PODCAST >>> EPICURE - Lettre à Ménécée (fin)
Publié le 07/09/2006
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Et maintenant y a-t-il quelqu'un que tu mettes au-dessus du sage ? Il s'est fait sur les dieux des opinions pieuses ; il est constamment sans crainte en face de la mort ; il a su comprendre quel est le but de la nature ; il s'est rendu compte que ce souverain bien est facile à atteindre et à réaliser dans son intégrité, qu'en revanche le mal le plus extrême est étroitement limité quant à la durée ou quant à l'intensité. Il se moque du destin, dont certains font le maître absolu des choses* ; et certes mieux vaudrait s'incliner devant toutes les opinions mythiques sur les dieux que de se faire les esclaves du destin des physiciens, car la mythologie nous promet que les dieux se laisseront fléchir par les honneurs qui leur seront rendus, tandis que le destin, dans son cours nécessaire, est inflexible ; il n'admet pas, avec la foule, que la fortune soit une divinité — car un dieu ne fait jamais d'actes sans règles —, ni qu'elle soit une cause inefficace : il ne croit pas, en effet, que la fortune distribue aux hommes le bien et le mal, suffisant ainsi à faire leur bonheur et leur malheur, il croit seulement qu'elle leur fournit l'occasion et les éléments de grands biens et de grands maux ; enfin il pense qu'il vaut mieux échouer par mauvaise fortune, après avoir bien raisonné, que réussir par heureuse fortune, après avoir mal raisonné — ce qui petit nous arriver de plus heureux dans nos actions étant d'obtenir le succès par le concours de la fortune lorsque nous avons agi en vertu de jugements sains. Médite donc tous ces enseignements et tous ceux qui s'y rattachent, médite-les jour et nuit, à part toi et aussi en commun avec ton semblable. Si tu le fais, jamais tu n'éprouveras le moindre trouble en songe ou éveillé, et tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car un homme qui vit au milieu de biens impérissables ne ressemble en rien à un être mortel.
«
c'est à dire préparer l'avenir, et retrouver la jeunesse du savoir vivre.
Le souvenir de son passé, ce n'est pas
uniquement se souvenir des expériences malheureuses.
On parle souvent du passé pour oublier ses malheurs
présents.
Le plaisir de vivre, ce n'est pas s'écarter de la jeunesse.
Se souvenir des moments de vie heureux du passé
permet de supporter les épreuves de la vieillesse.
La problématique du bien pratique:
Le bien n'est pas une idée transcendante.
ni chimérique.
Le bien est pratique.
Épicure décrit la réalité humaine et le
fondement de la réalité morale.
Épicure ne nie pas la différence entre la pratique et la théorie.
Il sait très bien que
rien n'est plus difficile que de mettre en oeuvre la pratique.
Il ne suffit pas d'énoncer une théorie pour établir la
pratique.
Il y a une difficulté de mettre en place la philosophie épicurienne, bien qu'elle soit fondée sur des éléments simples
et nécessaires : ne pas redouter la crainte de la mort par exemple.
Epicure rend explicites les règles de
l'enseignement de la morale du bonheur.
"Observe" : savoir observer et non pas seulement réfléchir.
Observer
implique une règle d'observation et observer une règle d'observation est déjà une mise en pratique, c'est à dire une
façon de remarquer et d'observer les conséquences.
Pour Épicure on ne peut pas séparer les conséquences de leur
principe.
Il va rappeler à Ménécée les principes d'application morale, "en te convaincant".
Se convaincre, c'est
entendre la vérité.
Épicure souligne la difficulté de l'enseignement de la morale épicurienne, car l'enseignement
implique des fins à atteindre, ce qui peut correspondre pour le disciple à un finalisme moral difficile à atteindre, alors
que la morale repose en vérité non sur des fins mais sur des principes.
Certains interprètes ont pensé que la morale
épicurienne se ramenait à un simple finalisme, c'est à dire atteindre le bonheur serait la fin du bien vivre.
Ce serait
une façon de croire que le bonheur serait d'une certaine manière inaccessible.
En fait, le bien vivre est l'application,
c'est à dire une mise en oeuvre de principes.
Il faut appliquer les principes, les éléments nécessaires pour se diriger
dans la vie.
Il y a une difficulté de la mise en place de la morale du bonheur.
Les principes :
Il y a cinq principes.
Épicure sait qu'il est toujours difficile d'appliquer un principe.
Il ne le définit pas.
Comment entend -on habituellement
un principe ? Un principe est une règle de conduite ou un critère de vérité ou encore une base de réalité.
Un principe
peut être considéré comme un début dans la constitution de son lieu ou un départ dans l'ordre chronologique.
Le
principe est ce qui ouvre et met en perspective.
Il pose le problème du commencement : le principe éclaire-t -il le
commencement ou le commencement éclaire-t -il le principe ? Pour Epicure, un principe serait plutôt un critère de
conduite, ce qui permet de discerner le sens de l'activité morale, l'application de la morale du bonheur.
Epicure
dénonce le conformisme.
Les imaginations mensongères ne sont pas exclusivement, elles ont aussi des conséquences
morales.
Cela explique pourquoi la morale n'est pas fondée sur des opinions arrêtées, mais sur des intuitions.
Le premier principe :
On pourrait appeler le principe théologique de la divinité.
Il sert à préciser la vertu.
La lettre d'Épicure permet de distinguer la notion de divinité, l'idée de dieu, et l'existence des dieux.
Épicure n'est ni
athée ni impie.
La divinité signifie une immortalité bienheureuse.
Le principe de divinité permet d'éclairer et de se défaire de la crainte des dieux, c'est-à-dire des superstitions, des
opinions mensongères sur l'existence des dieux.
Ce principe éclaire la croyance religieuse populaire.
Il s'agit d'éviter
la confusion populaire sur la nature de l'existence des dieux.
Il ne faut pas confondre leur immortalité bienheureuse
et la condition de la vie des hommes.
C'est la fonction de la divinité qui permet de comprendre la nature de l'immortalité et la fonction du bonheur.
Les
dieux nous offrent l'image du bien vivre, c'est-à-dire être heureux.
Le bonheur n'implique pas une transcendance de
l'existence des dieux.
Il faut se défaire de deux images que l'on prête aux dieux : une immortalité, un au delà de la
mort, et le bonheur, un au delà de tout temps.
Les dieux sont simplement immortels et bienheureux dans un présent
divin.
Épicure s'oppose au dieu d'Aristote, le premier Philosophe à affirmer la transcendance de la divinité un dieu
non défini supérieur au hommes.
Pour Épicure les dieux sont seulement extérieurs aux hommes.
Ainsi Épicure montre que l'idée de dieu a un rôle philosophique, expliquant la nature et la fonction de la divinité.
Philosopher, c'est être capable d'entendre cette idée, ce qui permet de comprendre l'existence des dieux.
Il y a une
différence radicale entre les dieux et les hommes, une séparation laquelle correspond à la nature des dieux : leur
béatitude, un bonheur immortel.
L'homme se sait mortel.
Il ne faut pas dépasser les limites, ne pas chercher à imiter
les dieux, mais seulement à utiliser les caractéristiques essentielles de la divinité, celle de l'immortalité bienheureuse.
Les dieux possèdent l'existence, mais les hommes doivent vivre l'existence pour atteindre le bonheur.
L'erreur sur les
dieux provient de la confusion de l'imagination populaire : la foule se trompe sur la nature des dieux et celle des.
»
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