anticolonialisme (politique & socièté).
Publié le 20/05/2013
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Le considérable développement des empires coloniaux au XIXe siècle suscite, notamment parmi les mouvements socialistes, un essor de la réflexion anticolonialiste.
Mais c’est véritablement au tournant des années 1900 que la question coloniale devient centrale.
Soucieuses d’étendre le plus possible leur empire, les grandes puissances occidentales se lancent dans une course à l’expansion, provoquant ainsi de fortes tensions sur leplan international.
Les colonies sont alors perçues comme le fondement de la puissance économique et politique des métropoles.
Cependant, cet impérialisme fait l’objet denombreuses critiques, tant à droite qu’à gauche.
Il existe plusieurs degrés dans cette hostilité, qui n’aboutit pas toujours à la remise en cause du fait colonial : la plupart de ses détracteurs se limitent à une dénonciationsoit des excès, soit de l’importance prise par le phénomène impérialiste.
Ainsi, en France, ce sont principalement les atrocités commises lors de la colonisation qui sont mises en avant : Paul Vigné d’Octon décrit dans la Gloire du sabre (1900) les exactions perpétrées au Niger, de même que Victor Augagneur, ancien administrateur de Madagascar ( Erreurs et brutalités coloniales, 1905).
Il existe également un courant qui dénonce le coût de cette colonisation, notamment en Algérie, en Tunisie et en Indochine.
3.2 La critique de l’impérialisme, moteur du capitalisme
À gauche, le parti socialiste — comme les radicaux en Angleterre, dont le livre d’Hobson, Imperialism, a study (1905), résume les thèses — développe une critique fondée sur deux points.
L’impérialisme est condamné dans la mesure où il sert les intérêts du capitalisme.
Cette hostilité ne porte pas véritablement sur l’expansion en tant quetelle, mais sur la confiscation de cette expansion au seul profit de la classe capitaliste.
Si la colonisation est condamnable en tant que telle, l’essentiel de la critique porte sur le décalage entre le but affiché du colonialisme, à savoir la mission civilisatrice del’Occident qui doit amener les peuples indigènes jusqu’au niveau de civilisation des métropoles, et les abus du système tout entier, tourné vers le profit et l’exploitation.Hobson et Jaurès pensent donc que l’Occident a une mission à remplir, celle de conduire les peuples autochtones vers le self-government (« gouvernement local »), mais que les conditions ne sont pas encore réunies pour y parvenir.
De fait, avant 1914, seuls deux courants politiques remettent véritablement en cause le système colonial : l’extrême droite nationaliste et l’extrême gauche révolutionnaire.La première craint qu’un investissement trop important dans les colonies affaiblisse d’autant la métropole et nuise à l’effort nécessaire à la reconquête des provincesperdues.
La seconde fait de l’anticolonialisme un des angles d’attaque du capitalisme.
4 L’ANTICOLONIALISME À L’HEURE DE LA DÉCOLONISATION
Avec l’entre-deux-guerres, l’anticolonialisme entre dans une nouvelle phase où sa formulation se précise et se radicalise, sous la double impulsion de la révolution russe— qui fait de la lutte anticolonialiste un de ses thèmes majeurs — et de l’apparition de mouvements nationalistes dans les colonies qui se battent pour l’indépendance.
4.1 Dans l’entre-deux-guerres, un anticolonialisme communiste
Les thèses développées par Lénine dans Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916) et l’échec des partis communistes en Occident — qui amène désormais les dirigeants bolcheviques à reporter tous leurs espoirs d’une expansion du communisme sur les mouvements révolutionnaires dans les pays colonisés — ont pourconséquence de faire de l’anticolonialisme l’un des fondements de l’action des différents partis communistes.
Les communistes apportent ainsi leur soutien aux différentsmouvements nationalistes qui se font jour dans les colonies, notamment lors de la guerre du Rif.
À la même époque, se crée une Ligue contre l’impérialisme (1924), qui regroupe des communistes, mais surtout des personnalités idéalistes, tels Albert Einstein, RomainRolland, ou même des travaillistes anglais, dans le but de s’opposer à « l’oppression coloniale », affirmant leur hostilité à toute « discrimination économique, politique etsociale ayant rapport à la race » et leur soutien à tous « les peuples opprimés » en vue d’obtenir « l’indépendance nationale complète » de toutes les colonies.
4.2 Après 1945, un anticolonialisme de gauche, mais aussi de droite
Mais ce n’est véritablement qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que l’anticolonialisme joue un rôle majeur, en liaison avec les mouvements indépendantistesdans les colonies.
Ce nouvel anticolonialisme regroupe à la fois les communistes, les mouvements d’extrême gauche, les intellectuels et une partie des catholiques, dans unengagement qui, parfois, va jusqu’à soutenir matériellement les combattants nationalistes, comme en témoignent les porteurs de valises lors de la guerre d’Algérie.
À cet anticolonialisme de gauche, qui pour certains évolue vers un engagement tiers-mondiste, s’ajoute un anticolonialisme de droite, qui affirme la nécessité d’abandonnerles colonies au nom de l’intérêt économique de la métropole.
Ainsi Raymond Aron ou le journaliste Raymond Cartier dénoncent-ils le coût exorbitant du système colonial,qui empêche de mener à bien la reconstruction en France.
En réussissant, à mesure que les guerres contre les mouvements nationalistes dans les colonies s’enlisaient, à rallier la majorité de l’opinion publique, l’anticolonialisme ajoué un rôle majeur dans la disparition des empires coloniaux, survenue pour l’essentiel dans les années cinquante et soixante ( voir décolonisation).
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