Discours d’investiture de Léon Blum à la Chambre des députés en juin 1936. Commentaire de texte
Publié le 31/08/2012
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Léon Blum nous livre, dans ce passage(l.95-111), une conclusion. « Le Parlement républicain, délégataire de la souveraineté, comprendra avec quelles impatiences de grandes réalisations sont attendues(..) « Léon Blum fait appel à la compréhension de tous les parlementaires, toutes convictions politiques confondues de comprendre « l’espoir avide de renouvellement(..)qui s’étend à la nation toute entière. Léon Blum exprime en quelque sorte un souhait : que le parlement uni réalise l’attente commune de la nation. Il ne demande pas à ses adversaires d’adhérer à sa politique mais de comprendre cette volonté de changement. « Il démontrera ainsi, une fois de plus, la partialité et la vanité des tentatives faites pour le discréditer devant l’opinion publique «. Ici Léon Blum fait référence aux ligues qui ont porté atteinte au Parlement, puisque celles ci étaient fortement anti-parlementaires. Léon Blum oppose les démocrates(le Parlement républicain)aux anti-démocrates(les ligues), il met en garde ceux qui voudraient recourir à la violence pour gêner le Parlement. La tâche du gouvernement ne pourra cependant s’effectuer qu’à certaines conditions, pour cela ce dernier devra être maître de ses actes, et devra bénéficier d’un climat serein, les partis politiques et les organisations (qui ont souscrit au programme du Front populaire, ce sont des syndicats par exemple) devront être unis derrière le gouvernement, Léon Blum précise également que le consensus devra régner afin que l’action du gouvernement se réalise pleinement. Dans ces conditions : « La fidélité à nos engagements, telle sera notre règle. Le bien public, tel sera notre but. « Dans son discours d'investiture, Léon Blum annonçait la cadence rapide à laquelle se succèderaient le vote des projets de loi. Ce fut chose faite : pressé par le temps, le gouvernement Blum a fait « galoper « le Parlement ; en quelques semaines celui-ci a voté plus de textes que dans toute la législature précédente. Ce fut une vraie « Révolution par la loi « et pratiquement tous les projets de lois annoncés par Léon Blum dans son discours furent réalisés.
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Léon Blum entend bien mettre la France rapidement sur la voie des réformes « dès la semaine prochaine », de façon à ce que tous les projets de lois soient votés parles deux Assemblées avant « leur séparation », c'est à dire avant la fin de la session parlementaire .
Sous la IIIème République, les deux Assemblées devaient êtreréunies en session au moins 5 mois chaque année.
Léon Blum énumère alors les principaux projets de lois que le gouvernement compte mener à bien.
Ces dernierssont nombreux et concernent tous les domaines, ce qui traduit la volonté réelle de transformer la société.On trouve dans un premier temps des mesures qui visent à améliorer le sort des salariés :- La semaine de quarante heures : il faut noter que la lutte pour la réduction du temps de travail est aussi ancienne que le monde ouvrier.
Mais la montée du chômageau cours des années 1930 lui a donné une dimension nouvelle, une justification primordiale.
En France, quinze ans après l'instauration de la semaine de quarante-huitheures en 1919, certaines entreprises faisaient encore travailler soixante heures par semaine au plus fort de la crise, ainsi les quarante-heures se sont imposées en têtedes revendications du Front populaire.- L'élaboration de conventions collectives par branche industrielle et dans chaque entreprise.- L'instauration de congés payés était une mesure populaire et une innovation révolutionnaire, personne jusque-là ne connaissait de vacances (hormis certainesprofessions).Léon Blum entend faire, par cette réforme, des congés payés un droit pour tous.
Il faut cependant rappeler que ce projet de loi ne figurait pas dans leprogramme électoral.
L'idée de congés payés était certainement survenue suite aux mouvements de grèves en mai.-Un fonds national de chômage, qui semble être indispensable compte tenu de la crise économique, du nombre et de la difficulté des chômeurs en France.-Un régime de retraite garantissant contre la misère les vieux travailleurs des villes et des campagnes.Ces projets de loi visent aussi à améliorer le sort des paysans avec :-La création d'un Office interprofessionnel du blé pour réguler ce marché-L'assurance contre les calamités agricoles-L'aménagement des dettes agricolesIl faut noter que le poids de la crise avait été en partie reporté sur les paysans.
