement social urbain destiné
à traiter les quartiers les plus défavorisés
à l'échelle de l'agglomération ou de la
commune.
le contrat de ville est intégré
dans le contrat de plan État-région, dont
il représente le volet social et urbain.
Afin de mobiliser les ressources
nécessaires, un Fonds interministériel
f--------------1 à
la ville est créé en 1994.
LES ACTEURS
DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
Au niveau de l'État centnl :
•le ministre délégué à la Ville.
• Le Conseil interministériel des villes
(CIV) est présidé par le Premier ministre;
il lance des actions de politique de la ville
et accorde des crédits de l'État.
• le Conseil national des villes (CNV)
débat sur les grandes orientations en
matière de politique de la ville.
• La Délégation interministérielle à la ville
et au développement social urbain
(DIVT) est chargée d'impulser et
d'animer la politique de la ville.
Au nlveilu déalnœntré :
• Les préfets (régions, départements).
• les sous-préfets à la ville, au nombre
de 31 aujourd'hui.
• Les services déconcentrés des
ministères concernés, en particulier
Emploi et Solidarité, Éducation nationale,
Intérieur, Jeunesse et Sports, Justice,
Culture et Défense.
Au niveau local :
• le comité de pilotage du contrat de
ville, composé du préfet et des
représentants des collectivités
territoriales signataires.
• Les chefs de projets et les équipes
"maîtrise d'œuvre urbaine et sociale»,
dont la mission est de promouvoir et
d'animer le projet global mis en œuvre
sur le quartier ou la zone urbaine
considérée.
• les délégués d'État désignés par le
préfet pour assurer la présence de l'État
dans les quartiers en difficulté.
• Divers partenaires locaux : agents des
services publics de proximité,
enseignants, notiers de la police
nationale, bailleurs et commerçants,
associations, habitants.
UN
«PLAN MARSHALL POUR
LES BANLIEUES»
la superposition de structures et de
programme rend de moins en moins
visible la politique de la ville.
Afin de
remobiliser l'ensemble des acteurs, le
gouvernement annonce en 1996 un
Pacte de relance pour la ville qui doit
être un véritable «plan Marshall pour
les banlieues».
Le cœur du projet
consiste en une réduction et une
simplification du nombre des cibles des
politiques de la ville.
De plus, les aides
et les programmes sont individualisés en
fonction de l'importance des problèmes
rencontrés.
lancé par la loi du 14 novembre 1996,
le Pacte de relance pour la ville (PRV)
redéfinit une géographie prioritaire
plus rigoureuse avec trois catégories
de zones :
• les zones urbaines sensibles (ZUS),
nouveau label pour les quartiers
prioritaires en contrat de ville; elles sont
au nombre de 731 ;
•les zones de redynamisation urbaine
(ZRU), sous-ensemble des zones
urbaines sensibles bénéficiant de
mesures économiques (exonérations
fiscales et sociales); 350 ZRU sont
définies;
• enfin, les zones franches urbaines
(ZFU) correspondent aux quartiers de
plus de 10 000 habitants présentant les
caractères les plus dégradés en termes
de chômage et de ressources des
communes; elles bénéficient non
seulement des mesures appliquées
aux ZUS et aux ZRU, mais aussi
d'exonérations fiscales et sociales
diverses; 44 ZFU, dont 6 en ile-de
France, sont créées.
DE
NOUVEAUX MOYENS
POUR LES ZONES FRANCHES
41 nouvelles zones franches urbaines
(ZUF) s'ajoutent aux 44 créées en 1996.
Elles bénéficient de l'exonération de la
taxe professionnelle et de l'Impôt sur les
sociétés, ainsi que des charges sociales
patronales si un tiers des emplois créés
sont occupés par des habitants de la
ZUF.
En 2004, une grande loi sur la cohésion
sociale entend intégrer la politique de la
ville dans la lutte plus générale contre
l'exclusion.
C'est que plus de vingt ans
de politique de la ville n'ont pu venir à
bout de difficultés liées à l'évolution des
sociétés développées, dépassant
largement des problèmes de logement
ou de proximité.
UNE POLITIQUE
D'AGGLOMÉRATION
longtemps, la politique de la ville a
trouvé ses limites dans la structure des
collectivités, lesquelles ne recouvrent
que rarement une agglomération.
À
partir de 1998, il s'agit pour les pouvoirs
publics de supprimer cet obstacle.
