Dossier 6 - L'Indo-pacifique
Publié le 03/02/2025
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«
Etude de cas : l’Indo-pacifique, un espace stratégique pour les puissances
L’Indo-pacifique
https://information.tv5monde.com/info/geopolitique-la-zone-indopacifique-en-questio
n-de-l-ue-au-pacte-aukus-424788
L’affaire des sous-marins australiens provoque une crise diplomatique entre
Washington et Paris
La stupeur a laissé place à une colère froide.
La France a décidé, vendredi 17
septembre, de rappeler pour consultations ses ambassadeurs à Washington et à
Canberra, quarante-huit heures après l'annonce du partenariat stratégique dit Aukus
entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, orienté contre la Chine.
Un geste
fracassant, mais surtout symbolique, qui sert à formaliser le sentiment de trahison
éprouvé par Paris, après la rupture du contrat de livraison de douze sous-marins à
propulsion conventionnelle à l'Australie.
La forme, humiliante, et le fond de l'affaire Aukus se mêlent pour expliquer la
motivation française, mal comprise de l'autre côté de l'Atlantique.
Vendredi, le
directeur politique du Quai d'Orsay, Philippe Errera, a reçu le chargé d'affaires
américain et l'ambassadeur australien afin de leur notifier le rappel des deux
diplomates français, Philippe Etienne, en poste à Washington, et Jean-Pierre
Thébault à Canberra.
Dans un communiqué une nouvelle fois martial, le ministre des affaires étrangères,
Jean-Yves Le Drian, a justifié cette « décision exceptionnelle » par la « gravité
exceptionnelle » des événements de la semaine.
« L'abandon du projet de
sous-marins de classe océanique qui liait l'Australie à la France depuis 2016 et
l'annonce d'un nouveau partenariat avec les Etats-Unis visant à lancer des études
sur une possible future coopération sur des sous-marins à propulsion nucléaire
constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les
conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos
alliances, de nos partenariats et de l'importance de l'Indo-Pacifique pour l'Europe »,
précise le chef de la diplomatie française.
Marquer le coup
Le communiqué a beau avoir été envoyé par le Quai d'Orsay, l'ordre est venu de
l'Elysée.
La situation a été jugée suffisamment « grave » pour qu'Emmanuel Macron
réagisse.
« Au-delà de la question de la rupture d'un contrat et de ses
conséquences, notamment en termes d'emplois, il y a ce que cette décision dit de la
stratégie d'alliance.
[Un tel comportement] est inacceptable entre alliés » ,
souligne-t-on à l'Elysée.
A ce stade, le chef de l'Etat n'a fait aucun commentaire
public, ni parlé au président américain Joe Biden.
Mais il veut marquer le coup.
Les États-Unis focalisés sur la Chine
La valeur stratégique régionale accordée par la France à l'accord avec l'Australie a
été négligée par les Etats-Unis, focalisés sur leur propre rivalité avec la Chine.
De
même, Washington ne semble pas croire que d'autres dégâts puissent suivre, que
sa crédibilité et sa solidité en tant qu'allié de Paris sont engagées.
Cela vaut aussi
bien dans la relation bilatérale qu'au sein de l'OTAN, déclarée en « mort cérébrale »
par Emmanuel Macron il y a près de deux ans.
La volonté américaine de pousser l'Alliance atlantique à contrer les ambitions
militaires de la Chine ne convient pas aux Européens, et en particulier à l'Elysée.
«
Pour ma part, la Chine ne fait pas partie de la géographie atlantique, ou alors ma
carte a un problème », avait déclaré M.
Macron, le 10 juin, en marge d'un sommet
de l'OTAN, dans la foulée du G7.
« Le traité de l'Atlantique Nord n'est pas le traité du
Pacifique Sud », observe-t-on à Paris.
Pour l'Elysée, la stratégie indo-pacifique
française se doit d'être moins confrontationnelle que celle des Etats-Unis, afin de
ménager la relation avec la Chine.
Une façon aussi, pour les Européens, de ne pas
être les otages de la rivalité entre Pékin et Washington.
Cette sorte de « troisième
voie » est cependant rejetée par Washington.
Claire Gatinois, Philippe Ricard (à Paris), et Piotr Smolar, Crise diplomatique entre
Washington et Paris au sujet des sous-marins australiens, Le Monde, 20 septembre
2021
Qu’est-ce que l’Aukus ?
L'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé le 15 septembre la
formation d'une nouvelle alliance militaire.
Première conséquence de cet Aukus :
l'annulation d'un contrat géant avec la France portant sur des sous-marins.
Mais
cette alliance ne se résume pas à ce seul aspect.
La France s'est surtout focalisée sur la perte du méga contrat de sous-marins avec
l'Australie.
C'était presque oublier l'alliance stratégique qui sous-tend ce revirement.
Avec Aukus, l'Etat-continent resserre ses liens avec ses alliés anglo-saxons
historiques : le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Il réaffirme sa force face à la Chine,
dont l'influence ne cesse de croître en zone indopacifique.
