La chimie du chlore
Publié le 10/10/2018
Extrait du document
UN ÉLÉMENT RÉACTIF OMNIPRESENT
On attribue la découverte de l'élément « chlore » au chimiste suédois Carl Wilhelm Scheele (1742-1786). Il s'agit d'un métalloïde de la famille des halogènes. Étant très réactif, on le retrouve, dans la nature, exclusivement sous formes composées : les chlorures. On retiendra notamment le plus important d'entre eux : le chlorure de sodium (NaCl ou « sel de table») qui est absolument nécessaire à de nombreuses formes de vie. Lorsqu'il n'est pas lié à d'autres éléments, le chlore forme la molécule Ci2 (dichlore) qui est un gaz (dans les conditions normales de pression et température) très toxique. C'est sa couleur jaune-verte (en grec choros) qui lui a inspiré son nom. Il s'agit d'un élément omniprésent dans la nature. Particulièrement abondant sous forme de sels (chlorures) présent dans les océans et formant des gisements terrestres, le chlore sous forme de sels et d'acide chlorhydrique (HCI) est également véhiculé par le vent à partir des zones à climat océanique. A très grande échelle, les courants marins sont directement liés à la salinité de l'eau. L'ion chlorure, tout comme les autres constituants des sels marins (NaCI n'est pas le seul) provient de l'altération superficielle des roches. Chaque année, les rivières apportent entre 2,5 et 4 milliards de tonnes de sels dissous dans les océans.
A la surface des océans, l'eau est plus chaude. Elle finit par s'évaporer en y laissant les chlorures. Évidemment l'océan ne devient pas de plus en plus salé au cours du temps, des « puits de sels » permettent en effet de garder un équilibre : une partie sera piégée dans les sédiments, une autre évaporée puis transportée par les vents ascendants.
OBJETS ET USAGES DE TOUS LES JOURS
Le chlore est également présent dans de nombreux objets courants,
allant du médicament au textile en passant par le plastique. Le PVC (polychlorure de vinyle) par exemple est un polymère constitué d'atomes d'hydrogène, de chlore et de carbone fabriqué à l'échelle industrielle depuis plus de 50 ans. Les ceintures de sécurité, les ordinateurs, les cartes de crédits, les câbles électriques... sont autant d'objets contenant du chlore. Chez soi, les détergents pour lave-vaisselle, les poudres à récurer tout comme les désinfectants contiennent aussi du chlore. La natation demeure un loisir populaire et sain en partie grâce à l'action de cet élément aujourd'hui omniprésent et indispensable.
«
alors
réagir avec l'ozone (03) pour le
détruire aux termes de réactions
chimiques qui laisseront toutefois le
chlore présent et lui permettant donc
de détruire d'autres molécules.
Le
• trou d'ozone »
est particulièrement
observable au pôle
Sud en raison d'un
phénomène stratosphérique
particulier appelé
« vortex ».
Celui-ci
favorise la
formation du trou
par l'action de vents tournants qui
transportent le chlore vers les altitudes
� fortes concentrations d'ozone.
C'est
au printemps en Antarctique
(septembre-octobre), quand le soleil
redevient visible, que la destruction de
la couche d'ozone s'effectue chaque
année.
Les émissions de CFC ont pour la
plupart cessé mais ces composés
peuvent demeurer plus d'un siècle dans
l'atmosphère.
UN TIUUTli MENT DES EAUX RtM.viENT
Le gaz dichlore se dissout dans l'eau
suivant la réaction :
Cl2 (gaz) + H20 Cl2 (aq)
Une fois dissous, le dichlore et l'ion
chlorure forment un couple oxyda
réducteur qui possède un potentiel
redox particulièrement élevé :
Cl2 (aq) + 2 e· 2CI-(aq) E·=1,39V
Ce fort potentiel justifie la très large
utilisation du chlore en tant que
désinfectant car il tue les bactéries en
oxydant leur paroi.
Actuellement les
stlltlons de traitement des eaux
utilisent de plus en plus le dioxyde
chlore ou la chloramine � la place du
chlore.
Ceux-ci sont bien plus stables et
ne se dissipent pas, ce qui assure la
désinfection de l'eau jusq u'� ce qu'elle
parvienne au consommateur.
L't\'OLUTION DES USAGES
Face aux normes environnementales de
plus en plus strictes, les industriels ont
dû faire évoluer leurs pratiques.
C'est
pourquoi le dichlore est de moins en
moins utilisé, laissant place � des
composés comme le dioxyde de chlore
et la chloramine, mentionnés précédemment
dans le cadre du
traitement des eaux.