LA VlW APPRtltENDÉE DANS SA GLOBAUTÉ
la loi du 12 juillet 1999 relative au
renforcement et à la simplification de
la coopération intercommunale crée
les communautés d'agglomération,
avec une incitation financière : la
dotation que l'État verse aux communes
au prorata du nombre d'habitants est
majorée pour les communes qui se
regroupent au sein de communautés
d'agglomération.
les nouvelles
communautés .se substitue aux
communes membres pour des
compétences aussi larges que le
développement économique ou
l'équilibre social de l'habitat, deux
éléments clés de la politique de la ville.
Parallèlement, la loi Voynet
d'orientation sur l'aménagement
durable du territoire précise que les
contrats de ville peuvent être intégrés
aux contrats d'agglomération signés
entre l'État et les établissements publics
de coopération intercommunale; ces
contrats d'agglomération sont conclus
avec l'État, notamment en matière de
développement économique et de
cohésion sociale, d'aménagement et
d'urbanisme, de transport et de
logement.
les contrats de ville du
Xli' Plan (2000-2006) constituent le
volet social des contrats
d'agglomération et sont basés sur
l'intercommunalité.
Pour marquer le rôle majeur de
l'agglomération dans la politique de
la ville, les schémas de cohérence
territoriale remplacent les schémas
directeurs, les plans locaux d'urbanisme
(PLU) remplacent les POS.
La mixité
sociale est favorisée :il s'agit de construire
des logements sociaux là où
il n'y en a pas, afin de lutter contre les
phénomènes de ghettoïsation des
quartiers sensibles.
LES GRANDS PROJETS DE VILLE (GPV)
!:action des pouvoirs publics nationaux
porte particulièrement sur 50 GPV.
Grâce à une enveloppe exceptionnelle
de près de 1 milliard d'euros, il s'agit de
restrudurer lourdement l'urbain pour
déstabiliser l'état d'un quartier
et engager les leviers qui permettront
de peser sur l'emploi, le social, la
sécurité.
la démolition suivie de
reconstruction de logements est aidée
financièrement.
LA
VILLE POUR RENFORCER
LA COHÉSION SOCIALE
Le 1" août 2003, une grande loi
d'orientation et de programmation pour
la ville et la rénovation urbaine est votée.
Pour le nouveau ministre de la Ville,
Jean-Louis Borloo, il s'agit d'éviter une
fracture sociale entre les quartiers
défavorisés et le reste du pays.
INTERVENIR DANS
LES ZONES URBAINES SENSIBLES (lUS)
la loi crée un Observatoire national
des ZUS dont l'objectif est d'évaluer
l'évolution des inégalités sociales et les
écarts de développement entre les
territoires.
!:action dans les ZUS doit être
globale et recouvrir l'emploi, le
développement économique, l'école,
la santé et la sécurité publique.
LA RÉNOVATION URBAINE
Un fonds d'Investissement exceptionnel
de 30 milliards d'euros au total sur cinq
ans est créé.
Il doit être consacré non
seulement à la réhabilitation des
logements, mais aussi aux quartiers dans
leur ensemble : espaces publics, loisirs,
services publics ...
LA POLinQUE DE LA VILLE EN EUROPE
C'est en Grande-Bretagne, après les
émeutes de Brixton en 1981, et en
France que sont apparues les
premières politiques en faveur des
zones urbaines défavorisées.
Au milieu
des années 1980, les questions liées
aux minorités ethniques conduisent les
Pays-Bas à développer un programme
s'apparentant au développement social
des quartiers (DSQ) français dans une
vingtaine de quartiers; à la même
époque, la Suède prend des mesures
pour éviter les phénomènes de
concentration des migrants dans les
villes.
En 1987, l'Italie nomme un
ministre" pour les problèmes des aires
urbaines >>.
les années 1990 voient ces politiques
se généraliser à l'ensemble de l'Europe,
dans un contexte d'accroissement du
chômage.
Dès 1993, le Danemark
adopte une loi de renouvellement
urbain, puis en juin 1998, le
gouvernement adopte un plan d'action
global.
En Suède, le programme spécial
d'assistance au développement de
quartier de 1995 préfigure la loi sur les
aires urbaines au XXI' siècle de
décembre 1998.
En Belgique, le
gouvernement fédéral inscrit, en 1999,
parmi les priorités de son programme,
la définition d'une politique en faveur
des grandes villes.
Après avoir exprimé
en octobre 1998 sa volonté de
renforcer le développement durable
des agglomérations et de coordonner
la construction de logements, le
gouvernement fédéral allemand lance
le programme.
»
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