1.
Qu'est-ce qu'Aukus ?
Aukus est le nom d'une nouvelle alliance militaire conclue le 15 septembre 2021
entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Son nom est un acronyme formé
des premières lettres (en anglais) des trois pays concernés (Australia, United
Kingdom, United States).
L'alliance, qualifiée d' « historique » par le Royaume-Uni, vise à « renforcer et
soutenir » les intérêts des trois alliés en matière de défense et de sécurité, explique
un communiqué commun.
Cela passera notamment par un « partage accru de
l'information et des technologies » et une « intégration plus poussée de la science,
de l'industrie et des chaînes d'approvisionnement » .
La première initiative de cette coopération resserrée sera de « soutenir » l'Australie
pour acquérir des sous-marins nucléaires d'ici 18 mois, en s'appuyant sur les
capacités industrielles des Etats-Unis et du Royaume-Uni - au détriment, donc de la
France, qui avait noué un accord.
Dans la presse française, Aukus s'est beaucoup résumé à la fourniture de
sous-marins en raison de l'importance du contrat (35 milliards d'euros) et de son
volet diplomatique (la « trahison » de la France).
Celui-ci est amené à recouvrir
différents domaines, principalement dans le numérique : cyber-capacités,
intelligence artificielle et même informatique quantique.
Les détails ne sont pas
encore connus.
Le conseiller britannique à la Sécurité nationale, Stephen Lovegrove, estime
qu'Aukus est « certainement la collaboration capacitaire la plus importante au monde
depuis 60 ans » .
2.
Qu'est-ce qui motive ces trois pays ?
Il y a d'abord le cas de l'Australie, dont les tensions avec la Chine sont allées
crescendo ces dernières années.
Pékin étend son influence dans la zone
indopacifique, en particulier depuis la promulgation de ses « Nouvelles routes de la
Soie » en 2013.
Canberra de son côté tente de limiter cette tentation chinoise à se
présenter comme un leader régional.
En 2015, Canberra avait concédé son port du Darwin au chinois Landbridge.
Cette
infrastructure stratégique est sur le tracé des Nouvelles routes de la Soie et jouxte
une base américaine.
Peter Dutton, le ministre australien de la Défense, a
récemment exprimé sa volonté de mettre fin au bail.
La construction d'un second
port, pour la Royal Australian Navy et l'US Marine Corps d'opérer, est en cours.
Le projet Aukus s'inscrit dans un contexte de reprise en main géopolitique de
Canberra face à Pékin.
En juin 2020, le Premier ministre Scott Morrison avait
annoncé 270 milliards de dollars sur dix ans pour améliorer son armée, notamment
étendre ses capacités de frappe marine.
Le Royaume-Uni, lui, doit retrouver sa place sur la scène internationale depuis qu'il a
quitté l'Union européenne.
Londres est historiquement proche de Washington et de
Canberra.
Cette alliance est une façon pour Boris Johnson de réaffirmer sa stratégie
dite de « Global Britain » - un concept évoqué au lendemain du référendum du Brexit
en 2016.
Ce plan à dix ans mise sur une présence renforcée dans l'espace
indopacifique, pour contenir la Chine.
Les Etats-Unis, clé de voûte de cette alliance, redisent avec l'Aukus leur
détermination à affronter la Chine.
Ce nouvel axe serait ainsi une façon d'aligner
quelque chose en face des Nouvelles routes de la Soie.
Dans le pays, on se félicite
du retour des alliances avec des partenaires historiques - négligées sous Trump.
En
matière de politique intérieure, ce type d'accord, après la débâcle afghane, aurait le
soutien des démocrates et des républicains.
3.
Quelle place pour la France ?
A chaud, la France a réagi à l'annulation de la commande de sous-marins.
Un «
coup dans le dos », pour le ministre du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves
Le Drian.
Une décision « grave » en matière de politique internationale, pour la
ministre des Armées Florence Parly.
Le chef de la diplomatie a prévenu que la France allait exiger des « clarifications » à
l'Australie après la rupture de ce pacte.
Du côté des Etats-Unis, Joe Biden s'est
contenté de dire que l'Hexagone demeurait « un partenaire clé et un allié dans le
renforcement de la sécurité et de la prospérité de la région » et qu'il avait hâte « de
travailler étroitement avec la France » .
Cette éviction de Paris de la scène indopacifique n'est pas près d'être avalée.
Hasard du calendrier, cela a eu lieu le jour même ou la Commission européenne
révélait ses ambitions stratégiques dans cette région.
Cette crise pourrait pousser
les Vingt-sept dirigeants européens à exercer davantage d'autonomie à l'égard de
leur alliés anglo-saxons, un thème cher à Emmanuel Macron.
Alors que la France s'apprête à prendre la présidence tournante de l'UE en 2022, et
maintenant qu'elle semble....
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