Ces désinfectants
arrivent tous � détruire de façon
satisfaisante les micro-organismes.
Cependan� après réaction, chacun de
ces produits donne naissance � des
sous-produits de désinfection ainsi que
des résidus du désinfectant utilisé.
Chaque méthode a ses avantages et ses
inconvénients.
De manière générale, on
retiendra que le dichlore est le meilleur
biocide des trois et qu'il est très facile à
mettre en œuvre.
En revanche, il
change l'odeur et le goût de l'eau et
forme des sous-produits halogénés tout
en restant moins longtemps efficace.
Le
dioxyde de chlore est quant à lui plus
efficace pour l'inactivation des virus et
ne forme pas de produits halogénés
quand il est bien dosé, mais son
utilisation implique la formation de
chlorite et de chlorate.
La chloramine
ne génère que très peu de sous
produits mais est également moins
efficace que les deux autres méthodes.
Divers procédés de désinfection de
l'eau n'utilisent plus du tout de chlore.
Il s'agit de traitement� l'ozone, par
irradiation aux UV, l'ultrafiltration ou
même certains procédés
électrophysiques.
Néanmoins ces
méthodes sont moins efficaces, plus
difficiles � mettre en œuvre et plus
chères.
Par conséquent ces techniques
ne sont pas employées � grande
échelle, mais souvent pour les piscines
privées.
L'INDUSTRIE DU PAPIER
Celle-ci fait également appel au chlore
en tant qu'agent de blanchiment.
Le
bois préalablement transformé en pitr
va subir un traitement afin de libérer
celle-ci de la lignine pour l'éclaircir.
Ce
traitement était effectué avec du chlore
gazeux seul, mais aujourd 'hui
l'industrie l'utilise généralement en
combinaison avec du peroxyde
d'hydrogène (eau oxygénée) pour des
raisons liées à l'environnement Il reste
touj ours des composés chlorés dans le
papier suite au blanchiment mais ils
sont biodégradables.
CHLORE.
TITANE ET INDUSTRIES
Les industries font grand usage
du dioxyde de titane en tant que
pigment blanc du fait de ses
caractéristiques : blancheur, opacité,
brillance et la durabilité.
Ces pigments
sont retrouvés majoritairement dans les
peintures et les matières plastiques
Propriétés physiques du dichlore
Masse volumique
Densité par rapport à l'air
Température de fusion
Température d'ébullition
Vitesse du son dans le Cl2
Indice de réfraction 3,17
&fl
1,56
-101 °C
-34 oc
206 m/s
1,000768 mais
également dans le papier, les
encres d'imprimerie, les cosmétiques,
les textiles et même les denrées
alimentaires.
Pour extraire ce dioxyde
de titane du •lnertJI bru� les
industriels doivent chauffer ce dernier
avec du carbone et du dichlore afin de
former TiCI, qui sera à son tour chauffé
avec du magnésium gazeux dans une
atmosphère d'argon.
Même sans être,
ici, « dans » le produit fini, le chlore a
son mot� dire.
BIOCIDES ET PRODUITS PHtNOLITIQUES
CHLORtS
Afin de réduire le nombre de micro
organismes et de bactéries on utilise
deux types de produits chimiques : les
agents oxydants et les agents non
oxydants.
Le chlore entre dans la
première catégorie, comme déj� vu
précédemment.
Aprés diffusion à
travers les membranes cellulaires,
l'acide hypochloreux engendre une
réaction d'oxydation avec le cytoplasme
des micro-organismes.
Ceux-ci voient
alors leur production d'ATP (Adénosine
Tri-Phosphate : molécule énergétique)
diminuée.
Étant donné que I'ATP
intervient dans les mécanismes de
respiration, les micro-organismes
meurent asphyxiés.
Les produits
phénolitiques chlorés sont des agents
non-oxydants et n'ont donc pas d'effet
sur la respiration.
La membrane
cellulaire des micro-organismes va les
absorber et ces produits vont ensuite se
diffuser et précipiter des protéines, ce
qui va inhiber la croissance de leur
hôte.
UnliSATIONS n INTOXICATION
À l'hôpital, les applications médicales à
base de chlore sont là encore
nombreuses.
Dans le cadre de la lutte
contre les infections, les composés
chlorés offrent de nombreux avantages.
Ils permettent en effet d'empêcher
la contamination de brûlures et de
plaies par des bactéries, de désinfecter
les plans de travail ainsi que les
équipements de laboratoire et tuent
les bactéries dans les systèmes de
climatisation tout comme dans les
conduites d'eau afin d'endiguer
les risques de léglonrllosr.