Ces projets de lois étaient certainement liés à la situation difficile des agriculteurs en1936.
Ces différentes mesures, visant à améliorer le sort des paysans et des salariés, rendent compte de la volonté d'élargir « la démocratie en socialisme ».Léon Blumsemble vouloir instaurer « une Révolution par la loi »contre le patronat et les puissances de l'argent.On trouve dans un deuxième temps d'autres projets de lois relevant de domaines diverses :l'amnistie, le lancement de grands travaux en vue d'améliorer leséquipements collectifs, la nationalisation des fabrications de matériel de guerre(dans un contexte international tendu, il est préférable pour l'Etat de superviser laproduction d'armes), la prolongation de la scolarité.
Léon Blum envisage également la révision des décrets-loi auxquels avait eut recours le gouvernement de PierreLaval, qui avait institué un prélèvement de 10 pour cent sur les traitements et pension payées par l'Etat et avait par conséquent fortement pénalisé les fonctionnaireset les pensionnés.
On peut cependant constater que parmi ces différentes mesures ne figure presque aucune réforme de structure excepté celle de la Banque de Francequi vise à lutter contre le système « des deux cents familles » : l'assemblée générale de la Banque de France se composait des deux cents plus gros actionnaires, ceciétant jugé injuste.
Le manque de réformes de structures était dû au fait que les communistes et les radicaux ne voulaient pas effrayer les classes moyennes et parconséquent avaient opté pour un programme modéré.
Ces différents projets de loi devaient ainsi permettre (l.62-66)de « ranimer l'économie française », de « résorberle chômage », « d'accroître la masse des revenus consommables », il faut remarquer que ce plan de redressement économique prévu par le gouvernement du Frontpopulaire était d'inspiration keynésienne.Léon Blum explique ensuite que le gouvernement « appliquera avec une tranquille fermeté les lois de défense républicaine »(L67-74).
Il fait ici référence aux acquisrépublicains que le gouvernement se hâtera de défendre et de promotionner dans toute l'administration et les services publics(comme l'école laïque par exemple).
Aucas où ces acquis républicains seraient menacés le gouvernement les défendra avec force.
Léon Blum fait certainement référence aux ligues d'extrême droite ou plusencore à la menace des régimes fascistes qui s'installaient en Europe.
Ce discours semble cependant ne pas conquérir les voix de droite « Nouveaux applaudissementsà l'extrême gauche et à gauche- Interruptions à droite ».
3) Le pacifisme comme mot d'ordre de politique internationale:
Le gouvernement du Front Populaire revendique clairement la paix pour tous.(l.76-94) Le principe de paix figurait d'ailleurs au programme de ce dernier : « Pain,paix, liberté » .
Le pays veut la paix « unanimement », il la veut « indivisible »..
Dans cette situation internationale tendue à laquelle devait faire face le Frontpopulaire (front de Stresa qui se démantelait suite à l'initiative d'un accord bilatéral entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne sur les armements navals et Mussolini enoctobre 1935 qui déclenchait une (seconde) guerre avec l'Ethiopie, Hitler avait remilitarisé la Rhénanie en 1936 ), ce dernier revendique, au nom du pays, la paixcomme principe d'action.
On peut cependant remarquer que revendiquer le principe de paix est quelque peu contradictoire avec l'offensive annoncée en cas d'attaqueaux institutions démocratiques.« Le pays identifie la paix avec les respects de la loi internationale et des contrats internationaux, avec la fidélité aux engagements pris et à la parole donnée.
» Ici,Léon Blum fait notamment référence à Stresa et à l'attitude définie face à l'Allemagne par la Grande Bretagne, l'Italie et la France(c'est en quelque sorte un rappel àl'ordre puisque l'Italie était en train de se rapprocher de l'Allemagne.
