« Gouverner, c'est prévoir » ?
Publié le 09/06/2012
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Il incarne et garantit la stabilité des institutions. Mais le « souverain « (celui qui fait la loi) reste le peuple. Toutefois, dans certaines circonstances, le « ministre « du peuple (le chef d'Etat, le « gouvernement) doit prendre des décisions sans consulter le peuple. Selon Machiavel, lorsqu'il s'agit de fonder un Etat, le Prince doit imposer à la société les décisions en vue d'établir un ordre politique, afin de mettre un terme au chaos. Il en va de même, dans toutes les nations, même démocratiques, lorsqu'il y a menace de guerre, crise économique, réaction au terrorisme etc. : le pays doit être gouverné en fonction d'exigences rationnelles. Conclusion : Tout en restant souverain, un peuple doit être « gouverné « (au sens d'un navire dont les forces doivent être unifiées et orientées). Le bon gouvernement est celui qui répond aux exigences du peuple, tout en se conformant au « sens de l'histoire «. Quelles sont ces exigences ?
«
Machiavel, Le Prince, IV partie, chop.
xxv, trad.
Th.
Ménissier, Hatier, coll.
«Les classiques de la philosophie», 1999,p.
112-113.
Conclusion : Gouverner c'est prévoir : les hommes sont sortis de l'état de nature et se sont donné des « maîtres »pour éviter la guerre de tous contre tous.
Ce en quoi ils ont eu, semble-t-il, raison.
Mais ils n'avaient sans doute pasprévu que ces maîtres les dépossèderait de leur liberté.
II.
Une société est bien gouvernée si elle l'est en vue de l'intérêt général
Bien gouverner, ce n'est pas seulement ni exclusivement « prévenir » certains dangers, ni empêcher la guerre detous contre tous.
C'est d'abord gouverner conformément aux attentes légitimes du peuple.
1.
Le gouvernement doit être légitime
On ne peut dire qu'un pays est « gouverné » si le gouvernement terrorise la population et confisque les biens publicssous couvert de maintien de l'ordre (dans ce cas « l'espèce humaine est divisée en troupeaux de bétail, dontchacun a son chef, qui le garde pour le dévorer » Rousseau, Du contrat social, I, II).
Un usurpateur ne peut êtrelégitime, même s'il existe plusieurs formes de légitimité (charismatique, traditionnelle et rationnelle selon Max Weber).Le gouvernement légitime, aux yeux des modernes, doit être rationnel plutôt que traditionnel ou charismatique.
Doncgouverner, c'est tenter d'imposer ou de favoriser un ordre aussi juste que possible, en vue d'un avenir meilleur.
2.
Le gouvernement républicain repose sur des institutions (« digues et remparts »), dont l'un de buts est deprévenir les dérives despotiques.
« Les formes sont les divinités tutélaires des institutions humaines, ce sont lesformes qui nous délivrent de la barbarie », écrit Benjamin Constant.
La République élabore ces « formes »(constitution, lois et institutions) et favorise le choix de gouvernants éclairés désignés par le peuple conformémentà la loi qui est l' « acte de la volonté générale » et qui, à ce titre, est donc aussi intangible que possible.
« Leshommes ont inventé l'Etat pour ne pas obéir aux hommes » G.
Burdeau (juriste du XXe siècle).
3.
Le chef républicain n'est que le « ministre » du peuple, selon Rousseau
Il incarne et garantit la stabilité des institutions.
Mais le « souverain » (celui qui fait la loi) reste le peuple.Toutefois, dans certaines circonstances, le « ministre » du peuple (le chef d'Etat, le « gouvernement) doit prendredes décisions sans consulter le peuple.
Selon Machiavel, lorsqu'il s'agit de fonder un Etat, le Prince doit imposer à la société les décisions en vue d'établir unordre politique, afin de mettre un terme au chaos.
Il en va de même, dans toutes les nations, même démocratiques,lorsqu'il y a menace de guerre, crise économique, réaction au terrorisme etc.
: le pays doit être gouverné enfonction d'exigences rationnelles.
Conclusion : Tout en restant souverain, un peuple doit être « gouverné » (au sens d'un navire dont les forcesdoivent être unifiées et orientées).
Le bon gouvernement est celui qui répond aux exigences du peuple, tout en seconformant au « sens de l'histoire ».
Quelles sont ces exigences ?
III.
Le bon gouvernant doit anticiper l'avenir.
Il ne doit pas « naviguer à vue »
C'est tout le problème de la démocratie aujourd'hui.
Une société bien gouvernée est stabilisée par un projet clair etexplicite.
Un tel projet doit s'appuyer sur une vision de l'avenir :
1.
Le Grand homme est un visionnaire.
Selon Hegel (théorie du grand Homme), savoir gouverner, c'est orienter son action vers un Universel supérieur.Pourtant le grand Homme ne connaît pas la « fin de l'Histoire ».
Ce n'est pas un intellectuel ni un savant : « la chouette de Minerve ne se lève qu'à la tombée de la nuit » (lachouette de Minerve symbolise la philosophie).
Ce n'est qu'à la fin d'un épisode historique que les observateurs encomprennent la vraie signification.
Toutefois le Grand Homme est un visionnaire : il prend les bonnes décisions enfonction d'une vision juste de l'avenir.
La vision juste de l'avenir est celle qui sera confirmée par le « tribunal del'histoire ».
Exemple : l'unification de l'Europe par Napoléon (selon Hegel).
Autre exemple : l'appel du 18 juin par De Gaulle, ainsi que la décolonisation.
De Gaulle a compris que tel était le «sens de l'histoire » et a agi en vue de cet « Universel supérieur » (une réalisation plus universelle de la liberté).
2.
Le bon gouvernant, sans être forcément un « visionnaire », doit avoir une « vision ».
Autrement dit il doit former un projet clair et explicite fondé sur une intuition juste de l'avenir.
Le bon gouvernantn'est pas celui qui infléchit l'histoire dans le sens qui lui plaît ; ce n'est pas non plus celui qui se contente d'être àl'écoute de la demande du peuple (« La volonté générale est toujours droite, elle n'est pas toujours éclairée »Rousseau)..
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