Les intoxications au chlore accidentelles
sont fréquentes, aussi bien à la maison
(utilisation de l'« eau de Javel » avec un
acide) qu'en milieu professionnel
(défaut de protection ...
).
Les bronches
et les poumons sont les cibles
principales de ces vapeurs irritantes et
suffocantes, bien que les yeux soient
également affectés.
La victime présente alors
des douleurs lors de la respiration
accompagnées de toux, de nausée et de
vomissement.
Ces symptômes
apparaissent seulement quelques
minutes après l'exposition.
Aucun
traitement spécifique n'existe: la
personne intoxiquée devra être évacuée
� l'air frais dans les plus brefs délais
avant de subir des examens afin de
confirmer un éventuel œdème
pulmonaire.
GAZ DE COMBAT : L1 « GAZ MOUTABDE »
Il s'agit du 2,2-dichlorodiéthyle qui doit
son nom de gaz moutarde� l'odeur
typique de mouttJrdr qui s'en
dégage.
Puissant vésican� il est
également appelé Ypérite en mémoire
de la ville d'Ypres (Belgique) où a eu
lieu la première utilisation militaire de
ce gaz en 1917.
Bien que pouvant être
létal, son effet principal est plutôt d'être
très fortement incapacitant.
Sous forme
liquide ou de vapeurs, l'Ypérite est
extrêmement dangereux.
Au contact du
quelques heures.
liquide,
des
rougeurs
cutanées
apparaissent immédiatement.
Si elles ne sont
pas décon
taminées,
il se forme de
grosses doqurs
au bout de
!:inhalation de l'Ypérite provoque une
inflammation du système respiratoire
qui s'accompagne d'hémorragies.
La
mort peut survenir par noyade due aux
liquides organiques provenant des
tissus pulmonaires détruits de la
victime.
L'ingestion d'aliments
contaminés par l'Ypérite entraîne
nausées, vomissements puis diarrhées
sanglantes.
Le système immunitaire de
la victime déjà trés affaiblie est
également déficient ce qui la rend trés
vulnérable aux maladies infectieuses.
Durant la Guerre du Golfe ce gaz était
encore utilisé.
CANCERS ET SOUS·PIODUm CHLOitS
Afin de désinfecter l'eau, nous utilisons
essentiellement du chlore.
Vu les
concentrations employées, ces
désinfectants en eux-mêmes ne
suscitent aucune inquiétude pour la santé
humaine.
En revanche, leurs
utilisations provoquent l'apparition de
sous-produits qui, à fortes doses,
peuvent engendrer jusqu'à des tumeurs
chez des animaux de laboratoire.
Seules de très fortes doses semblent
perturber la reproduction de ces
animaux.
Sur l'homme, certaines études
indiquent que les sous-produits chlorés
pourraient induire des ctJncrrs de la
prostate, du colon et du rectum.
D'autres études n'apportent, en
revanche, aucune preuve convaincante
de la nocivité de la chloration de l'eau.
!:Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) a fixé des doses maximales
admissibles pour quasiment tous les
désinfectants ainsi que leurs sous
produits.
Deux critères majeurs
contrôlent les effets potentiels sur la
santé de l'homme : la concentration de
ces sous-produits dans l'eau et la durée
d'exposition de l'homme� celle-ci.
Cependant il est difficile de quantifier
ces critères tout en prenant en compte
tous les facteurs de risque possibles.
Les résultats des études sur les
populations humaines sont insuffisants
e� de plus, difficiles à interpréter.
La
désinfect ion est nécessaire pour
protéger la population des maladies
transmissibles par l'eau et aucune
étude n'a apporté de preuves
suffisantes quant à la nocivité des sous
produits chlorés.
Le Programme
International sur la Sécurité Chimique
{IPCS, programme dérivé de l'OMS,
créé en 1980) postule donc que la
désinfect ion ne devrait jamais être
compromise dans le but de contrôler
les sous-produits.
Toutefois des
mesures doivent êtres prises afin de
limiter les possibles influences néfastes
liées à leur exposition.
PLAN YIGIPIIAR
En temps normal la concentration de
chlore adaptée à notre réseau d'eau
potable est fixée à au moins 0,1 m&fL �
sa sortie de réservoir.
En raison des
risques terroristes cette concentration a
été multipliée par 3 ; cela implique une
concentration minimale de 0,3 mg/L en
tout point de réseaux de distribution
desservant au moins 10000 habitants.
t:OMS considère que toute
concentration de chlore inférieure à
5 m&fL est sans risque pour la santé.
Cette mesure n'a de plus pas vocation
à être définitive..
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