La France quand à elle n'aurait jamais dénié, contrairement à l'Italie ou la Grande- Bretagne, sesengagements pris).
Il fait aussi référence au respect des divers traités ou alliances militaires comme la Petite entente, le pacte d'assistance mutuel entre la France etl'Union soviétique en cas d'agression(..).
Le pays souhaite également l'arrêt « de la concurrence effrénée d'armement ou l'Europe se trouve entraînée » ce principe secoordonne avec le celui de paix.
Léon Blum dénonce ici principalement la course aux armements de l'Allemagne nazie : en effet Hitler en mars 1935 avait rétablit leservice militaire obligatoire et avait créé une armée de 36 divisions, ainsi que la Luftwaffe.
La ligne de conduite du gouvernement, voulue par le pays, qui prône lapaix et la réduction de la course aux armements n'est nullement « un signe d'abandon ni une marque de faiblesse » elle est au contraire un signe de fierté et degrandeur de la part d'un pays comme la France.
4) Un gouvernement qui tiendra ses engagements :
Léon Blum nous livre, dans ce passage(l.95-111), une conclusion.
« Le Parlement républicain, délégataire de la souveraineté, comprendra avec quelles impatiencesde grandes réalisations sont attendues(..) » Léon Blum fait appel à la compréhension de tous les parlementaires, toutes convictions politiques confondues decomprendre « l'espoir avide de renouvellement(..)qui s'étend à la nation toute entière.
Léon Blum exprime en quelque sorte un souhait : que le parlement uni réalisel'attente commune de la nation.
Il ne demande pas à ses adversaires d'adhérer à sa politique mais de comprendre cette volonté de changement.« Il démontrera ainsi, une fois de plus, la partialité et la vanité des tentatives faites pour le discréditer devant l'opinion publique ».
Ici Léon Blum fait référence auxligues qui ont porté atteinte au Parlement, puisque celles ci étaient fortement anti-parlementaires.
Léon Blum oppose les démocrates(le Parlement républicain)auxanti-démocrates(les ligues), il met en garde ceux qui voudraient recourir à la violence pour gêner le Parlement.La tâche du gouvernement ne pourra cependant s'effectuer qu'à certaines conditions, pour cela ce dernier devra être maître de ses actes, et devra bénéficier d'unclimat serein, les partis politiques et les organisations (qui ont souscrit au programme du Front populaire, ce sont des syndicats par exemple) devront être unisderrière le gouvernement, Léon Blum précise également que le consensus devra régner afin que l'action du gouvernement se réalise pleinement.
Dans ces conditions :« La fidélité à nos engagements, telle sera notre règle.
Le bien public, tel sera notre but.
»
Dans son discours d'investiture, Léon Blum annonçait la cadence rapide à laquelle se succèderaient le vote des projets de loi.
Ce fut chose faite : pressé par le temps,le gouvernement Blum a fait « galoper » le Parlement ; en quelques semaines celui-ci a voté plus de textes que dans toute la législature précédente.
Ce fut une vraie« Révolution par la loi » et pratiquement tous les projets de lois annoncés par Léon Blum dans son discours furent réalisés.Léon Blum présente le Front populaire comme la voie nouvelle qui saura dénouer la crise, ce dernier affichait l'avenir et l'espoir d ‘une Société meilleure.Socialement, le front populaire réussit sa mission, ce dernier « arracha »au patronat et aux forces de droite les premiers grands acquis sociaux, comme les congéspayées qui restent aujourd'hui le symbole du Front populaire et de l'affranchissement de la condition ouvrière.
Cette réforme permit dès l'été 1936 à des millions detravailleurs d'accéder au temps libre et de découvrir les loisirs.
La littérature a d'ailleurs célébré cette libération, le départ en vacances d'hommes et femmes quin'avaient jamais quitté leur logement, la découverte de la mer.Le redressement économique annoncé dans le discours d'investiture de Léon Blum fut un échec, les quarante heures (conjuguées à un accroissement dessalires)s'inscrivaient dans la logique de la politique économique du Front populaire.
Cette dernière fut un vrai désastre : le chômage ne recula pas, la production.
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