Faut-Il Interdire Le Cumul Des Mandats?
Publié le 09/11/2012
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Une autre forme d’action consisterait à organiser un référendum sur la question du cumul des mandats.
Nombre de partisans du mandat unique étendu à l’ensemble du personnel politique français se
prononcent en faveur de cette voie qui permettrait de contourner l’opposition du Sénat. Cette solution
nécessiterait le parrainage de 184 parlementaires et d’un dixième des électeurs. Dans tous les cas, une
réforme ambitieuse visant à interdire le cumul le cumul des mandats devra être le fruit d’un volontarisme
politique fort qui saura s’opposer aux élus qui souhaitent conserver cette pratique. Ceci ne sera pas une
mince affaire puisque le cumul des mandats a renforcé le pouvoir d’influence des « grands barons
locaux « qui sont désormais incontournables dans l’organigramme des partis, en témoignent les
incessantes tractations au sein de Parti Socialiste afin de s’assurer le soutien de puissantes fédérations
locales qui se voient alors dotées d’une capacité
«
Comme le montre Gunilla Björner, le cumul des mandats est un phénomène en constante expansion
particulièrement répandu dans notre pays.
La pratique de ces professionnels de la politique ne semble
pas favoriser le fonctionnement de notre démocratie et les raisons le plus souvent évoquées par les
« cumulards » ne sont guère convaincantes.
Il apparaît qu’en l’absence de législation la matière, le cumul
est devenu un véritable outil de stratégie politique que les élus n’hésitent pas à utiliser.
1) Un phénomène en expansion aux effets manifestement néfastes.
Si le cumul des mandats est une exception française, il n’est pas une fatalité hexagonale.
Alors même
qu’il semblait que la démocratisation du personnel politique augmentait depuis la fin du XIXème siècle,
les quarante dernières années montrent que les élus monopolisant plusieurs mandats simultanément
sont de plus en
plus nombreux.
Les chiffres avancés par l’auteur montrent bien l’ampleur du phénomène : 81 % des
sénateurs et 85% des députés français cumulent leur état de parlementaire avec un autre mandat électif.
Cette situation est effectivement remarquable en comparaison avec les autres grandes démocraties
européennes qui, généralement, ne comptent pas plus de 15% de députés cumulant plusieurs mandats.
Le cumul y est soit interdit par la loi comme en Italie, soit inexistant en pratique, comme en Angleterre et
lorsqu’il existe, il ne touche que la Seconde Chambre.
Cette différence ne peut toutefois être considérée
comme une exception culturelle dans la mesure où le cumul des mandats n’a pas toujours été la règle en
France.
D’un point de vue historique, le cumul des mandats a connu un développement exponentiel
depuis la IIIème République, et plus particulièrement depuis la fin des années 1970 : les députés
cumulant un autre mandat électif étaient 35% en 1936, 42% en 1956, 51% en 1958 et 89% en 1998.[1]
A première vue, cette forte augmentation semble paradoxale.
Comme l’a montré l’analyse de Max
Weber, au XIXème siècle les activités politiques étaient réservées aux notables qui étaient dotés du
temps et des ressources matérielles nécessaires pour s’intéresser aux affaires de la cité.[2] Il était alors
compréhensible que ces notables cumulent mandats locaux et nationaux afin de rapprocher les
collectivités territoriales de Paris en l’absence de moyens de communication développés, ce qui peut
expliquer l’ampleur de ce phénomène sous la Monarchie de Juillet.
L’apparition du professionnel de la politique repose sur la possibilité nouvelle au début du XXème siècle
de faire de la politique un métier grâce à l’apparition de partis politiques et de la structuration du champ
politique qui sont à l’origine de la création de nombreuses fonctions politiques qui nécessitent un
investissement à temps plein.
Cette professionnalisation de la politique est censée pousser les élus à se
consacrer pleinement à l’exercice de leurs mandats, d’autant plus que les enjeux et les problèmes
politiques sont de plus en plus complexes.
Toutefois, le phénomène de cumul des mandats semble
indiquer une dynamique contraire : celle de la « notabilisation » des professionnels de la politique.
Ainsi,
un véritable jargon d’inspiration féodale est apparu autour des cumulards qui sont parfois qualifiés de
« barons locaux » et qui préfèrent parler de « fief » plutôt que de circonscription.
Ainsi, le politologue
Jean-Luc Parodi estime que le cumul était utile avant la décentralisation pour s’opposer à Paris, mais
depuis les cumulards sont devenus de vrais barons.
En effet, le processus de décentralisation qui s’est
accompagné d’un transfert de compétences au profit des collectivités territoriales ainsi que les récentes
tentatives visant à renforcer le rôle du Parlement auraient du pousser les élus à se contenter d’un seul
mandat afin d’honorer pleinement des pouvoirs élargis.
Ainsi, le rapport « Vivre Ensemble » de D.
Guichard en 1976 affirmait déjà que « le cumul des mandats et des fonctions est parfaitement contraire à
une France décentralisée ».
Encore une fois, il n’en a rien été, puisque le plus souvent, les mandats électifs nouvellement créés ont
fait l’objet de convoitises d’élus désirant accumuler des mandats supplémentaires.
Dès lors, il n’est pas
étonnant que l’auteure soit aussi virulente à l’encontre de cette propension des élus à s’accaparer.
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